Elections régionales : les signaux envoyés par les électeurs seront-ils entendus ?

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Au terme d’une lutte serrée avec la liste de Philippe Vigier (Républicains-UDI-Modem), François Bonneau et ses colistiers ont emporté la région Centre-Val de Loire hier soir à l’issue du second tour des élections régionales. Avec moins de 10 000 voix d’avance, le président socialiste conserve dans la douleur une région à gauche depuis 1998. Une victoire dans la douleur mais inespérée il y a encore peu. Une élection régionale qui aura été riche en enseignements avec des signaux forts envoyés par les électeurs. Gageons que les élus les ont entendus.

L’abstention en baisse mais…

Le premier tour dimanche dernier avait classé le FN en tête en région Centre avec la possibilité réelle de l’emporter au soir du second tour. Cet élément fut sans doute l’une des principales raisons de la hausse de la participation hier. Avec 59,22 % de votants en région Centre, il y a bien eu un sursaut républicain de la part d’électeurs qui ont pris l’habitude de bouder les urnes, élections après élections. Il n’en reste pas moins de 40% qui se sont abstenus, signe du mal démocratique qui veille sur la Ve République. Il faudra bien plus que le simple risque de voir l’extrême droite arriver au pouvoir pour mobiliser d’avantage. Une véritable défiance à l’égard des institutions et des élus est bel et bien présente. La hausse du Front National, qui à chaque élection se rapproche un peu plus du pouvoir, et une forte abstention devenue presque ancrée comme norme montrent une véritable coupure entre la population et ses représentants. Ces derniers ne peuvent plus se contenter de vieilles recettes usées, sous peine de voir la crise républicaine s’enfoncer encore plus, jusqu’au point de non retour.

Le FN s’installe dans le paysage régional

Conséquence de cette crise républicaine : la percée du FN dans la région. Avec un score proportionnellement moindre qu’au premier tour (30% contre 30,49%) mais avec 36 000 électeurs en plus en une semaine, le FN a montré qu’il était désormais une force politique majeure, capable de dépasser le simple coup d’éclat sans lendemain, y compris dans une région jugée plutôt modérée. Si dans les grandes villes, le parti d’extrême-droite peine à percer, son score dans les zones rurales doit interroger. L’impression d’abandon de la population rurale est bel et bien réelle avec à la clé une ligne de fracture sociale et sociétale entre la France des villes et celles des champs. Le FN l’a bien compris et a axé sa campagne à grand renfort de discours démagogiques mais efficaces, sur ce sentiment d’abandon des zones rurales.

La victoire modeste des élus de gauche

Si la joie était au rendez-vous, au vu des circonstances de ces élections, les élus de gauche avaient le triomphe modeste hier soir. Jean-Patrick Gille expliquait avoir entendu que l’élection de signifiait pas « un satisfecit des électeurs » et évoquait « une responsabilité forte à tous les niveaux y compris dans l’action gouvernementale ». Même son de cloche du côté de Pierre Commandeur pour qui : « Il faut rester modestes et entendre ce qu’ont exprimé les électeurs. L’un des enjeux de ce mandat va être de rapprocher la région de la population. Il va falloir également que les élus nationaux prennent en compte cette attente pour ne pas aller vers une catastrophe démocratique en 2017″. Le PRG dont la représente Mélanie Fortier est de nouveau élue sur la liste de François Bonneau, écrivait de son côté : « Dès le début de l’année 2016, il sera nécessaire de repenser l’action politique, d’agir vers plus de démocratie participative […] Il faudra aussi aller à la rencontre de cette jeunesse porteuse de revendications et aussi d’espoir afin de lui donner toute sa place dans des politiques régionales tournées vers son avenir ». Des paroles qui devront rapidement être suivies d’actes. Si ce n’était pas le cas, les électeurs ne le pardonneront certainement pas une nouvelle fois…

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