Élection présidentielle : le scrutin vu par un Jocondien de 19 ans

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Dimanche 10 avril, près de 25% des électrices et électeurs d’Indre-et-Loire n’ont pas voté. Un chiffre élevé, et ce sont notamment les plus jeunes qui n’ont pas mis le pied dans l’isoloir. Cela dit, il y a aussi celles et ceux pour qui la chose politique est une donnée très importante et c’est le cas de Léo Ravard. A 19 ans, cet étudiant en droit de Joué-lès-Tours passe énormément de temps à s’informer et à réfléchir sur les questions institutionnelles. On en a parlé avec lui.

“Comme beaucoup d’enfants je me souviens avoir accompagné mes parents au bureau de vote et je voulais mettre le bulletin dans l’urne” raconte Léo. Ses premiers souvenirs de politique remontent à 2012, quand il a 9 ans. C’est le moment où François Hollande est devenu président après cinq années de Sarkozysme : “Ce n‘était pas le grand sujet dans les repas de famille mais j’ai bien compris qu’il se passait quelque chose d’important au niveau national” nous dit-il. Dans la foulée, il décide de s’investir dans le conseil municipal de sa commune, et réussit à l’intégrer : “J’avais déjà cette idée de travailler sur un sujet précis, et c’était l’environnement.”

Alors qu’il n’est pas encore collégien, Léo Ravard met le pied à l’Assemblée Nationale pour la première fois :

“J’ai le souvenir d’un fabuleux bâtiment. On se rend compte du prestige que les gens ont à y travailler.”

Déjà à ce moment-là, l’enfant se dit que le rôle des députés n’est pas assez connu. Impression qui se confirme avec l’âge qui avance… “On ne nous parlait pas beaucoup de politique en cours. C’est compréhensible car les profs doivent rester neutres mais on pourrait commencer à évoquer l’Assemblée Nationale, le Sénat… On le fait au lycée, mais seulement deux ans avant de voter pour la première fois et de manière très partielle. Il y a un gros manque d’information.”

L’adolescent s’intéresse donc de près à chaque scrutin, des élections américaines au vote pour renouveler la mairie de Joué-lès-Tours. Léo se souvient aussi d’avoir régulièrement croisé le député de l’époque, Laurent Baumel. Et commence à évoquer le sujet avec ses camarades. Forcément, il était pressé de voter pour la première fois. C’était en 2021, pour les élections régionales et départementales. Et au 2e tour il a été assesseur, rôle qu’il va renouveler pour le second tour de la Présidentielle ce 24 avril, dans les locaux du centre de loisirs de La Borde au sud de la commune :

“Je me suis toujours demandé comment on faisait fonctionner cette grosse machine. Ce qui m’a frappé c’est la profonde neutralité pendant la phase de vote : on parlait très peu politique, personne n’évoquait ses apointances. On était dans le truc et bizarrement tout le monde se mettait d’accord pour ne pas aborder le sujet.”

Egalement frappé par la forte proportion de personnes âgées qui tiennent les bureaux de vote, Léo Ravard décide de raconter son expérience et réussit à motiver sa mère pour les deux tours de la Présidentielle : “Elle a eu le même ressenti que moi, elle a eu l’impression d’être utile”. Et s’il peut, l’étudiant réservera ses dimanches 12 et 19 juin pour être assesseur lors des Législatives, un coup de main bienvenu car de nombreuses municipalités manquent d’effectifs ces jours-là, et c’est un peu plus vrai à chaque scrutin.

En attendant le jour du vote, le Jocondien prend le temps de réfléchir à la teneur de la campagne… et il est sévère :

“Depuis 2012 je me suis rendu compte que la politique a changé. En 2022 on a plus l’impression d’une campagne façon téléréalité que de la politique. Les débats ne sont plus de vrais débats. On parle de ce qui fait le buzz plutôt que du fond. L’environnement n’a eu que 4 minutes d’antenne sur une émission de 2h ! On a quitté la belle politique au profit de ce qui fâche et c’est décevant. J’ai aussi été choqué que TF1 n’invite pas les 12 candidats pour son émission sur la guerre en Ukraine.”

Mais même désabusé, Léo Ravard ne conçoit pas de ne pas voter, “même pour mettre un bulletin blanc”. “Certains pays n’ont pas le droit de vote, moi je l’utilise même si mon choix de vote est de plus en plus compliqué” disserte-t-il. Selon lui, s’abstenir ne donnerait pas le droit de se plaindre une fois les résultats tombés. Il concède néanmoins que la non-reconnaissance du vote blanc ou le fait que la jeunesse soit absente des discours politiques sont autant de facteurs qui peuvent inciter à bouder les isoloirs.

Avec un bon bagage politique si jeune, l’étudiant en droit de la fac de Tours pourrait-il aller jusqu’à s’engager ? Il y pense, “pour faire mieux”. C’est-à-dire par exemple éviter “les guerres d’égos” comme celles qui ont meurtri la gauche ces dernières années. Ou “enfin faire comprendre que l’écologie ce n’est pas seulement l’affaire d’un seul parti”.

S’informant à la fois avec la télé, les médias locaux ou le Youtubeur Hugo Décrypte, Léo Ravard est par ailleurs critique du travail des médias quand il s’agit de politique, déplorant par exemple la place que prend l’arrivée de Messi au PSG alors que le GIEC vient de publier un rapport alarmiste sur l’état de la planète. D’ailleurs, il ne regardera probablement pas le débat Macron-Le Pen à la télé : “Je sais déjà à quoi m’attendre, je lirai un résumé.” Motivé mais résigné.

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