Le nom de Stéphane Genêt ne vous est peut-être pas inconnu… Cet enseignant du lycée Choiseul de Tours-Nord est le cocréateur de l’événement historique annuel de son établissement, Les Salons de Choiseul, cycle de conférences historiques accessible aux spécialistes comme aux néophytes. Alors que l’événement s’apprête à tirer sa révérence, l’homme entame une nouvelle carrière de romancier avec un premier roman d’espionnage au cœur du XVIIIe siècle.
« C’est une période de l’Histoire avec une grande richesse culturelle et intellectuelle mais elle est peu connue et peu enseignée. C’est dommage parce qu’elle est aussi rocambolesque, amusante, avec du panache et du souffre. » Voilà ce que dit Stéphane Genêt quand il évoque l’époque à laquelle se déroule L’affaire écossaise, premier tome des aventures de Leslie « espion du roi » qu’il publie cet été.
Nous sommes au milieu de XVIIIe siècle, les années 1745-1746 (sous le règne de Louis XV). Repéré pour son culot sur un champ de bataille, le fameux Leslie entreprend de retrouver un prince écossais traqué par les Anglais afin de le ramener en France en toute sécurité. On suit le jeune homme dans sa première grande affaire en direction de la Suède, puis dans les campagnes et les îles écossaises. On découvre sa fougue, ses erreurs, sa malice ou sa chance.
Un sujet découvert en thèse avant de la raconter dans ce livre
« C’est un roman mais l’histoire est véridique. 80% de ce qui y est raconté s’est vraiment passé » confie l’auteur qui travaille sur son manuscrit depuis trois ans et fait le chois de s’autoéditer pour sa première publication, après quelques contacts infructueux avec des éditeurs (néanmoins utiles pour peaufiner le contenu de l’ouvrage). Leslie a donc vraiment existé, il a réellement traversé l’Europe pour sauver le prince, il a réussi à se sortir d’un incendie et ce n’est pas la seule affaire qu’il a menée à bien.
Si Stéphane Genêt a choisi de conter une telle aventure, c’est parce que l’espionnage dans la France des années 1700 est un sujet qu’il maîtrise sur le bout des doigts : après avoir débuté sa carrière par des travaux sur l’histoire contemporaine, notamment la presse de la seconde guerre mondiale, il y a consacré une thèse publiée en 2013. « Quand je l’ai soutenue on m’a dit que son style était très romanesque » se souvient-il. Un compliment. Passé par Joué-lès-Tours ou Dreux avant d’arriver à Choiseul, le prof enseigne l’histoire au lycée depuis 1998. En 2012, il a lancé les Salons de Choiseul avec la documentaliste Sylvie Mercadal et, depuis peu, il collabore avec le Youtubeur tourangeau Nota Bena pour écrire des scripts de vidéos historiques. Bref, la vulgarisation de l’histoire pour la rendre accessible au plus grand nombre c’est quelque chose qu’il a dans le sang (il a également participé à la rédaction de manuels scolaires). « J’aime bien tâter différents trucs » commente-t-il.
Quel est le vrai rôle des espions du roi ?
Avec cette affaire d’espionnage, il nous plonge dans la tête d’un personnage dont la discrétion est une arme aussi utile que l’épée. L’homme est hyper impliqué, il va au-delà de ce qu’on lui demande… mais pour quels résultats réels ? « On a tendance à imaginer que les espions ont eu un rôle colossal et qu’ils ont changé le cours des batailles. La plupart du temps ce n’est pas le cas » douche Stéphane Genêt.
« Les chefs de guerre disent qu’ils sont essentiels mais dans les faits il y a tellement de facteurs qui rentrent en compte que ce qu’ils font ne constituent que de micro-événements. Ça m’amuse de voir les théories complotistes qui leur donnent des rôles énormes : souvent ça vient de personnes qui connaissent mal les services secrets. »
Quand on lit le roman de l’enseignant, certains détails auxquels on ne prête pas forcément attention au fil des pages sont pourtant des éléments clés du contexte historique : « A l’époque la communication était compliquée. On se passait les informations par lettres, le gel empêchait les bateaux de partir. Tout prenait énormément de temps. Quand il y avait une bataille en Belgique, il fallait qu’un homme fasse toute une journée de cheval pour aller prévenir le roi de ce qu’il se passait. Aujourd’hui, on sait tout instantanément. » On apprend également qu’à l’époque, le terme même d’espion était tabou. On lui préférait celui d’officier. On s’amuse aussi de voir qu’en pleine épopée, lors des pauses dans les relais de poste, on changeait de cheval comme on zappe d’une trottinette électrique à une autre 3 siècles plus tard.
L’Affaire écossaise est à découvrir en ebook ou en version papier si vous le commandez à La Boîte à Livres, la Fnac voire Cultura (15€90). C’est le premier tome d’une saga dont un nouvel épisode est attendu avant la fin de l’année.
Un degré en plus : la fin des Salons de Choiseul
C’est l’épilogue d’une aventure de 8 ans. Cette année, Les Salons de Choiseul n’auront pas lieu. Stéphane Genêt et Sylvie Mercadal ont décidé d’y mettre fin pour plusieurs raisons, notamment la difficulté de trouver suffisamment de temps et de soutiens pour que l’événement perdure. L’enseignant et la documentaliste vont ainsi en profiter pour développer des projets personnels, tout en laissant la porte ouverte à une poursuite de l’événement si d’autres collègues souhaitent reprendre le flambeau.
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