Retour sur la visite d’Emmanuel Macron, ce vendredi, en Touraine.
Il est 10h au domaine de la Bourdaisière quand Emmanuel Macron arrive. Entouré de sa garde rapprochée et des ténors du mouvement En Marche en Touraine, Philippe Chalumeau et Jean-Jacques Filleul en tête, le candidat à la Présidentielle débute son voyage de quelques heures en Touraine. Parmi les locaux, le député socialiste de la circonscription, Jean-Marie Beffara est présent pour accueillir le candidat. Parmi les soutiens d’E.Macron, Françoise Amiot, tous sourires, est présente aussi pour soutenir son nouveau « poulain » à la Présidentielle, Thomas Quiene, membre du staff local d’En Marche est là pour assurer aussi le bon déroulé de la visite.
Sous un soleil hivernal frais mais idéal pour les images, entouré d’une meute de journalistes locaux, nationaux voire étrangers, Emmanuel Macron débute l’ascension qui mène au château de la Bourdaisière et à la ferme d’avenir située sur les hauteurs. Une allure de figure « mitterandienne » diront certains, que l’ancien ministre de l’Economie renforcera un peu plus tard, prenant de la hauteur en grimpant sur un tumulus. L’image omniprésente et devenue si primordiale dans ce genre de campagnes, impose son diktat. Parmi la 60aine de journalistes présents lors de cette visite presse, une dizaine vient directement du staff d’En Marche. Equipes audiovisuelles, militants téléphones en main pour des lives Facebook, Snaphchat, Instagram et autres réseaux sociaux, le staff Macron se fond dans la masse des journalistes pour livrer eux-mêmes, commentaires à l’appui, le récit de la visite de leur candidat sur leurs canaux propres.
Rien n’est laissé au hasard et peut-être encore plus qu’ailleurs, tout semble minutieusement orchestré pour préparer la rencontre d’un « homme avec le peuple de France ». Plutôt que Mitterrand certains préfèrent ainsi prêter à Emmanuel Macron un destin à la De Gaulle, avec toujours cette fameuse symbolique de la Ve République, d’homme providentiel.
Emmanuel Macron se glisse dans les habits de présidentiable et le fait bien. Charismatique, à l’écoute, le sourire constant, le candidat « ni gauche, ni droite » profite d’une dynamique interne et externe, entre une gauche divisée et une droite empêtrée dans l’affaire « Pénélope Fillon ». De quoi envisager et espérer être au second tour face à Marine Le Pen, avec à la clé une victoire.
Oui mais pour cela, la stature médiatique et le charisme ne suffiront pas. Attaqué pour son manque de programme, Emmanuel Macron fait pourtant front et l’annonce : « On sème les graines depuis décembre et celui-ci sera dévoilé début mars, l’heure est aux réflexions thématiques ».
Chaque semaine, son thème. Cette semaine était consacrée à l’écologie et au développement durable, d’où cette visite à la ferme d’avenir de la Bourdaisière. Emmanuel Macron y suit et écoute quasi-religieusement Maxime de Rostolan, le créateur de la ferme, lui expliquer la nécessité d’une prise de conscience, de repenser l’agriculture, du bien-fondé de la permaculture, du bio… acquiesce de la tête, répond par quelques mots. Puis la visite se poursuit avec son flux de journalistes se hâtant pour trouver une place au plus près du candidat, quitte à piétiner, parfois, les terres cultivables, malgré les demandes à la vigilance répétées de l’agriculteur.
S’il fallait comparer la présence médiatique autour d’un candidat pour juger de la dynamique de ce dernier, Emmanuel Macron serait sans contestation en bonne position. Un climat médiatique favorable, bien entretenu par une équipe de campagne efficace, que le candidat entretiendra lors du point presse de la fin de visite. «Quand on rassemble des militants, des supporteurs sur des sifflets, on les rassemble pour son plus grand malheur. Il faut rassembler les gens sur un projet. Ce que je constate, c’est que François Fillon n’a pas de projet, c’est d’ailleurs pour ça qu’il est dans l’invective permanente», déclare-t-il ainsi en réponse à une question sur le fait que Jean-Pierre Rafarin a fait siffler des journalistes la veille lors du meeting de François Fillon à Poitiers. «La justice, les journalistes, construisent une relation critique avec celles et ceux qui s’expriment chaque jour. On ne peut prétendre aux plus hautes fonctions de la République en considérant qu’on doit être un intouchable de la presse et qu’on est au-dessus de la justice, ça ce n’est pas possible».
Mais une visite de campagne ne pouvait se limiter à une visite réservée à la presse. La Bourdaisière quittée, c’est donc vers le centre commercial des Atlantes qu’Emmanuel Macron s’est rendu pour une séance dédicace de son livre « Révolution ». Un endroit stratégique là-encore, volontairement choisi, pour l’image d’un candidat populaire. Et le staff d’En Marche ne s’était pas trompé puisque plusieurs centaines de personnes (200-300) se sont présentées devant le candidat, échangeant quelques amabilités d’usage, prenant des selfies, se faisant dédicacer un livre par un Emmanuel Macron toujours souriant et accessible… idéal pour entretenir l’image d’un candidat bienveillant.
Crédits photos : Pascal Montagne pour 37°