Samba Otimo : « on essaye d’être vigilants sur ces questions d’images »

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La semaine dernière fut une drôle de semaine pour Mathieu Jolly. Membre du collectif Samba Otimo, dont il est fondateur, Mathieu a subi en effet avec ses partenaires, de plein fouet, la polémique autour de l’inauguration de la station d’épuration de Luynes où ils étaient pour une prestation d’animation.

image d'archives (c) Samba Otimo
image d’archives (c) Samba Otimo

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10 jours plus tard, Mathieu revient avec nous sur cet épisode qui a pu surprendre par son ampleur. Le symbole d’une société qui évolue et qui n’accepte plus certaines représentations dans les rapports hommes-femmes. « Là où ça nous touche c’est qu’on essaye d’être vigilants sur ces questions d’images d’ordinaire. On impose généralement la présence des membres masculins avec ». Reconnaissant une part de responsabilité, par manque de vigilance à l’instant T, Mathieu Jolly regrette néanmoins l’ampleur de la polémique et du bad-buzz. « Une des danseuses a reçu des propos injurieux en privé sur les réseaux sociaux, on a contacté un avocat pour se renseigner de comment il fallait qu’on réagisse».

« Personne n’a demandé comment allaient les danseuses, ni même leur prénom »

Le poids des réseaux sociaux et de son déchaînement de commentaires par écrans interposés, sans filtres, l’histoire est connue et entendue, mais reste difficile pour qui la subit de plein fouet. Avec du recul sur cet épisode, Mathieu Jolly donne son avis sur le cliché pointé : « si on me demande si en voyant cette photo comme ça sans contexte, elle me choque. Oui c’est le cas. Pour autant, il faut faire attention à ne pas tomber dans l’excès inverse, je trouve qu’on glisse petit à petit dans une société de plus en plus puritaine », et notre interlocuteur de poursuivre : «  On pourrait rétorquer que les danseuses font ce qu’elles veulent de leur corps. Le débat va plus loin que cette simple image mais on passe à côté je trouve ».

Touché par la polémique, Mathieu Jolly l’est surtout par la violence de certains propos, mais aussi l’hypocrisie autour : « Dans tout ce que j’ai lu, personne n’a demandé comment allaient les danseuses, ni même leur prénom » pointe-t-il tout en préférant garder ces prénoms pour lui, pour garantir leur vie privée.

Au fil de la discussion, Mathieu Jolly rappelle les origines populaires de la samba, une danse musicale née d’anciens esclaves au début du XXe siècle et évoque la culture brésilienne où l’image est tout autre. « La Samba permettait des moments d’évasion dans un quotidien difficile. De plus c’est parce que la femme dénudée était prohibée que les danseuses ont montré leur corps en dansant. Cela prend un autre sens quand on va au Brésil ».

Une pratique populaire en marge du milieu culturel

Il faut dire que batteur d’origine, Mathieu Jolly a fait de la samba et de la battucada (section rythmique de samba) sa passion mais aussi son métier. Fondateur de Samba Alegria, collectif bien connu à Tours pour ses déambulations publiques, notre interlocuteur y anime des cours pour amateurs. Et en 20 ans d’existence Alegria a vu passer 500 à 600 personnes dans ses rangs, « avec des superbes histoires humaines ». Des membres qui pour certains ont remonté depuis des collectifs ailleurs, sur le même modèle comme à Nantes. Une fierté comprend-on à écouter Mathieu.

Pratique populaire pour reprendre l’expression, les collectifs de samba et de batucada peinent néanmoins à se faire une place dans les codes des univers culturels traditionnels. Ni classée dans les arts de la rue, ni dans la culture à proprement parlé, la samba (et ses dérivés) vit en marge du milieu culturel nous confie notre interlocuteur. Bien sûr Alegria fait partie des compagnies résidentes au 37e Parallèle, une situation issue du feu Projet 244, où le collectif avait réussi à se faire une place, mais pour autant aucune subvention n’est perçue, d’où l’importance pour ceux ayant fait de cette passion un métier, des prestations événementielles, à travers différents collectifs professionnels plus ou moins liés comme Samba Otimo, celui présent ce jour-là à Luynes.

Aujourd’hui la crainte est présente chez lui sur les retombées d’un tel bad buzz sur son activité : « Le risque pour nous derrière ce genre de polémiques, c’est que la prochaine fois on ne fasse plus appel à nous, par vigilance. Pourtant ce genre d’événements nous permet de vivre ».

Crédit photos : Samba Otimo

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