Le Conseil Départemental d’Indre-et-Loire va être renouvelé à l’issue du scrutin programmé les 20 et 27 juin. 19 élections indépendantes s’organisent dans 19 cantons (dont 4 à Tours). A chaque fois, on va désigner un homme et une femme qui vont siéger pendant 6 ans. Petit point avant la clôture de la campagne ce vendredi soir à minuit.
Une gauche en reconquête, une droite sûre d’elle
Concernant les forces en présence, La droite compte bien conserver le Département et renouveler le mandat de président de l’élu saint-avertinois Jean-Gérard Paumier. Les résultats des élections municipales de l’an passé ont néanmoins montré que la gauche connaissait un regain de forme, notamment dans les zones urbaines et la Métropole. Pour s’appuyer sur cette dynamique, c’est même unie des insoumis aux socialistes, en passant par les communistes et les écologistes que la gauche avance sous l’étiquette « Touraine en Commun ».
Suffisant pour réussir à conquérir le département ? Difficile à dire, mais les cantons ruraux, d’ordinaire favorables à la droite seront difficiles à conquérir pour la gauche, surtout que la droite s’appuie sur de nombreux conseillers sortants (21 au total sur les 30 de la majorité actuelle) avec l’espoir qu’il y ait une prime au sortant sur cette campagne singulière et hachée par la crise sanitaire.
A l’échelon cantonal, certains scrutins seront à observer de près comme Tours Nord, où le binôme sortant Xavier Dateu et Cécile Chevillard membre de la majorité actuelle, part divisé. Cécile Chevillard a préféré partir avec l’ancien adjoint de Tours Brice Droineau, plus proche d’elle politiquement. Xavier Dateu partira du coup avec Chérifa Zazoua (également ex-élue du conseil municipal de Tours). D’un côté un binôme plutôt centre-droit de l’autre un duo issu d’une droite conservatrice. En face, la gauche croit en ses chances et a envoyé sous la bannière « Touraine en Commun » pour reconquérir ce canton perdu en 2015 l’adjoint de Tours-Nord, Bertrand Renaud, accompagné de l’ancienne co-présidente du Centre LGBTI Tatiana Cordier-Royer… Un binôme de gauche qui devra néanmoins compter sur la présence d’un binôme socialiste (sans l’investiture du parti à la rose) avec Alice Simpere et Francis Lévêque.
Une situation similaire que celle de Tours-Est, où le binôme sortant, Florence Zulian et Dominique Lemoine aura fort à faire. Non soutenu officiellement par les partis de gauche, le binôme a le soutien de François Bonneau le président régional sortant, ainsi que de plusieurs personnalités locales. Il aura en effet en face un binôme « Touraine En Commun » composé de François Lafourcade (EELV) et Ursula Vogt mais aussi l’ancien insoumis Claude Bourdin qui se présente sous la bannière « C’est au Tour(s) du Peuple » avec Joe Faurie.
Un canton de Tours-Est où l’extrême-droite sera présente avec la candidature de Jean-Guy Protin et Claudia Rondel. Le Rassemblement National qui a d’ailleurs finalement réussi à composer beaucoup de binômes, même si leurs adversaires pointent comme à Tours-Nord, des candidats n’habitant pas les secteurs…
Enfin La République En Marche est loin d’être présente partout avec seulement deux binômes candidats dont Loïc Guilpain et Céline Oudry sur Tours-Ouest.
Wilfried Schwartz candidat sur Ballan-Miré
Quelques surprises de taille se sont glissées également dans les candidatures, à commencer à gauche par celle de Wilfried Schwartz, maire de La Riche et président de Tours Métropole. Ce dernier, en binôme avec Solène Marchand, adjointe à Ballan-Miré, croisera le fer sur le canton de Ballan-Miré avec son conseiller municipal de la majorité à la ville de La Riche, Sébastien Clément, adhérent LREM et lui soutenu par la majorité sortante de Jean-Gérard Paumier… Une situation kafkaeïenne qui a entrainé son lot de tensions sur La Riche entre les deux anciens proches.
La candidature de Wilfried Schwartz interroge à l’heure où le non-cumul est devenue la norme. Wilfried Schwartz nous explique qu’il n’y a « pas de cumul au sens de la loi » et justifie sa décision de se présenter pour renforcer « la cohérence des territoires entre le département et la Métropole ». Le maire de La Riche voit aussi une certaine complémentarité dans ces différents mandats en cas d’élection et pointe malicieusement que l’actuel président du Département, Jean-Gérard Paumier, siège de son côté à Tours Métropole. « C’est bien d’installer une certaine réciprocité. »
Une forte présence de candidats déjà élus municipaux qui pose la question du cumul des mandats
Wilfried Schwartz n’est pas le seul à se lancer dans cette campagne des Départementales en ayant déjà un bagage électif. Parmi les présidents d’intercommunalité également candidats, citons aussi Vincent Louault, conseiller départemental sortant sur le canton de Bléré et par ailleurs maire de Cigogné et président de la Communauté de Communes Bléré-Val de Cher depuis l’an dernier.
La Sénatrice Isabelle Raimond-Pavero, conseillère départementale sortante également sur le canton de Chinon est de nouveau candidate aussi.
Parmi les nouveaux candidats aux Départementales, on retrouve par ailleurs Cédric de Oliveira, pourtant déjà maire de Fondettes, vice-président de Tours Métropole délégué à l’Egalité des territoires aux pôles de proximité et au contrat régional de solidarité territoriale, mais aussi président de l’Association des Maires d’Indre-et-Loire, pas une fonction élective en tant que tel, mais néanmoins importante et chronophage…
Les exemples pourraient être multipliés (Judicaël Osmond et Valérie Turot, adjoints à Joué-lès-Tours et de nouveau candidats), et ces situations ne sont pas nouvelles. Elles ne sont pas forcément négatives non plus, permettant une affirmation renforcée des liens entre l’instance départementale et les exécutifs municipaux. Néanmoins, à l’heure d’une défiance de plus en plus généralisée envers la représentation démocratique, à l’heure d’un souhait de plus en plus grand des électeurs d’un renouvellement des pratiques politiques et d’une meilleure représentation de la diversité de la population, pas sûr que cela soit du goût des citoyens-électeurs…
Tours : la gauche municipale au banc d’essai
Et l’on remarque que cette problématique est généralisée y compris au sein des nouvelles équipes municipales élues l’an passé comme à Tours. Dans la ville centre, plusieurs adjoints se retrouvent de ainsi candidats. C’est le cas de Franck Gagnaire (adjoint à l’Education) sur Tours Ouest en binôme avec l’écologiste Sabrina Hamadi, de Bertrand Renaud sur Tours-Nord ou encore de l’adjoint au commerce Iman Manzari en binôme avec Mélanie Bresson. Là encore, rien de nouveau, l’ancienne majorité de Tours élue en 2014 avait fait de même et nombre d’adjoints étaient devenus conseillers, voire vice-présidents départementaux en 2015 (Olivier Lebreton, Barbara Darnet-Malaquin, Xavier Dateu, Céline Ballesteros), avec les mêmes arguments de donner du poids à la ville de Tours au sein de l’instance départementale, mais alors que les Tourangeaux ont élu l’équipe d’Emmanuel Denis l’an passé en partie sur une promesse de renouvellement des pratiques politiques, les cumuls possibles en cas d’élection posent forcément question. Avec de telles candidatures, ce scrutin pourrait ainsi prendre la valeur de test pour la majorité gauche-écologiste d’Emmanuel Denis, un an après avoir réussi à remporter les Municipales…