C’est traditionnellement que les chambres consulaires d’Indre-et-Loire clôturent la saison des vœux chaque année au cours d’une soirée réunissant les trois chambres : CCI (Chambre de Commerce et d’Industrie), CMA (Chambre des Métiers et de l’Artisanat) et Chambre d’Agriculture qui accueillait cette édition 2024 dans ses locaux de Chambray-lès-Tours ce lundi 29 janvier 2024.
Comme lors de ce genre de rendez-vous, les premiers rangs étaient garnis des personnalités locales comme des représentants des différents pans de l’économie locale mais aussi l’ensemble des institutions politiques : sénateurs (Jean-Gérard Paumier, Vincent Louault), députés (Fabienne Colboc, Daniel Labaronne, Henri Alfandari), la présidente du Département (Nadège Arnault), plusieurs maires Philippe Clémot de Mettray, Alain Anceau de Saint-Roch, Emmanuel Denis de Tours…) et élus locaux (dont des adjoints de Tours comme Cathy Savourey, Marie Quinton ou Iman Manzari… ou la première adjointe de La Riche, Armelle Audin), des élus régionaux (Betsabée Haas), ainsi que Patrice Latron, le Préfet d’Indre-et-Loire.
Les inquiétudes du monde agricole
Henry Frémont (président de la Chambre d’Agriculture d’Indre-et-Loire), Gérard Bobier (président de la CMA 37), Philippe Roussy (président de la CCI Touraine) ont tour à tour fait un bilan de l’économie locale et tentés de dresser des perspectives.
Hasard du calendrier, c’est en pleine crise du monde agricole que la chambre consulaire tourangelle accueillait la cérémonie. Henry Frémont est d’abord revenu sur 2023, en évoquant une bonne année en termes de récoltes mais des problèmes de prix de vente expliquant le désarroi actuel des agriculteurs. « Si je prends le blé, nous sommes aujourd’hui à 200 euros la tonne et c’est en phase descendante. C’est le niveau le plus bas depuis 2015. Début 2020, avant le Covid, nous étions sur une tonne à 220-230 euros ».
Une problématique qui s’ajoute selon lui aux charges en hausse et aux obligations faites aux agriculteurs comme l’augmentation du bio : « On donne de l’argent aujourd’hui aux agriculteurs pour faire du bio alors que personne ne veut de ce produit et qu’on ne sait pas écouler les produits bio. »
Entre les années 1980 et aujourd’hui l’Indre-et-Loire est passée de 10 000 agriculteurs à 3500 et la moitié de ces derniers devraient partir à la retraite dans les dix prochaines années. Ce point est également un véritable sujet pour la Chambre d’Agriculture qui craint des fermetures des petites activités à l’avenir et une concentration vers des grandes exploitations. En 2023 il y a eu malgré tout une centaine de nouvelles installations, mais Henry Frémont prévient là-encore de faire attention à la façon de céder les exploitations. « La moitié des repreneurs aujourd’hui ne sont pas enfants d’agriculteurs, c’est quelque chose de nouveau » explique-t-il ainsi.
En fin de séance, le président de la Chambre d’Agriculture s’est montré incisif dénonçant un mille-feuille de décrets et lois se superposant entre l’Europe et la France. “Nous souffrons d’un manque de vision de la politique agricole” a-t-il expliqué avant de s’en prendre aux militants écologistes qui “sont dans les ministères” ou dans les associations aux “pouvoirs de nuisance bien que non représentatifs.”
« Il faut s’attendre à une année 2024 très compliquée »
« Le commerce de détails commence à fléchir » a d’emblée indiqué Philippe Roussy en évoquant un ralentissement de la consommation. Le président de la CCI Touraine est aussi revenu sur les difficultés du secteur du bâtiment « qui est à son plus bas historique ».
Parmi les points positifs, Philippe Roussy salue néanmoins le taux de chômage qui est bas notamment sur le Chinonais avec un taux de 5,4%, ce qui en fait le territoire le plus bas de la région devant le Vendômois.
Pour la Chambre des Métiers et de l’Artisanat, Gérard Bobier a tenu « à ne pas tomber dans le catastrophisme, malgré une année qui s’annonce compliquée ».
Revenant sur les difficultés du bâtiment Gérard Bobier a pointé « l’envolée des prix des matières premières, mais aussi les difficultés pour les propriétaires primo-accédants d’obtenir des prêts bancaires. L’année 2024 sera compliquée avec des suppressions d’emplois. Il y aura un impact sur l’ensemble de la filière. » Sur les métiers de bouche, Gérard Bobier est revenu également sur les difficultés liées à la hausse des coûts énergétiques.
Signe de la morosité économique, la Chambre des Métiers et de l’Artisanat a recensé 1424 nouvelles immatriculations d’entreprises, soit un retrait de 500 créations par rapport à 2022, tandis que le nombre de radiations est resté stable avec 660 entreprises stoppées dans l’année.
De son côté Philippe Roussy a déclaré : « Il faut s’attendre à une année 2024 très compliquée, il ne faut pas s’en cacher. Le rapport du tribunal de commerce indique une augmentation de plus 52% sur les procédures collectives. »