Il reste moins d’un an avant les élections municipales et le casting reste encore très incertain à Tours. D’abord, l’actuel maire écologiste Emmanuel Denis n’est pas encore officiellement candidat à sa succession. Surtout, en face, 3 à 5 hommes sont intéressés pour mener la principale liste d’opposition rassemblant les courants de la droite et du centre. Réussiront-ils à s’entendre pour une candidature commune et qui pourrait être en tête de liste ? On va faire le point sur les profils…
Christophe Bouchet, l’opiniâtre

Maire de Tours de 2017 à 2020, l’ancien journaliste, grand connaisseur du monde du football, est aujourd’hui conseiller municipal d’opposition et ne manque jamais une occasion de s’écharper avec son successeur. Ses sujets de prédilection : l’itinéraire de la ligne B du tram qu’il trouve inadapté aux besoins ou encore la politique d’urbanisme (il estime que beaucoup de choses lancées avant 2020 ont été mal revues ou tristement abandonnées). De sensibilité centriste, l’homme de 62 ans a l’avantage de bien maîtriser les dossiers et les arcanes du pouvoir grâce à de bons réseaux à Tours et en dehors. C’est aussi un homme assez mesuré, qui privilégie les arguments aux discours tapageurs et populistes. Cependant, il n’a jamais réussi à remporter une élection sous son nom propre et peine à attirer la sympathie populaire.
Benoist Pierre, l’aspirant

3e du 1er tour des Municipales 2020 avec sa liste de sensibilité macroniste, il a été forcé de se ranger derrière Christophe Bouchet au 2e tour afin de créer une force capable de battre la gauche. Depuis, l’universitaire de 56 ans, spécialiste de l’histoire, multiplie les longues diatribes au conseil municipal avec un style de plus en plus offensif envers la majorité, et des idées qui penchent de plus en plus vers la droite au fil des mois (il parle désormais énormément de sécurité ou de politique pro-voitures). Officiellement candidat à la candidature pour une liste d’union du centre et de la droite, il a gagné en notoriété et en respect en se déclarant candidat de la majorité présidentielle lors des élections législatives anticipées de l’été 2024. Battu par la gauche au 2e tour, il a fait un score honorable pas forcément attendu si haut ce qui n’a fait que renforcer son ambition.
Olivier Lebreton, l’ambitieux

Adjoint au maire chargé de la sécurité de 2014 à 2020, le conseiller départemental de 51 ans est fondateur de l’association Tours Mérite Mieux dont le nom et l’esprit sont inspirés des mouvements anti-Anne Hidalgo à Paris (en particulier le hashtag #saccageparis sur le réseau social X). Très présent sur les réseaux sociaux, c’est le candidat qui utilise le plus les codes actuels de communication mais aussi celui qui verse le plus vers les raccourcis faciles quand il s’agit de critiquer le maire. Plutôt bonhomme et accessible aux yeux du grand public, responsable des ressources humaines, des sports, de la vie associative et du devoir de mémoire au Département, il peine néanmoins à transmettre une réelle vision de ce que pourrait être une évolution de la ville sous sa direction.
Thibault Coulon, le disruptif

Vice-président de Tours Métropole en charge du développement économique, c’est actuellement le seul à avoir des responsabilités réelles au sein de l’agglomération. Un poste qu’il occupait d’ailleurs déjà lors de la précédente mandature, et qu’il a récupéré à la faveur de l’ouverture aux oppositions municipales accordée par Frédéric Augis au moment du remaniement de l’état-major de la Métropole. Reconnu comme sérieux sur ses dossiers, plutôt mesuré dans ses propos, ce haut gradé de la société Sopra Steria pâtit néanmoins depuis toujours de sa proximité avec la droite conservatrice. Mais plutôt habile, il réussit à gommer cette image au profit de celle d’un élu au soutien des entrepreneurs. Malgré tout, il peine à rassembler y compris à droite, car trop marqué sociétalement.
Henri Alfandari, l’invité

Le député Horizons de la 3e circonscription d’Indre-et-Loire pourrait aussi être intéressé par le poste de maire de Tours, alors même que son territoire électoral actuel n’englobe aucun quartier de la ville et qu’il n’a pas particulièrement d’activité locale. S’il a une certaine notoriété du fait de son poste national, et de sa propension à mener des combats qui parlent au grand public comme le projet de suppression des zones à faibles émissions interdisant les véhicules les plus polluants du centre-ville, son apparition dans l’équation pourrait créer davantage de problèmes que de solutions, l’exposant à des critiques de parachutage et multipliant le risque d’une unité de façade forcée, d’autant plus que sa candidature semble être appuyée par les instances nationales de son parti, au détriment donc des équilibres locaux déjà en place…
Et alors ce sera qui ?
Selon les dernières informations c’est une commission indépendante qui devrait prendre la décision en auditionnant les différents candidats aspirants et en étudiant à la fois la situation politique locale, les projets de programmes ou encore les positions nationales des partis. Ce qui est sûr, c’est que tout le monde sait que la victoire serait très complexe s’il n’y a pas d’union de la droite et du centre dès le 1er tour. La tendance à des alliances s’observe d’ailleurs dans d’autres villes, comme Blois. Enfin, on ne manquera pas de noter qu’aucune femme ne se monte en pole position pour diriger cette liste.