Il y avait de l’émotion chez les élus locaux hier à Tours. Jean-Michel Baylet, le ministre des Collectivités Territoriales venait en effet à Tours remettre officiellement le décret faisant passer l’agglomération tourangelle au statut de métropole.
« Nous avons fait en quelques mois ce que d’autres n’ont pas réussi à faire en plusieurs années »
De l’émotion il y en avait sur certains visages au moment des discours hier à Mame. Le passage de Tours en métropole, un moment historique pour tous qui « marque une seconde renaissance pour Tours » pour Serge Babary. Jean-Patrick Gille y voyant lui « un grand moment politique symbolisé par le rassemblement » opéré autour de ce dossier « au chemin contrarié », tandis que pour Jean-Gérard Paumier ce fut « un combat difficile et indécis ».
De l’émotion oui, mais aussi le sentiment du devoir accompli également. « Nous avons fait en quelques mois ce que d’autres n’ont pas réussi à faire en plusieurs années ». Philippe Briand, président de la nouvelle collectivité Tours Métropole Val de Loire ne se montre pas peu à la tribune en refaisant l’histoire de la création de la métropole tourangelle. Une story-telling que Philippe Briand aime raconter ces dernières semaines, y ajoutant une dose d’humour avec imitations et pitreries qui ont une nouvelle fois fait rire l’assemblée de convives hier. Il faut dire que Philippe Briand écrit ici « un de ses plus beaux moments d’élu » confesse-t-il, après avoir amener au bout, ce dossier qui paraissait un temps mal engagé.
C’est en effet à marche forcée, les élus locaux ont réussi le passage de Tours Plu(s) en métropole. Il n’aura fallu en effet qu’un peu plus d’un an entre les recommandations du nouveau préfet Louis Le Franc sur la possibilité de postuler à la métropolisation et l’officialisation de ce passage hier. Une rapidité dans le transfert de compétences, dans les dossiers mais aussi une certaine force de persuasion à l’échelon national qui n’auront été possibles que par l’unité qui s’est dégagé sur ce dossier. A l’Assemblée Nationale d’abord où les députés Briand et Gille ont marché de concert pour promouvoir le dossier tourangeau. A Tour(s) Plus ensuite, où le consensus a régné entre les élus des différentes villes. A l’échelon communal enfin où les Conseils Municipaux ont validé ces choix. Sans oublier non plus, les élus du Conseil Départemental qui ont accepté de transférer des compétences à la future métropole, avec espoir que celle-ci devienne une locomotive pour l’ensemble du département. La dynamique tourangelle autour du dossier de métropole est un véritable cas d’école, que le ministre Jean-Michel Baylet est venu saluer hier pour remettre officiellement le décret actant cette transformation. Une venue d’autant plus symbolique qu’elle est la seule cérémonie à laquelle le ministre participera parmi les sept nouvelles métropoles sur le territoire français.
« Les villes de Dijon, Saint-Etienne ou Orléans peuvent remercier Tours »
Un ministre aussi détendu que ses hôtes locaux et maniant lui aussi l’humour en revenant sur sa version du story-telling métropolitain tourangeau : « Quand je suis venu l’an dernier à Tours et que j’avais dit que ce n’était pas possible que Tours devienne métropole, je ne le pensais pas. J’avais été séduit par la démarche tourangelle, avec des élus avançant unis, qui étaient venus me voir dans mon bureau. Seulement, la position du gouvernement était alors de ne pas élargir le nombre de métropoles. J’avais prévenu Philippe Briand et Jean-Patrick Gille des déclarations que j’allais faire aux médias, en leur disant qu’en réalité pour que cela soit possible, il fallait avancer discrètement », explique ainsi Jean-Michel Baylet. On comprend ici le jeu de dupes et de coulisses nécessaires à ce type de dossiers.
Et le ministre de poursuivre : « Les villes de Dijon, Saint-Etienne ou Orléans peuvent remercier Tours, parce que c’est vous qui avez enclenché la démarche d’élargissement du nombre de métropoles ». Un Jean-Michel Baylet séduit notamment par la dynamique et l’unité trans-partisane des élus tourangeaux : « C’est un dossier de convergence et cela fait du bien. C’est pourquoi, contrairement à la position du gouvernement, je suis contre l’élection au suffrage universel des élus communautaires. Je pense qu’il faut que ces collectivités restent en dehors des logiques électives et des querelles partisanes comme ici ».
Quelle place pour Tours Métropole Val de Loire ?
L’acte de naissance effectué, place maintenant à la réalité du terrain. Tours Métropole Val de Loire doit être « un moteur pour le département » pour Philippe Briand et Jean-Gérard Paumier, le président du Conseil Départemental. Une métropole au service du territoire et de ses acteurs, nombreux à avoir soutenu la candidature dira de son côté François Bonneau, le président de la région. Une région Centre-Val de Loire qui a dorénavant deux métropoles sur son territoire, avec Orléans. « Ce pôle métropolitain donne de la force et du poids à notre région » poursuit François Bonneau, tandis que Jean-Michel Baylet appelle les Tourangeaux « à tendre la main à Orléans pour marcher de concert, en s’appuyant sur les complémentarités de chacun, plutôt que de se placer en concurrence ».
Plus qu’un label sur documents officiels, les élus tourangeaux sont persuadés que cet acte de naissance sera porteur de développement. « Tour(s) Plus c’était jusqu’à présent environ 60 millions d’euros d’investissements par an. Là, l’Etat investira en permanence dans les métropoles, nous donnant ainsi des leviers supplémentaires ». Et le président de Tours Métropole Val de Loire d’estimer à 7 millions d’euros supplémentaires l’apport de l’Etat par an. Un chiffre auquel s’ajoute l’argent du fonds d’investissements des métropoles qui était d’environ 150 millions d’euros jusqu’à présent pour les 15 métropoles déjà existantes.
Une métropole renforçant donc le poids de l’agglomération et ouvrant de nouvelles pistes d’investissements. Et les projets vont arriver vite, comme l’Arena pour laquelle des études vont être lancées ou encore la seconde ligne de tramway qui devrait être dévoilée prochainement, « mais aussi les lignes suivantes, parce qu’il faut réfléchir sur le long terme, penser à raccorder les différents pôles majeurs comme les hôpitaux et la gare de Saint-Pierre-des-Corps et cela s’anticipe » précise Philippe Briand. Dans le même temps, pour réussir le passage en métropole il faudra aussi apprendre à composer et gérer les nouvelles compétences acquises (transférées des villes ou du département), mais aussi la nouvelle structure avec de nombreux nouveaux agents et une restructuration des services. Un travail du quotidien moins visible mais néanmoins indispensable pour réussir à concrétiser les nouvelles ambitions affichées.