Ce vendredi 19 janvier plusieurs centaines de personnes se sont réunies pour participer à la cérémonie des vœux de Tours Métropole à l’Orangerie du Parc Expo. Des parlementaires, le préfet, des maires, des chefs d’entreprises, des communicants… Bref, une bonne partie des personnes influentes du département. Dans une salle chauffée à 23°, elles ont écouté attentivement les 25 minutes de discours du président Frédéric Augis. Un propos sans annonces fracassantes mais loin d’être sans intérêt. On a lu entre les lignes.
Le lieu des vœux de Tours Métropole est toujours choisi avec soin. A la différence de la ville de Tours qui organise la sienne au Grand Théâtre depuis plusieurs années, l’agglomération voyage, souvent pour envoyer un message. Une année c’était à Mame, pour promouvoir l’essor de la Cité de la Création et de l’Innovation de Tours, dans le quartier des Bords de Loire. Il y a aussi eu Le Point Haut de St-Pierre-des-Corps en 2023, pour envoyer un signal au monde culturel.
Pour 2024, c’est le Parc Expo de Tours qui a été retenu. La justification est évidente : depuis le 1er janvier, l’endroit géré par Tours Evénements est sous la coupe de Tours Métropole, et non plus de la mairie de Tours. L’agglomération a d’ailleurs veillé à refaire la déco : son logo est omniprésent jusque sur les panneaux indiquant le numéro des différentes portes d’accès.
Ce site, Frédéric Augis y a fait référence dès les premiers mots de son discours, le président affichant sa volonté de « réfléchir à la meilleure manière » de le faire vivre dans l’avenir. On pense par exemple à un projet de rénovation du Grand Hall pour que la salle accueille les grands shows dans de meilleures conditions… et pourquoi pas des rencontres sportives comme le demande le Tours Métropole Basket, à l’étroit dans sa salle Monconseil à Tours-Nord ? Le sujet n’a pas été abordé face au public (il s’agirait d’un investissement très lourd).
Les grands projets, c’est pourtant bien ce sur quoi le patron de l’agglomération veut accentuer sa politique. « Je reçois beaucoup de demandes de subventions mais à chaque fois nous nous posons la question de l’intérêt général qui doit rester supérieur aux intérêts particuliers » argumente l’élu qui veut tenir son rang : « Nous ne sommes ni une super commune, ni un guichet pour solliciter des subventions ». « On a dû faire des choix budgétaires mais on se bat pour offrir des services publics de qualité » souligne-t-il encore.
Ces choix ? D’abord développer le réseau de transports. Dans un paragraphe qui aurait pu être écrit par le maire écologiste de Tours Emmanuel Dénis, Frédéric Augis a plaidé pour la poursuite de l’extension du réseau de pistes cyclables. Pour lui, c’est « primordial », tout comme l’entretien des infrastructures créées et la garantie d’une bonne cohabitation entre les différents modes de déplacements. Sur ce sujet, des décisions sont attendues pour la traversée du Cher à vélo entre Saint-Avertin et Ikea Tours. En revanche, l’idée d’une passerelle Saint-Cyr / La Riche est abandonnée.
Les grands projets transports c’est aussi le réaménagement du parvis de la gare de St-Pierre-des-Corps qui débutera dans la deuxième partie de cette année 2024, et la poursuite des études pour renforcer les fréquences de trains dans tout le département via la création d’un véritable réseau semblable au RER de la région parisienne. Tours Métropole attend une réponse de l’Etat sur son dossier, espérant toucher des subventions pour financer ce qui serait « une formidable opportunité » pour améliorer les transports en commun tourangeaux. Et le tram ? La deuxième ligne reste d’actualité mais n’a eu droit qu’a une phrase dans le discours présidentiel : « Le tram poursuit son chemin ». 2024 sera ainsi consacrée aux enquêtes, avant le début des travaux espéré en 2025. Si tout va bien…
En fait, si plusieurs grands projets sont dans les cartons, 2024 va beaucoup ressembler à une année d’attente pour Tours Métropole. Attente de la décision de l’Etat sur le RER, donc. Attente aussi d’avancées sur le dossier Autoroute Bas Carbone pour réduire l’impact de l’A10 dans sa traversée de l’agglo. Là-aussi, l’Etat doit rendre des décisions avant que ça bouge. Un nouvel échangeur reste en projet dans le quartier de Rochepinard.
Attente enfin sur la question des déchets, pourtant urgente. L’agglo a besoin d’une nouvelle usine pour traiter ses ordures mais pour l’instant personne n’en veut, et surtout pas Parçay-Meslay où la construction était pourtant envisagée. Frédéric Augis a promis qu’il n’imposerait rien aux communes sans l’aval de leur maire et des conseils municipaux. Il va donc encore falloir patienter, et se contenter pour l’instant d’une mauvaise solution : l’enfouissement du non-recyclable.
S’il est volontariste, étant parfois capable d’envolées littéraires semblables à Philippe Briand (sans l’humour grinçant ou la voix enlevée), le président de Tours Métropole est néanmoins conscient qu’il est constamment ralenti. « La Métropole est ambitieuse… mais trop discrète » relève-t-il par exemple, en écho à la difficulté persistante de l’institution pour se créer une réelle identité. Mais quand on parle de freins, il y a aussi la lourdeur administrative : « De réunion en réunion on perd beaucoup d’énergie. Il faut voir comment simplifier pour que les élus ne se perdent pas » exhorte l’élu, par ailleurs maire de Joué-lès-Tours, 2e plus grande ville du territoire.
Au final, on retiendra un propos consistant, plutôt consensuel, un peu à l’image d’un discours de politique générale. Pourtant, à la sortie, il y avait des déçus. En annonçant un projet de reconfiguration du site des Tourettes de Tours-Nord avec gymnase et piscine, Frédéric Augis a indirectement signifié que le projet de nouveau bassin souhaité à St-Pierre-des-Corps ne faisait pas partie des priorités. Ainsi, dans les prochaines années, le nord de la Loire aura deux nouvelles piscines : Tours-Nord, donc, et Saint-Cyr-sur-Loire – annonce phare des vœux du maire de la commune.
La question est : seront-elles ouvertes toute l’année ou fermeront-elles l’hiver comme celle de Luynes, toute neuve mais qui n’accueillera personne en février, puis s’arrêtera 3 mois par hiver à partir de décembre ? A cette question, Frédéric Augis n’a pas répondu. Ou seulement en substance quand il a assumé avoir fait « des choix ».
