Exclue du groupe LREM, la députée Sabine Thillaye assume ses choix

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Mercredi, la députée d’Indre-et-Loire Sabine Thillaye a été exclue du groupe LREM à l’Assemblée Nationale. Une décision qui met fin à un imbroglio interne à la majorité présidentielle, suite au refus de Mme Thillaye de démissionner de la présidence de la Commission des Affaires Européennes…

Pour la députée de la 5e circonscription d’Indre-et-Loire, les derniers mois ont été rudes. En coulisses, la bataille a fait rage avec son groupe parlementaire de La République En Marche. Après avoir tenté à plusieurs reprises de la joindre, c’est finalement jeudi soir, au lendemain de l’annonce de son exclusion du groupe LREM de l’Assemblée Nationale, que nous avons réussi à l’avoir.

« Un groupe politique ne peut pas imposer ses règles à la République. »

 « Je suis un peu effarée que les logiques d’appareil et les placements de personnes prennent le pas sur la logique de travail » attaque-t-elle d’entrée, tout en assumant pleinement ses prises de positions et en dénonçant le fonctionnement « très vertical » de LREM à l’Assemblée Nationale : « Un groupe politique ne peut pas imposer ses règles à la République. Ils n’ont pas accepté que je place les institutions républicaines au-dessus de celles du groupe. »

Les règles du groupe justement, ce sont celles que les élus de La République En Marche avaient validé en début de mandat, afin de « pratiquer la politique autrement. » Parmi celles-ci, il y avait notamment l’engagement moral du « renouvellement à mi-mandat » des postes clés, comme les présidences de commissions. « C’est Richard Ferrand qui avait lancé cette volonté de renouvellement en juin 2019 alors que cela ne figurait sur aucun programme. Le groupe politique l’a acté, mais moi je n’ai pas pris cet engagement contrairement à ce qui a été écrit. J’ai toujours dit que la commission des Affaires Européennes n’était pas concernée par cela. »

Et pour se justifier, la députée pointe la particularité de la Commission des Affaires Européennes avec de nombreuses relations tissées à l’étranger ou encore le fait que ce soit une commission non-permanente, non soumise à un renouvellement annuel des postes comme le sont les huit grandes commissions permanentes.

Reste le fait, qu’en se refusant de se plier aux positions collectives de LREM, Sabine Thillaye est partie au clash avec son parti et s’en est mise en marge. En juillet, le groupe LREM choisissait ainsi Pieyre-Alexandre Anglade, député des Français de l’étranger, pour la remplacer, lors d’un scrutin interne auquel elle n’a pas voulu participer.

Une élection finalement inutile, tant que la députée d’Indre-et-Loire refuse de quitter son poste de présidente. C’est pour sortir de cette situation délicate pour toutes les parties que des réunions de conciliation se sont tenues, sans aboutir donc.

Une fin de mandat en solitaire ?

Pour La République En Marche, le coup est rude, car le parti de la majorité perd avec l’exclusion de Sabine Thillaye, la présidence d’une commission qui si elle n’est pas celle avec le plus de pouvoir, est néanmoins une commission importante et symbolique pour ce parti europhile.

Pour Sabine Thillaye, si on regarde le verre à moitié plein, on pourrait se dire qu’elle a réussi à conserver son poste. En revanche si on regarde le verre à moitié vide, on se dit que la fin de mandat risque d’être difficile en l’absence du soutien de la majorité. Le risque de se retrouver isolée existe. Pourtant là-encore, quand on l’interroge sur le sujet, Sabine Thillaye se montre sûre d’elle : « J’ai plus de soutiens que l’on puisse l’imaginer, y compris venant d’autres partis. »

Et en évoquant les travaux à venir pour elle et sa commission, Sabine Thillaye d’énumérer pour pour convaincre de la non-importance de son exclusion  : « J’ai construit des réseaux au niveau européen. Il faut préparer la présidence de la France au Conseil Européen en 2022, nous allons être impliqués dans celle de l’Allemagne cette année. Il y a aussi le travail sur les relations franco-italiennes. Il y a des choses qui se passent et je ne comprendrais pas la finalité de vouloir perturber le fonctionnement de la commission pour une seule personne. »

Sabine Thillaye se retrouve dans une position plus fragile avec cette exclusion qui pourrait même peser lourd pour la suite de sa carrière politique et les prochaines élections législatives de 2022 : « Je pense qu’on ne va pas me faciliter la vie mais au final, qu’il y ait ré-investiture pour un mouvement ou pas, ce sont les électeurs qui décideront. »

Et la députée de bien faire la part des choses et notamment le distinguo entre le groupe parlementaire et le parti présidentiel. « Je reste membre du mouvement LREM car je n’ai pas de souci avec » dit-elle tout en saluant les Marcheurs d’Indre-et-Loire. Un échange de bon procédé, En Marche Touraine ayant préalablement donné son soutien à la députée. Ainsi pour Philippe Peruchon, le référent du parti présidentiel dans le département : « Sabine Thillaye est plus que jamais imprégnée de l’ADN initial d’En Marche, elle garde toute sa place dans le mouvement et reste totalement investie pour la réussite de la politique initiée par notre président et son gouvernement. » Au-delà du simple cas de Sabine Thillaye, cet épisode pourrait ainsi constituer une belle épine au sein de la Macronie, avec des instances locales se dédouanant de celles parisiennes…

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