The Cure à la moulinette tourangelle

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C’est un débat sans fin : à quoi servent les albums de covers des grands groupes de rock, puisque ce sera automatiquement moins bien que les originaux (voire une hérésie pour les vieux ronchons) ? D’après cette logique, des albums de covers de groupes de merde pourraient en revanche s’avérer tout à fait utiles. Bon, à défaut d’avoir une vraie bonne réponse bien tranchée à cette question, on se contente généralement de les écouter, pour voir si c’est plutôt raté ou réussi.

Recto

Sept groupes du coin sont ainsi passés par Keen Studio pour crier leur amour de Cure et malaxer un tout petit bout de l’immense (en taille comme en qualité/influence/créativité/émotions/expérimentation) répertoire d’un vieux groupe toujours très écouté et plébiscité par plein de très jeunes musiciens.

On écoute ça ensemble.

  1. Roller 79 «Close to me»

Evidemment il faut avoir l’humour de Roller 79 pour foutre un petit bout de «Lovecats» au milieu de «Close to me» et terminer la chose par un petit son de guitare très aérien, limite Mark Knopfler, l’un des concurrents notoires de Robert Smith dans les 80s. Champions des souffles, bourreaux des chœurs, as des nappes de synthé et dealers de clins d’œil en tout genre, Roller 79 surfent en permanence entre cover fidèle et interprétation très personnelle. On commence à en avoir marre de contribuer régulièrement au gonflement de leurs chevilles, mais bon il faut bien le dire : dix sur dix.

  1. La Berceuse & Not 4 DL «Lullaby»

En choisissant «La Berceuse» comme nom de scène, la talentueuse Nathalie Manguy (récemment auréolée d’un prestigieux coup de cœur de l’Académie Charles Cros) n’imaginait sans doute pas un jour reprendre «Lullaby» de The Cure. La voici accompagnée par le «chef de projet» de la compil Cyrille Peltier de Keen Studio caché sous le pseudo «Not for Download», pour une version piano/programmation à la fois douce et inquiétante et au final pas forcément idéale pour endormir un gamin (vous me direz l’original ne l’était pas non plus, mais là on aurait pu y croire un peu).

  1. Peter Pitches «Lovesong»

On continue sur l’album «Disintegration» de 1989, dernier chef d’œuvre avant la mort lente du groupe anglais. Fidèles à l’original comme à leur sensibilité à fleur de peau, les Peter Pitches nous offrent une interprétation gracieuse et toute en douceur, avec un son particulièrement bien travaillé sur le rythme et la basse et un chant tout en retenue. Très chic.

  1. Volta «Charlotte Sometimes»

Le duo Cyrille Peltier/Guillaume Ponsard, têtes pensantes du label/studio Keen Studio, placent la barre assez haut en optant pour un morceau casse-gueule et exigeant. Interprétation très libre, harmoniques surprenantes et guitare cristalline, moments de respiration rendant le morceau un peu plus «fréquentable» que la noirceur abyssale de sa version originale, cette chappe de plomb étouffante, ce joyau de la cold wave. Gonflé, très joueur, périlleux, étonnant : ce serait bigrement intéressant d’entendre la réaction de Smith et consorts à l’écoute de cet ovni…

  1. Not 4 DL «Just like heaven»

Seul véritable remix (les groupes avaient le choix entre cover et remix), voici une version à la fois survitaminée, chaleureuse, compacte et habilement déconstruite, aux accents jungle, qu’on imagine bien gravée sur un joli maxi 45 tours d’époque, perdu chez un disquaire.

  1. Sapiens Sapiens «I run away»

A vous de reconnaître le vrai titre… ça commence comme du Bashung, ça continue comme du New Order, puis voilà une guitare qu’on croirait tout droit sortie du Buena Vista Social club et enfin une boîte à rythmes super mate, limite indus à certains moments. La voix désespérée de Robert Smith se balade là-dessus, plus perdue que jamais, apportant une touche mélancolique à un bordel presque joyeux dans lequel on perçoit facilement que notre duo très joueur a encore dû bien se marrer en (dé)(re)composant tout ça !

  1. Haxis «A forest»

Rien ne vaut l’ambient trash de Haxis pour clôturer un disque. Expérience intéressante, électrique autant qu’électronique, et limite provoc, autour d’un morceau intouchable pour les fans qui devraient changer de couleur d’un coup après leur moue forcément/férocement dubitative sur les 6 premiers titres. Puisqu’on vit à une époque où on peut danser sur ce qu’on veut à la vitesse qu’on veut, Haxis en profitent et s’en sortent haut la main, coquins jusqu’au final légendaire de ce morceau qu’ils secouent dans tous les sens certes, mais non sans respect de l’esprit initial.

Un degré en plus

> CD gratuit, diffusé sous le manteau ou dans des concerts, ou plus trop parce qu’il n’y en a eu que 300 exemplaires et qu’une bonne partie a été dévorée à Terres du Son.

+ bonus > Le conseil 37 degrés : si tu prends l’apéro chez quelqu’un qui l’a, fais le coup du «heu… je crois que ça a frappé à la porte, là» et chourave-le pendant que ton hôte est allé voir à la porte.

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