Au Zénith d’Orléans mardi 7 mars, 48 heures après le rassemblement de soutien du Trocadéro, François Fillon a tenté de retrouver son propre zénith. Devant environ 2.500 personnes, entouré de ses soutiens locaux, et de centristes revenus, le candidat à la présidentielle très affaibli a déroulé le programme de sa reconquête.
Une partie du public du meeting de François Fillon, au Zénith d’Orléans le 7 mars.
« Passer outre, je vous prie ! ». C’est en citant le procès de Jeanne d’Arc – à Orléans, comment pouvait-il en être autrement ? – que François Fillon a débuté son meeting au Zénith. “C’est à ces mots que je pense aujourd’hui. Passer outre les attaques !”. Un meeting dont on doutait jusqu’à la veille qu’il puisse se tenir, tant la semaine passée fut éprouvante pour le candidat des Républicains à la Présidentielle. Mais entre temps, il y eu ce dimanche de carême où, au Trocadéro, le Golgotha commença à se transformer en résurrection. C’est probablement ce qu’il veut croire lui-même, et ses soutiens locaux, la foi chevillée au corps, ont fait le job pour chauffer la salle, Serge Grouard en tête. « Il y a urgence !», a déclaré celui qui a bien failli s’y retrouver, au regard de la folle semaine du 1er mars, temps à giboulées. « C’est maintenant, c’est possible. C’est pour vous et vos enfants, c’est pour la France ! », a-t-il clamé. Environ 2.500 personnes – très majoritairement des sexagénaires et plus – quelques jeunes « étudiants, avec Fillon » pouvait on lire sur des tee-shirts, sont venus agiter les drapeaux. Des drapeaux tricolores, « une vague immense, une vague tricolore qui était là », évoquait le survivant du Trocadéro.
“Mon diagnostic est lucide, mes solutions réalistes”
(c) Marie-Line Bonneau.
« J’ai des devoirs vis-à-vis de vous », a poursuivi le soldat Fillon, « vis-à-vis des projets que nous portons ensemble ». Appelant désormais au « rassemblement », invitant « nos partenaires centristes à rejoindre la campagne » (combien seront-ils ?), François Fillon a ensuite déroulé le programme, à grandes enjambées, de la reconquête. Suppression des 35 heures, suppression de toutes les normes écrasantes pour les agriculteurs, 40 milliards d’euros de baisse de charges avec pour effet immédiat la revalorisation des bas salaires et des petites pensions de retraites, augmentation progressive de l’âge de la retraite à 65 ans, réduction des effectifs publics de 8 % (« c’est raisonnable », a-t-il dit)… « Je suis le seul à dire la vérité. Tous les autres prennent les fonctionnaires comme une clientèle électorale. Mon diagnostic est lucide et mes solutions réalistes », a-t-il ajouté, s’érigeant ensuite en « seul rempart contre Marine Le Pen ». Sans penser – ou feignant de l’avouer – qu’en cas de non qualification pour le second tour le 23 avril prochain, son public pourrait bien être tenté par le dîner du diable.
Une campagne comme un carême
F. Fillon à son arrivée au Zénith d’Orléans.
Fort d’attaques contre ses adversaires – J-L. Mélenchon, B. Hamon, et copieusement sifflé, E. Macron – François Fillon a eu deux mots qui sont apparus comme du miel pour la salle du Zénith qui n’était pas venue applaudir Johnny Halliday : proposition d’une tenue uniforme à l’école, et protection de la famille, « que des idéologues voudraient casser ». À l’applaudimètre, de loin le plus fort.
Reste maintenant à recoller les morceaux d’une droite et d’un centre en miettes, disséminés façon puzzle, faire oublier les 40 jours tumultueux qui viennent de passer pour tenter une montée vers Pâques dans la lumière d’une résurrection très incertaine. Mais avant cela, il y a la croix et les clous ; on n’ose imaginer la scène… Une traversée du désert, avec le peuple d’une droite désormais visible. Un vrai carême, en quelque sorte.
F.Sabourin.
Un degré en plus : Un petit concert de casseroles, au Zénith d’Orléans
À l’appel de “La France insoumise” (Jean-Luc Mélenchon 2017), Jean-Marie Boutiflat et une petite vingtaine de militants ont fait entendre des bruits de casseroles, en marge du meeting de François Fillon au Zénith. Pas assez pour troubler le bataillon de sexa et septuagénaires venant en petites grappes applaudir leur champion durement éprouvé par ses casseroles. Avant de ramasser une gamelle ?