Jean Germain : La mort s’est invitée au tribunal

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Il y a des procès qui resteront dans les annales du tribunal de Tours. Tous les regards étaient tournés aujourd’hui vers le tribunal correctionnel. Ce premier jour d’audience de l’affaire des « mariages chinois » a pris une tournure dramatique. La machine judiciaire a eu raison de l’ancien premier magistrat de la ville. Jean Germain s’est suicidé ce matin. Retour sur une matinée pas comme les autres…

   

9h15 : Les avocats arrivent les uns après les autres. Beaucoup viennent de Paris, valise à la main. Lise Han arrive ainsi que Maître Chautemps, son conseil. Les caméras et appareils photos font aussi leur entrée… Les dossiers et leurs milliers de pages forment des tas, symboles d’une importante procédure et d’une affaire commencée en 2011.

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9h30 : Jean Germain n’est toujours pas arrivé. Serge Babary entre. La ville de Tours s’est portée partie civile dans cette affaire. L’huissier demande de couper les téléphones. Les médias arrivent au fur et à mesure. L’atmosphère devient pesante. Lise Han est assise, le visage de marbre. L’appel est fait par l’huissier. « Jean Germain ! ». Personne ne répond. L’ancien maire de Tours est bien absent en ce début d’audience… La salle est à moitié vide. « Le tribunal constate l’absence de Jean Germain ». Son conseil se lève et dit d’un ton grave « qu’il a disparu en laissant une lettre d’adieu». Tout le monde se regarde. L’inquiétude se lit sur les visages. « Je suspends l’audience » annonce la présidente du Tribunal. Le procès des mariages chinois vient de prendre une tournure inattendue…

« Je suis bouleversé et très inquiet, j’espère que l’on va le retrouver vivant ! » l’air inquiet et la voix basse, Maître Tricaud s’adresse à la myriade de journalistes. Les minutes passent… Les gens font les cent pas dans la salle des pas perdus.

10h25 : Me Tricaud lit une lettre retrouvée dans le véhicule du Sénateur. Lettre semble-t-il apportée par son épouse. « Le Ministère Public va requérir à mon encontre pour des raisons politiques. Je peux reconnaître avoir manqué de discernement. Il est impossible pour moi d’accepter cette forfaiture rendue possible par Madame HAN. Je ne peux accepter les mensonges peureux de Jean-François Lemarchand. L’injustice et le déshonneur sont insupportables. Je n’ai jamais détourné un centime et j’ai toujours œuvré au bonheur des tourangeaux. Je laisse ce courrier à mes proches… ».

Tout le monde attend. Les visages sont sombres et inquiets.

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11h05 : Maître Tricaud appelle à lui, l’un des conseillers parlementaires de J. Germain. Ils s’isolent et se prennent dans les bras. Que se passe-t-il ? Un journaliste croit savoir que l’on vient de retrouver le sénateur mort dans son jardin.

11h10 : Tous les avocats sont appelés par la présidente à l’arrière du tribunal.

11h20 : Le vice-procureur Bruno Albisetti demande aux caméras d’arrêter de tourner. On attend le tribunal. La cloche sonne. L’audience reprend. La parole est au procureur : « Je requière de renvoyer le procès à une date ultérieure… ». « Le renvoi sera prononcé par le tribunal en raisons de circonstances insurmontables » ajoute la présidente. Le contrôle judiciaire est prononcé à l’encontre de Lise Han. Les autres prévenus le sont également.

Maître Chautemps prend la parole. « Cette affaire a fait beaucoup de dégâts … !  Je vous demande de constater que le contrôle judiciaire n’a pu lieu d’être car Mme Han est présente aujourd’hui ». Nous recevons une alerte de nos confrères de la NR sur nos smartphone : « Jean Germain retrouvé mort ». La justice poursuit son cours… Maître Chautemps continue de plaider. S’en suivent alors les demandes des conseils des autres prévenus. Nous vivons à ce moment là une situation ubuesque. Tout le monde est au courant de la mort de Jean Germain mais cela n’a pas été évoqué officiellement ni par le procureur ni par la présidente. Le tribunal se retire pour délibérer.

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11h50 : Maître Tricaud improvise une conférence de presse sur les marches de la salle 17, la salle d’audience. « Jean Germain est mort !. Il y a eu un plan concerté pour sa mise à mort politique. Ceux qui se sont lancés dans ce dessein sont allés au-delà de leurs espérances. La presse, le parquet, vous êtes responsables de sa mort !!! ». Les mots sont durs et ils font mouche.

12h15 : Le tribunal renvoie l’affaire au 13, 14 et 15 octobre. Tous les prévenus sont maintenus sous contrôle judiciaire. « L’audience est levée ! ».

Aujourd’hui au Palais de Justice de Tours, la mort avait rendez-vous avec le glaive froid de la justice…

Illustrations de Titwane

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