Elections départementales : la grande bataille est lancée

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Le dépôt des candidatures cette semaine en Préfecture lance officiellement la campagne des élections départementales qui se tiendront les 20 et 27 juin prochains, en même temps que les Régionales. Le scrutin est encore loin et peine à passionner, mais en coulisses, les candidats et partis s’activent déjà ardemment. Il faut dire qu’il a son importance dans la vie démocratique, institutionnelle et administrative.

Pour rappel : C’est quoi le Conseil Départemental ?

C’est l’ancien Conseil Général, une collectivité locale qui est basée à Tours (ses locaux sont à côté de la préfecture). Il s’agit d’un des principaux employeurs du département avec 2 800 agents (davantage que la ville de Tours, plus du double de l’effectif d’SKF à Saint-Cyr-sur-Loire). Ses compétences sont nombreuses : ainsi, le Conseil Départemental entretient une grande partie des routes du département comme les axes Tours-Loches et Tours-Chinon, et donc s’occupe de créer des ronds-points, de refaire le bitume ou d’éviter les glissades les jours de grand froid.

Le budget annuel du Conseil Départemental dépasse les 600 millions d’€ et sert à la gestion des collèges (travaux de rénovation, cantines, personnel d’entretien), au transport des enfants en situation de handicap vers leur établissement de formation, à la protection de l’enfance, à l’accompagnement des mineurs étrangers isolés. Quand il y a eu un vaste débat sur l’accueil et l’hébergement des jeunes migrants, c’est le Département qui était concerné. C’est lui qui se charge d’évaluer les arrivants pour déterminer s’ils ont plus ou moins de 18 ans.

Le Département possède aussi des locaux au Champ Girault, et il est implanté un peu partout sur le territoire (bases techniques, relais des Maisons de la Solidarité…).

Le Conseil Départemental a encore de nombreuses autres missions dans le domaine social : il verse le Revenu de Solidarité Active aux plus modestes et peut engager des actions autour de l’emploi (comme la création du portail JobTouraine). Il gère les Maisons de la Solidarité, l’accompagnement des personnes handicapées ou âgées… Sans oublier une capacité à subventionner des projets sportifs et culturels (il est très investi dans des événements comme le festival Terres du Son). C’est par ailleurs un propriétaire prestigieux puisqu’il possède et gère des monuments comme la Forteresse Royale de Chinon, la Cité Royale de Loches, le Musée Balzac de Saché ou le Prieuré St Cosme à La Riche. Il possède du coup l’Agence Départementale du Tourisme qui pilote des événements comme Noël au Pays des Châteaux.

Enfin, le Conseil Départemental peut s’associer avec d’autres pouvoirs publics (communes, Région, Métropole, Etat) pour financer des projets comme de grands travaux.

Comment ça marche ?

L’institution est composée de 38 élus, 19 binômes femme-homme élus dans 19 cantons du département (dont 4 à Tours, un pour Joué, un pour Amboise, un pour Loches, un pour Langeais, un pour Sainte-Maure, un pour Château-la-Vallière…).

Depuis 2015, c’est une majorité de centre-droit qui dirige l’Indre-et-Loire, prenant la suite d’un exécutif socialiste qui était présidé par Frédéric Thomas. Jean-Gérard Paumier, ancien maire de Saint-Avertin issu du parti Les Républicains préside l’assemblée depuis 2016, suite au décès de son prédécesseur, Jean-Yves Couteau. Sur 38 élus, 8 sont issus de la gauche et font partie de la minorité.

Une gauche en reconquête, une droite sûre d’elle  

Concernant les forces en présence, La droite compte bien conserver le Département et renouveler le mandat de président de l’élu saint-avertinois Jean-Gérard Paumier. Les résultats des élections municipales de l’an passé ont néanmoins montré que la gauche connaissait un regain de forme, notamment dans les zones urbaines et la Métropole. Pour s’appuyer sur cette dynamique, c’est même unie des insoumis aux socialistes, en passant par les communistes et les écologistes que la gauche avance sous l’étiquette « Touraine en Commun ».

Suffisant pour réussir à conquérir le département ? Difficile à dire, mais les cantons ruraux, d’ordinaire favorables à la droite seront difficiles à conquérir pour la gauche, surtout que la droite s’appuie sur de nombreux conseillers sortants (21 au total sur les 30 de la majorité actuelle) avec l’espoir qu’il y ait une prime au sortant sur cette campagne singulière et hachée par la crise sanitaire.

A l’échelon cantonal, certains scrutins seront à observer de près comme Tours Nord, où le binôme sortant Xavier Dateu et Cécile Chevillard membre de la majorité actuelle, partira divisé. Cécile Chevillard a préféré partir avec l’ancien adjoint de Tours Brice Droineau, plus proche d’elle politiquement. Xavier Dateu partira du coup avec Chérifa Zazoua (également ex-élue du conseil municipal de Tours). D’un côté un binôme plutôt centre-droit de l’autre un duo bien à droite. En face, la gauche croit en ses chances et a envoyé pour reconquérir ce canton perdu en 2015 l’adjoint de Tours-Nord, Bertrand Renaud, accompagné de l’ancienne co-présidente du Centre LGBTI Tatiana Cordier-Royer…

A Tours-Est, le binôme sortant, Florence Zulian et Dominique Lemoine aura également fort à faire. Non soutenu par la gauche, il aura en effet en face un binôme « Touraine En Commun » composé de François Lafourcade (EELV) et Ursula Vogt mais aussi l’ancien insoumis Claude Bourdin qui se présente sous la bannière « C’est au Tour(s) du Peuple » avec Joe Faurie.

Un canton de Tours-Est où l’extrême-droite sera présente avec la candidature de Jean-Guy Protin et Claudia Rondel. C’est à signaler, car le Rassemblement National en proie à des difficultés internes en Indre-et-Loire ne présente que peu de candidats à cette élection.

Enfin La République En Marche est loin d’être présente partout également. Sa candidature la plus significative étant celle de Loïc Guilpain et Céline Oudry sur Tours-Ouest.

 

Wilfried Schwartz candidat sur Ballan-Miré

Quelques surprises de taille se sont glissées également dans les candidatures, à commencer à gauche par celle de Wilfried Schwartz, maire de La Riche et président de Tours Métropole. Ce dernier, en binôme avec Solène Marchand, adjointe à Ballan-Miré, croisera le fer sur le canton de Ballan-Miré avec son conseiller municipal de la majorité à la ville de La Riche, Sébastien Clément, adhérent LREM et lui soutenu par la majorité sortante de Jean-Gérard Paumier… Une situation kafkaeïenne.

Si Wilfried Schwartz expliquera les raisons précises de sa candidature ce vendredi lors d’un point presse, cette dernière interroge néanmoins à l’heure où le non-cumul est devenue la norme. Joint par nos soins, et laissant les détails pour son point presse, Wilfried Schwartz nous explique néanmoins qu’il n’y a « pas de cumul au sens de la loi » et justifie sa décision de se présenter pour renforcer « la cohérence des territoires entre le département et la Métropole ». Le maire de La Riche voit aussi une certaine complémentarité dans ces différents mandats en cas d’élection et pointe malicieusement que l’actuel président du Département, Jean-Gérard Paumier, siège de son côté à Tours Métropole. « C’est bien d’installer une certaine réciprocité. »

Difficile de ne pas y voir une réaction à la candidature de Sébastien Clément sous une étiquette « centre-droit / droite ». « Les électeurs décideront de la cohérence de cette candidature » commente laconiquement Wilfried Schwartz quand on l’interroge à ce sujet.

Une forte présence de candidats déjà élus municipaux qui pose la question du cumul des mandats

Wilfried Schwartz n’est pas le seul à se lancer dans cette campagne des Départementales en ayant déjà un bagage électif. Parmi les présidents d’intercommunalité également candidats, citons aussi Vincent Louault, conseiller départemental sortant sur le canton de Bléré et par ailleurs maire de Cigogné et président de la Communauté de Communes Bléré-Val de Cher depuis l’an dernier.

La Sénatrice Isabelle Raimond-Pavero, conseillère départementale sortante également sur le canton de Chinon est de nouveau candidate aussi.

Parmi les nouveaux candidats aux Départementales, on retrouve par ailleurs Cédric de Oliveira, pourtant déjà maire de Fondettes, vice-président de Tours Métropole délégué à l’Egalité des territoires aux pôles de proximité et au contrat régional de solidarité territoriale, mais aussi président de l’Association des Maires d’Indre-et-Loire, pas une fonction élective en tant que tel, mais néanmoins importante et chronophage…

Les exemples pourraient être multipliés (Judicaël Osmond et Valérie Turot, adjoints à Joué-lès-Tours et de nouveau candidats), et ces situations ne sont pas nouvelles. Elles ne sont pas forcément négatives non plus, permettant une affirmation renforcée des liens entre l’instance départementale et les exécutifs municipaux. Néanmoins, à l’heure d’une défiance de plus en plus généralisée envers la représentation démocratique, à l’heure d’un souhait de plus en plus grand des électeurs d’un renouvellement des pratiques politiques et d’une meilleure représentation de la diversité de la population, pas sûr que cela soit du goût des citoyens-électeurs…

Et l’on remarque que cette problématique est généralisée y compris au sein des nouvelles équipes municipales élues l’an passé comme à Tours. Dans la ville centre, plusieurs adjoints se retrouvent de ainsi candidats. C’est le cas de Franck Gagnaire (adjoint à l’Education) sur Tours Ouest en binôme avec l’écologiste Sabrina Hamadi, de Bertrand Renaud sur Tours-Nord ou encore de l’adjoint au commerce Iman Manzari en binôme avec Mélanie Bresson. Là encore, rien de nouveau, l’ancienne majorité de Tours élue en 2014 avait fait de même et nombre d’adjoints étaient devenus conseillers, voire vice-présidents départementaux en 2015 (Olivier Lebreton, Barbara Darnet-Malaquin, Xavier Dateu, Céline Ballesteros), avec les mêmes arguments de donner du poids à la ville de Tours au sein de l’instance départementale,  mais alors que les Tourangeaux ont élu l’équipe d’Emmanuel Denis l’an passé en partie sur une promesse de renouvellement des pratiques politiques, les cumuls possibles en cas d’élection poseront forcément question et ne manqueront pas de faire causer…

La liste complète des candidature est disponible sur le site de la Préfecture

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