Théâtre à Tours : « Quartett », coup de poignard tragicomique par Jacques Vincey

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C’est la dernière fois qu’il présente une création en tant que directeur du Théâtre Olympia de Tours. A quelques mois de son départ après 10 ans de service, Jacques Vincey ouvre la saison du CDNT avec une pièce au texte d’une qualité étonnante, interprétée par un duo captivant. Nous avons vu la première.

Rarement une scène de théâtre nous a parue si bien éclairée. Une lumière mystérieuse, enveloppante comme un tendre brouillard matinal. Les quelques volutes de fumée qui envahissent l’air au moment des applaudissements renforcent encore l’ambiance. On sort d’un rêve intense et fantasmagorique. 1h15 immergé dans Quartett, la dernière création de Jacques Vincey présentée jusqu’au 7 octobre au T°.

Interprétée avec force par Hélène Alexandridis et Stanislas Nordey, cette pièce traduite de l’allemand, signée à l’origine Heiner Müller, nous donne à voir le délire morbide d’un couple d’amants si passionné par la joute verbale qu’il jouit à reproduire les échanges que le Marquis de Valmont eut avec deux de ses conquêtes, jusqu’à ce que la mort scelle la fin de l’histoire.

Comme souvent au théâtre, on aimerait pouvoir suivre le texte sur papier en même temps tant certaines répliques sont puissantes. « Pourquoi vous haïrais-je ? Je ne vous ai jamais aimée », « Chaque mot est une blessure » ou encore « Votre haleine sent la solitude ». Ce ping-pong verbal est facétieux, grinçant, érotique, grisant. Il donne à découvrir des personnages à la fois pleins de désir mais aussi de rancœur, envieux de pouvoir, avides d’indépendance.

Dans Quartett se déploie l’archétype de la femme forte qui sait ce qu’elle veut dans l’intimité de sa chambre à coucher autant que le portrait type de l’amant qui pense tout contrôler mais qui, au fond, n’est qu’un pion interchangeable. L’acteur et l’actrice bouleversant leur rôle au fil de la pièce, on s’y perd parfois un peu mais il reste le texte. Ces longs monologues bestiaux où l’on cause fidélité autant que douceur de la peau.

Par petites touches, la musique la musique d’Alexandre Meyer vient ajouter un peu de douceur et de dramaturgie pour nous guider dans nos émotions. Et à la fin, on sort de la salle dans le même état que le décor sur la scène : tout froissé.

Crédit photos : Christophe Raynaud de Lage.

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