Elections à haut risque pour le PS en 2015

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LES CHOIX CORNELIENS DES SOCIALISTES TOURANGEAUX

Dans cinq mois, les Tourangeaux retourneront aux urnes pour élire leurs conseillers départementaux « nouvelle formule ». Ces élections qui s’annoncent comme un fiasco pour la gauche républicaine seront aussi un test pour le gouvernement et ses choix en matière de politique territoriale. L’Indre-et-Loire ne devrait pas échapper à la défaite attendue. Sept mois après la défaite des Municipales et les pertes des fiefs de l’agglomération, les socialistes s’interrogent. Ils sont nombreux les « sortants » à vouloir y retourner. Au grand dam des défenseurs du renouvellement au sein des instances locales du PS. Quand notabilité ne rime pas toujours avec nouveauté.

Ira, n’ira pas ? Y retournera, n’y retournera pas ? Voilà bien les sempiternelles questions que se posent les « politiques » et les observateurs de la vie politique à l’aube d’une nouvelle élection. A cinq mois des élections départementales « nouvelle version » qui se dérouleront les 22 et 29 mars 2015, l’Indre-et-Loire devra choisir des binômes d’hommes et de femmes pour ses 19 nouveaux cantons. L’assemblée départementale à la parité parfaite qui passera de 37 à 38 élus verra donc un nouveau conseiller arriver place de la préfecture.

Si à droite les discussions ont commencé au sein de l’UMP et de l’UDI, il n’est pas encore venu le temps des tickets uniques entre le centre et la droite républicaine locales. Chaque chose en son temps. A gauche, les grandes manœuvres et les discussions ont démarré dans une atmosphère tendue. Au sein du PS 37, les conseillers généraux* « canal historique » ne veulent pas raccrocher les gants. Nicolas Gautreau, Claude-Pierre Chauveau, Patrick Bourdy, Alain Michel, Bernard Mariotte, entre autres, veulent y retourner. La plupart d’entre eux ont été élus en 1993, 1998 ou 2001. Soit une présence au sein de l’assemblée depuis plus de 22 ans pour les plus anciens.

« Le Parti Socialiste au niveau national a fait le choix de proposer en interne des « blocs » hommes et des blocs « femmes » » rappelle Michael Cortot, premier secrétaire fédéral du PS d’Indre-et-Loire. Ainsi seront proposés aux militants socialistes du 37 de choisir aux futures primaires de décembre prochain, un homme titulaire et son suppléant et une femme titulaire et sa suppléante. De sorte qu’il en ressorte des binômes cohérents pour les élections de mars prochain. Si cette cuisine technico-électorale semble indigeste au non-initié, elle pourra s’avérer encore plus difficile à avaler si les socialistes n’arrivent pas à composer avec leurs alliés de gauche.

Les Verts, le Parti Communiste, le Front de Gauche sont en discussion depuis quelques semaines, mais sans le PS 37. Du moins pour l’instant. Il se prépare néanmoins une rencontre entre responsables socialistes et verts, la semaine prochaine. La délégation « verte » serait conduite par Emmanuel Denis, conseiller municipal d’opposition à Tours et Gilles Deguet, conseiller régional EELV.

Conscients de leurs résultats aux dernières municipales, les Verts et la gauche de la gauche veulent créer une alternative crédible à une gauche sociale–libérale. Ils ont surtout l’ambition « de rassembler les déçus de la vraie gauche, solidaire et écologique » nous rappelle un militant d’EELV à Tours. Pourtant, si l’on s’arrête un instant sur le mode de scrutin, le parti socialiste a besoin de ses partenaires. Ne pourront se maintenir au deuxième tour des élections de mars 2015 que les candidats rassemblant plus de 12,5 % des inscrits (soit, à la vue des abstentions pour ce type de scrutin, au moins 20 à 25 % des votants). Une équation difficile à résoudre quand on ne part pas unis à gauche. Bien sûr, les pressions peuvent fonctionner et se résumer par exemple, à menacer le canton de Tours Est où le seul élu Vert, Christophe Boulanger, est élu. Seulement voilà, cette logique ne peut guère fonctionner aujourd’hui. EELV n’a pas la même logique de renouvellement que le PS. Même s’il se dit que Christophe Boulanger a fait un bon boulot en tant que Vice-Président au côté de Frédéric Thomas, il n’est pas du tout sûr que la fédération locale d’EELV redonne l’investiture à ce cadre de la SNCF. Ce retour à une gauche « plurielle » sans le PS sera à suivre de près dans les prochaines semaines. Cette alternative pouvant être destructrice pour un PS en crise et en manque d’identité politique. De plus, ces élections départementales pourraient être aussi un excellent galop d’essai pour une gauche alternative en vue des élections régionales de décembre 2015 au scrutin proportionnel.

FOCUS SUR LES CANTONS DE TOURS

Tours voit ses cantons redécoupés et fusionner. Ce sont désormais quatre cantons qui représenteront la ville. Tours-Nord, Tours-Ouest, Tours-Sud et Tours-Est. Disparus les cantons de Tours-Centre, Tours-Val de Cher et Tours-Nord-Ouest.

Nicolas Gautreau, élu depuis 1998 au Conseil Général, se représenterait aux primaires de décembre pour briguer un nouveau mandat sur le canton de Tours-Ouest. Ce professeur d’histoire fut Adjoint au Maire de Jean Germain entre 1995 et 2014. Même si les résultats d’une primaire lui semblent favorables, il se pourrait que N. Gautreau soit victime d’un syndrome qui a touché de nombreux élus, dont Jean Germain. Celui d’une accession à un quatrième mandat que les électeurs pourraient lui reprocher. Affaire à suivre.

Claude Roiron n’y retournera pas. Celle qui a laissé planer un doute sur un retour à l’occasion de ces élections départementales ne retournera pas dans l’arène. Au grand soulagement de certains. Frédéric Thomas peut sereinement envisager une primaire plus calme. Le président du Conseil Général sera certainement candidat sur Tours-Nord. Sérénité certes mais avec un résultat loin d’être acquis. La section PS de Tours-Nord n’a pas oublié « l’épisode Roiron » et la cabale politique dont elle fut victime. Pour Frédéric Thomas la stratégie pourrait résider dans le choix de la femme qui l’accompagnera pour un éventuel ticket « gagnant ». Le nom de Samira Oublal, candidate sur la liste de Jean Germain à Tours en mars 2014, semble revenir comme un écho savamment orchestré. Le canton de Tours-Nord pourrait être aussi synonyme d’une candidature du renouvellement. Le nom de Mikaël Natchimie, ancien attaché du groupe PS au conseil général, circule. Il y a fort à parier que la primaire sur Tours-Nord fera l’objet de discussions âpres et houleuses afin de préserver les chances de l’actuel président du Conseil Général. Pourtant le ticket « Natchimie / Oublal » pourrait incarner le visage de la diversité tant défendu par le Président Hollande pendant la campagne présidentielle de 2012. Un ticket peut-être nécessaire au regard des résultats des dernières élections municipales sur les bureaux de Tours-Nord.

Gérard Gernot, conseiller général du canton de Tours-Val de Cher (renommé Tours-Sud après sa fusion avec l’ancien canton du même nom), élu depuis 1993 n’y retournerait pas. Claude-Pierre Chauveau, élu sur l’ancien canton de Tours-Sud à 55 voix près en 2011, semble faire le forcing pour se présenter à un troisième mandat. Celui qui fut de tous les combats municipaux depuis 1995 avec Jean Germain en tant qu’ancien maire adjoint de Tours s’accroche. Un élu socialiste d’Indre-et-Loire s’agace : « la question du renouvellement se pose au sein de nos instances départementales. Tout le monde chez nous doit l’entendre… ».

Quid aussi du premier secrétaire fédéral du PS 37, Michael Cortot. Ce légitimiste est très discret sur ses ambitions. A regarder de près le profil de ce trentenaire, deux cantons pourraient l’intéresser. Tours-Nord où il a passé la plupart de son temps pendant la campagne municipale ou Tours-Est et son quartier Velpeau où il y avait ses habitudes. Il semble exclu que le premier socialiste d’Indre-et-Loire rajoute de l’huile sur le feu dans la désignation du ticket sur Tours-Nord où sera candidat Frédéric Thomas. Alors pourquoi pas Tours-Est dans le cadre d’un accord impossible avec les Verts. Éléments de réponse dans les prochaines semaines.

FOCUS SUR LES CANTONS DE L’AGGLOMERATION

A la Riche, la logique électorale et la dynamique de victoire de Wilfried Schwartz semblaient naturellement le désigner. Mais à ce jour, Alain Michel retiré de la vie municipale larichoise ne veut pas laisser son siège du Conseil Général. Celui qui fut à l’origine d’une dissidence au sein de l’assemblée départementale y retournerait donc. Quel pourrait être alors le ticket paritaire socialiste sur ce canton ? Le choix de Pascale Boudesseul, candidate malheureuse à Ballan-Miré, aurait pu s’envisager. Mais Alain Michel aurait fait un choix pour le moins surprenant. Un ticket avec une adjointe au maire de Savonnières, municipalité de droite. Un choix à confirmer dans les prochaines semaines.

A Saint-Pierre-des-Corps, seul canton tenu par le parti communiste, les choses paraissent plus floues. Là aussi, tout pourrait dépendre d’un accord entre le PS et le PC. La sortante Martine Belnoue y retournerait. Quid alors des socialistes corpopétrussiens ? Jean-Marc Pichon serait-il intéressé ? Rien n’est moins sûr. Cyrille Jeanneau, conseiller municipal PS, pourrait incarner aussi le renouvellement.

A Montlouis, Patrick Bourdy, élu depuis 1998 et ancien fidèle à Jean-Jacques Filleuil, le Sénateur PS du montlouisien, veut repartir. Lui aussi, comme Nicolas Gautreau, pour un quatrième mandat. Il pourrait être le seul candidat à la primaire PS. Dans ce coin de Touraine, pas de renouvellement. A quoi bon, ce fief socialiste ne risque guère de tomber dans les mains de la droite. Cependant il y a une très forte rivalité sur ce canton entre le PS et les Verts. L’épisode de désignation est loin d’être terminé.

Ces élections départementales de mars prochain marqueront la vie politique locale. Elles valideront certainement une vague bleue commencée aux dernières municipales. Elles verront aussi les « vieux éléphants » du PS local repartir. Et ce, pour les intéressés, comme un gage de qualité et de pérennité devant des électeurs désabusés. Rien n’est moins sûr. Les militants et les électeurs souhaitent du changement et du renouveau. Renouveau que les instances du PS doivent porter pour aller dans le sens d’un électorat qui risque de ne pas beaucoup se déplacer dans les urnes au printemps prochain. Chacun aura alors une part de responsabilité pour que la démocratie locale soit préservée d’une forte abstention qui aurait pour fâcheuse conséquence de démontrer un peu plus que le département est une strate de trop dans le mille- feuille administratif.

(*) Les conseillers généraux deviendront en mars 2015, les conseillers départementaux.

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