Deux soirées complètes avant même le début de l’événement… Voilà une belle prouesse pour Terres du Son qui s’ouvre ce vendredi 7 juillet. Pendant 3 jours, le domaine de Candé de Monts va vibrer au rythme des concerts d’Orlesan, Ibeyi, La Femme, Shaka Ponk, Lomepal ou Matmatah sans oublier une riche scène locale et pléthore de découvertes. La formule gagnante ? Analyse avant le lever de rideau.
La presse impatiente et un public chauffé à blanc. Une programmation qui met tout le monde d’accord avant même les premières balances ce n’est pas si souvent. Terres du Son a pas mal été critiqué pour ses choix d’artistes par le passé. Mais l’édition 2023 semble changer la donne. L’événement organisé par l’ASSO semble avoir réussi le pari de mixer à la fois mastodontes nationaux (Orelsan, Bob Sinclar, Lomepal, Adé, Shaka Ponk), poids lourds de la scène indé (Ibeyi, La Femme, Miel de Montagne, Biga Ranx) sans pour autant renier son ambition d’être un événement découvreur de talents, en particulier régionaux (Thelmaa, Toukan Toukan).
Le résultat c’est donc des pass 3 jours sold out plusieurs semaines avant l’ouverture des portes. Pareil pour les pass 2 jours. Les soirées de vendredi ET samedi sont complètes, alors même que le samedi était un jour un peu plus creux en 2022. La journée de dimanche devrait également être complète (il reste seulement quelques centaines de places). C’est dire : du côté des organisateurs on nous glisse que la jauge a été augmentée pour pouvoir accueillir tout le monde. Et on insiste sur le fait qu’il va falloir arriver tôt pour s’assurer de voir son concert préféré et ne pas finir englué dans les bouchons entre Chambray et Monts (dommage, l’offre de navette train Tours-Monts + car de la gare montoise au CEA n’est pas reconduite).
Ce succès devra se confirmer par les retours post-festival et la qualité des prestations scéniques (on se souvient du naufrage PNL en 2022 soit une grosse attente gâchée par un retard énorme doublé d’un concert en mode service minimum). Mais le pari semble bien engagé. L’aboutissement d’une formule initié en 2020, quand Terres du Son avait voulu programmer Soprano en before le jeudi soir (avant de tout annuler à cause du Covid). Depuis, le plus gros festival musical de Touraine assume un virage plus populaire, ce qui fait le succès d’événements moins mastodontes comme Yzeures’N’Rock (avec -M- par exemple l’an dernier). Pour y arriver, le festival a du sortir le chéquier dans un contexte économique des festivals inflationniste avec des artistes (ou leur entourage) de plus en plus gourmands en cachets. Et même si les puristes regrettent parfois une programmation de têtes d’affiche passe partout que l’on retrouve dans tous les festivals de l’été dans l’Hexagone, force est de constater que la formule marche auprès du grand public donc.
Hors musique, Terres du Son reste sur ses acquis et son ambition de festival éco-responsable tout en affinant sa formule. Ainsi pour ne pas trop froisser, le festival revient un peu sur sa doctrine alimentaire. En 2022, il avait exigé des formules 100% végétariennes de la part des stands de restauration. Cela avait créé pas mal de polémiques, le Conseil Départemental allant jusqu’à jouer la provocation en proposant un buffet viande-charcuterie pour son pot d’inauguration. Pour 2023, le végé doit toujours être privilégié mais sans être imposé. Le chef étoilé Gaëtan Evrard proposera par exemple un hot dog pour sa 2e année à Candé : 12 000 saucisses ont été commandées à un artisan de Montbazon.
Même en faisant certains compromis, Terres du Son ne renie pas ses engagements. Les produits doivent être locaux, bio, ou en tout cas bien sourcés. Il faut encourager le covoiturage voire les déplacements à vélo. Au village, de nombreuses associations environnementales auront leur espace. Les écogestes des festivaliers resteront encouragés avec la promesse de remporter un pass TDS valable à vie. Le public est invité à venir avec son propre gobelet et cette édition servira de test pour la mise en place d’un stock départemental de verres réutilisables comme 37 degrés vous l’avait dévoilé en exclusivité début juin. Chaque geste compte. Pour le reste, il n’y a plus qu’à espérer une belle météo et la fête sera garantie.
Olivier Collet avec Mathieu Giua
