Bien que franco-cubaines, ces deux sœurs qui n’ont besoin de personne pour occuper la scène – aussi grande fût-elle – sont une espèce de quintessence de la soul anglaise des 60 dernières années, proposant un entremêlement mélancolique de voix, de sonorités électroniques et d’envolées de piano aussi gracieux que classieux, aussi bluesy que jazzy, aussi contemporain qu’ancestral et aussi électronique qu’organique et acoustique, empruntant autant au blues qu’à Björk.
Une bien belle idée de Terres du Son de lancer un festival avec Ibeyi dès 19h un vendredi soir, alors que beaucoup étaient encore tranquillement en train de se faire beau devant la glace : quelques centaines de personnes sous le soleil pour absorber le subtil nectar de jumelles simples et espiègles qu’on se prend à rêver d’être les égéries d’un futur album de Massive Attack, reprenant le flambeau précieux de Shara Nelson, Nicolette, Liz Fraser, Tracey Thorn, Martina Topley Bird ou autre Sinead O’Connor.
Musique sobrement spirituelle, appel des profondeurs, gospel moderne semblant issu de la nuit des temps, accompagné par une pincée d’éléments de notre époque utilisés avec finesse et parcimonie et de percussions qui donnent à l’expression «tribal» une couleur paisible et lumineuse. Un onguent langoureux et jouissif qui panse les vagues-à-l’âme et (re)donne foi en l’humanité : ce dont on a vraiment le plus besoin par les temps qui courent et s’affolent.
> Un degré en plus
A puiser sans fin : http://www.deezer.com/album/9611552
Crédits photos : Laurent Geneix et Christelle Bernard pour 37°