Franck Gagnaire : « Ce n’est pas une primaire pour désigner le perdant de l’élection présidentielle ».

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Quelques semaines après la droite, c’est au tour du Parti Socialiste d’avoir le regard fixé sur ses Primaires de la prochaine élection Présidentielle. Celles-ci se dérouleront les 22 et 29 janvier prochains, avec comme enjeu pour le Parti Socialiste, amputé de la plupart de ses alliés traditionnels, de dégager un candidat suffisamment rassembleur pour porter un projet audible. A un peu plus d’un mois de cette échéance, en Touraine, le PS se met en marche, avec aux manettes Franck Gagnaire (au centre ci-dessus), le premier secrétaire adjoint du parti à la rose en Indre-et-Loire.

«  Il y a bien sûr la crainte d’être dans une impasse mais aussi et surtout la volonté de s’en sortir ».

L’organisation technique des « Primaires citoyennes de la gauche » est désormais quasiment actée. Avec 60 bureaux de vote répartis en Indre-et-Loire, dont neuf à Tours, le parti Socialiste espère mobiliser un nombre conséquent d’électeurs. Un scrutin, sorte de préliminaire interne à la grande échéance présidentielle du printemps 2017, qui sera observé, le rapport de force entre la droite et la gauche s’écrivant déjà ici. Avec plus de quatre millions de votants, la primaire de la droite a marqué les esprits. A gauche, on veut aussi faire de cette primaire le départ d’une dynamique devant se poursuivre jusqu’en mai, voir juin pour les Législatives. La situation est néanmoins plus complexe et le climat moins propice à une grande mobilisation. Mélenchon (FDG), Macron (En Marche), Jadot (EELV) ou encore Pinel (PRG), sont autant de candidats de gauche s’étant lancés hors de cette primaire. Le rassemblement voulu au départ s’en retrouve d’autant réduit. En interne, si les candidatures à la primaire se succèdent également, l’atmosphère a déjà été plus sereine. Pour autant, Franck Gagnaire l’affirme : « Ce n’est pas une primaire pour désigner le perdant de l’élection présidentielle ». Conscient que la gauche dans son ensemble ne part pas favorite, le trentenaire reste persuadé que tout est possible, à condition d’y croire : «  Il y a bien sûr la crainte d’être dans une impasse mais aussi et surtout la volonté de s’en sortir ».

« Il faut sortir du schéma de l’homme providentiel ».

Pour le premier secrétaire adjoint de la fédération socialiste d’Indre-et-Loire, « face à une droite dure, le champ des progressistes est grand, il y a une responsabilité qui pèse sur la gauche pour contrer ce choix de la régression opéré par la droite. La gauche c’est la marche en avant, l’émancipation et le progrès » clame-t-il. Un discours que les électeurs auront du mal à croire sur parole, les cinq années de Hollandisme risquant de laisser des stigmates auprès d’un électorat qui avait placé sa confiance envers le candidat socialiste en 2012. « Si on regarde le bilan de François Hollande, tout n’est pas mauvais. Le déficit a été réduit par exemple. Pour moi, le seul reniement aux valeurs de gauche c’est la déchéance de nationalité. François Hollande s’en est d’ailleurs expliqué. Pour le reste, il y a surtout beaucoup de maladresses et un manque de communication. La politique de l’offre qui a été proposée doit être accompagnée d’un effort de justice fiscale, or, ce volet a été beaucoup plus discret, alors qu’il y a eu des choses de faites également ». Un bilan présidentiel tempéré donc pour Franck Gagnaire, mais insuffisant pour envisager une nouvelle candidature du Président sortant : « Il en a pris conscience et sa décision est courageuse » poursuit notre interlocuteur. «  Sa non-candidature est également un signe qui montre qu’il faut sortir du schéma de l’homme providentiel qui ne peut apporter que de la déception ».

Et si le mal des institutions de la Ve République, qui plus est sous quinquennat, était justement de trop placer, à tort, les candidats comme d’éventuels sauveurs potentiels de la Nation ? « Il y a un appauvrissement du débat politique, à cause justement de l’hyper-personnalisation des débats qui fatigue les électeurs. Je ne crois pas que les Français se désintéressent de la politique comme on l’entend parfois, seulement ils attendent que les débats reprennent un peu de hauteur » explique celui qui verrait d’un bon œil un rééquilibrage des institutions en faveur du Parlement, pour justement atténuer cette personnalisation du débat politique.

« Je ne crois pas dans la théorie des gauches irréconciliables »

Mais pour l’heure, cette question d’ego touche fortement la gauche, de Mélenchon à Macron,  et conduit à des oppositions tranchées et fermes, y compris au sein du camp socialiste, entre Montebourg et Valls pour ne citer que les plus emblématiques. « Je ne crois pas dans la théorie des gauches irréconciliables, parce qu’il y a des valeurs d’humanisme et de progrès en commun. En revanche il y a des leaders qui paraissent irréconciliables en effet ». Alors, le système de primaires ne renforce-t-il pas artificiellement un peu plus ces oppositions de politiques pensant toutes et tous être le ou la candidate providentiel(le) justement ? « Personne ne peut gagner tout seul. Il peut y avoir en revanche des débats d’idées sur le projet à proposer. Le rôle de la Primaire est justement de trancher ce débat ». Un débat qui sera tranché si un candidat sort vainqueur de cette primaire avec une avance confortable. De quoi permettre un large rassemblement dans la foulée, d’autant plus que le calendrier sera court derrière, jusqu’au premier tour des élections présidentielles. « Je ne pense pas que le calendrier pose un problème. Dès la primaire terminée, je n’ai aucun doute sur le fait que tout le monde se rallie au vainqueur et que le rassemblement se fasse de lui-même» avance le socialiste. Un rassemblement qui à l’heure actuelle se fera au simple sein du Parti Socialiste, dans le cadre de la Belle Alliance Populaire, et le candidat qui en sortira devra tout de même faire avec d’autres candidatures à gauche.

Quoiqu’il en soit, en Indre-et-Loire, le rassemblement se fera par l’intermédiaire des plus de 900 militants de la fédération du PS 37. Cela débutera par l’organisation de la Primaire le mois prochain pour laquelle Franck Gagnaire a réparti les 60 bureaux de vote en privilégiant le maillage du territoire : « l’expérience de 2011 nous a montré que plutôt que d’essayer d’avoir le plus de bureaux de vote possible, il vaut mieux réfléchir à une bonne répartition pour qu’il y ait le plus possible d’électeurs ». Avec autant de votants qu’il y a 5 ans (environ 2,7 millions en France), la dynamique serait enclenchée. Reste un mois aux candidats pour convaincre et inciter les électeurs à se déplacer.

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