A Tours, les caméras de surveillance créent une fracture dans la majorité municipale

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37 degrés le soulignait dès le 3 octobre : entendre le maire de Tours parler en longueur de sécurité n’est pas habituel. Ce jour-là, Emmanuel Denis avait consacré un long propos au sujet en ouverture du conseil municipal. Un choix logique après les émeutes urbaines du début de l’été et le lancement de plusieurs pétitions de quartiers pour faire remonter une hausse du sentiment d’insécurité. Depuis, le soufflet n’est pas retombé et a même tendance à prendre de plus en plus de place.

En ce moment à Tours, la majorité municipale est plus souvent amenée à parler de sécurité que de vélo. Sujet cher à la droite, il domine l’actualité politique éclipsant les autres sujets. Emmanuel Denis a tout fait pour, souhaitant garder la main et se montrer dans l’action face à des critiques exponentielles. Après son discours du conseil municipal, le maire a notamment organisé une conférence de presse avec la préfecture et les responsables des polices Nationale et Municipale. Un fait rare pour s’appuyer sur des statistiques officielles et ainsi tenter de faire oublier la petite musique montante selon laquelle les chiffres de la délinquance augmentent à Tours ces derniers mois (c’est vrai pour les violences volontaires mais à contrario on a une forte baisse des cambriolages, vols à la roulotte ou vols avec violence sur la période janvier-septembre 2023).

Sauf que le maire et son adjoint à la tranquillité publique Philippe Geiger n’ont pas fait que commenter des chiffres. Le propos n’aurait pas suffi. La municipalité a aussi dû prendre des mesures, en particulier l’annonce de l’installation d’une caméra de surveillance mobile quartier Beaujardin après le braquage d’un bar-tabac. Une première implantation pour ce secteur de la ville, sans doute vouée à être pérennisée comme le laissaient entendre les élus.

Et c’est là que ça commence à coincer. Dans ses propos aux côtés de la préfecture, la Ville de Tours a mis en avant l’augmentation du nombre de caméras sur son territoire ces dernières années, par exemple sur le parcours reliant l’hôtel Château Belmont de Tours-Nord au stade de la Chambrerie dans le but de sécuriser le parcours de l’équipe d’Irlande de rugby qui y avait son camp de base. Un arsenal là-encore annoncé comme durable, « il servira pour d’autres aspects » nous a-t-on dit en suspens. Dans le même temps, la mairie louait l’utilisation d’une caméra mobile pour retrouver l’auteur présumé des actes de vandalisme du début d’année contre le Centre LGBTI de Touraine Rue des Tanneurs.

Des écologistes qui défendent l’outil caméras de surveillance, c’est du pain béni pour un préfet mais ça fait grincer des dents à gauche. Ainsi, jeudi 26 octobre, le groupe La France Insoumise de Tours-Centre publie un communiqué pour se désolidariser de la communication municipale. Pourtant membre de la majorité au conseil, il fustige une trahison de l’accord de campagne de 2020 :

« La France Insoumise – NUPES – Tours regrette ainsi la mise en place de caméras de vidéosurveillance supplémentaires, qui contrevient à l’accord électoral de notre majorité municipale. sans qu’aucun élément nouveau ni débat ne vienne justifier ce changement de position. »

« Toutes les organisations politiques qui constituent la majorité municipale de Tours s’étaient accordés sur la promesse qu’aucune autre caméra, coûteuse et empiétant sur la vie privée des individus, ne serait mise en place sur l’espace public, la priorité étant donnée à une police de proximité, et plus largement à un renforcement de la présence humaine, dont les effets sont largement démontrés en matière de lutte contre les crimes, délits et incivilités, tout comme en matière de prévention » écrit également l’antenne tourangelle du parti porté par Jean-Luc Mélenchon.

Le texte n’est pas signé directement par des élus mais il est revendiqué, par exemple, par l’élu LFI de Tours-Nord Bertrand Renaud : « Ce ne sont pas les caméras qui vont résoudre le problème de la délinquance. Les gens veulent des médiateurs, une police qui fasse le lien. Les caméras déplacent le problème » commente-t-il auprès de 37 degrés. Néanmoins, l’adjoint de quartier assure qu’il n’y a « pas de dissension » dans l’équipe de la majorité. Ainsi, il insiste pour dire qu’il soutient toutes les autres mesures annoncées ces dernières semaines : « Il y a juste un point d’achoppement. »

Alors que fera LFI au moment éventuel de voter pour plus de caméras au conseil municipal ? Pas de réponse directe de Bertrand Renaud : « Par principe, on est contre. On se réunira à ce moment-là pour décider. »

Si officiellement on parle juste d’un désaccord, le ton du communiqué de LFI et l’absence de réaction « en ON » de la part des personnes visées sollicitées par nos soins montre bien qu’il y a un souci. Clairement, en coulisses, la démarche du parti fait grincer des dents dans l’entourage du maire. L’union politique inédite qui a permis de remporter la ville il y a 3 ans et demi tient toujours mais la voilà qui chancelle au-delà des réunions à huis clos et ce n’est jamais très bon quand on vise une gouvernance dans la sérénité.

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