Rubin Steiner dans la galaxie du dancefloor

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Avec «Vive l’électricité de la pensée humaine» (car grâce à elle on fait tourner des amplis et une table de mixage, c’est ça ?), le Tourangeau Rubin Steiner retourne à la composition solo pour la première fois depuis la naissance du collectif Drame en 2015, qualifié de «groupe récréatif» par JD Beauvallet dans les Inrocks et de «retour aux sources organique, cérébral et millimétré» par 37 degrés. Tellement solo qu’après le Rubin Steiner Quartet, le Rubin Steiner Neue Band, le Rubin Steiner & the Simple Machines et le Rubin Steiner Band, on devrait dans les prochains mois voir sur scène le Rubin Steiner Tout Seul Comme Un Grand.

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Frais, sautillant et parfois subrepticement et subtilement mélancolique, ce 10e opus (ou 8e, 9e ou 11e, ça dépend comment on compte) lorgne avec insistance vers la piste de danse. Un amour plus profond que jamais, qui laisse présager que le prochain album de Rubin Steiner pourrait être totalement silencieux car l’artiste aura définitivement lâché les manettes pour pouvoir enfin danser tranquille !

37 degrés : Tu approches les 20 ans de carrière musicale sous le nom «Rubin Steiner», ta manière de composer a-t-elle changé depuis 1997 ?

Rubin Steiner : A l’époque c’était les premiers ordinateurs personnels, c’était très basique, mais pourtant j’ai découvert qu’on pouvait composer des morceaux entiers en enregistrant des bouts de sons, en les découpant et en les mettant bout à bout. Je ne me suis jamais vraiment éloigné de ça.

37 degrés : A cette époque tu étais avant tout guitariste ?

Rubin Steiner : Oui, pas un super guitariste, mais on avait un groupe qui s’appelait Merz qui a duré environ deux ans. On avait notamment fait la première partie de Diabologum au Brind’Zinc place Foire le Roi, c’était un mercredi et je me souviens que c’est le jour où ils avaient fait la couv’ des Inrocks pour leur album #3 (Lithium, 1996). C’est aussi ce jour-là que j’ai rencontré leur ingé son, qui est devenu par la suite mon ingé son, Stéphane Teynié du label Cornflakes Zoo de Bordeaux. Mon premier EP est un peu plus tard arrivé entre les mains de Laurent Lafargue qui avait créé Platinum, qui allait donc devenir mon premier label dès 2000, et qui l’est encore aujourd’hui. Tout se passe très bien, Laurent me laisse faire ce que je veux, c’est super.

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«Rubin Steiner fouinant dans les vinyles chez Madison, avec en premier plan LA trouvaille du jour : son tout premier disque, édité à une centaine d’exemplaires !»

 

37 degrés : Tu n’as jamais intégré la guitare dans tes compositions ?

Rubin Steiner : Si, un tout petit peu, sur le premier album ça ne s’entend pas trop mais il y a un peu de guitare avec les samples et le synthé. D’ailleurs je l’ai encore ce synthé, il nous sert aussi pour Drame, il marche toujours. Mais bon, je n’ai jamais été trop geek ou matos, ça ne m’a jamais trop intéressé ; d’ailleurs «Vive l’électricité de la pensée humaine» a été entièrement composé sur ordinateur.

37 degrés : Ce dernier album est parfois très simple, comme si tu cherchais une espèce de pureté primaire. Est-ce que tu tends vers ça ?

Rubin Steiner : Peut-être, oui… Ce qui est sûr c’est que j’ai composé cet album très vite et que j’ai eu l’impression de «jouer à l’ordinateur», je n’ai jamais été dans la composition laborieuse et complexe. Je trouvais des petites mélodies très simples que je gardais précieusement. Cet album de treize titres repose sur trois titres de départ, que j’ai gardés et dont j’ai par la suite composé des versions alternatives en ajoutant et en enlevant des sons, en changeant parfois le tempo. Tout ça en seulement deux semaines.

37 degrés : L’un des clips de Drame est un montage de chorégraphies trouvées sur le net, «Uranus Samba» le premier clip extrait de «Vive l’électricité de la pensée humaine» est une chorégraphie de Daniel Larrieu et la plupart des titres de l’album donnent très envie de danser…

Rubin Steiner : …et le prochain clip aussi sera une sorte de chorégraphie, enfin… un cours de danse pour être précis. Oui, j’avais envie de faire de la techno, ça fait vingt ans que je mixe parallèlement à mes concerts et à mes disques, donc ça me démange. Depuis un mois ou deux je fais des DJ sets uniquement avec des morceaux à moi, dont certains ne sont jamais sortis. J’adore ça : c’est hyper gratifiant de faire danser les gens avec ses propres morceaux. Pour ce nouvel album j’avais vraiment envie de mettre des morceaux que j’ai ou aurais envie de passer quand je fais le DJ.

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37 degrés : On trouve donc sur ce nouveau disque la quintessence de ce que tu aimes passer en tant que DJ pour faire danser les gens ?

Rubin Steiner : C’est exactement ça. Avant, en tant que DJ je ne passais quasiment jamais mes morceaux, parce que je les trouvais un peu «en-dessous», pas vraiment dansables, en fait. Alors que là, si, je revendique ça et c’est une nouvelle étape importante dans mon parcours. Du coup pour mes sets j’ai rebricolé des vieux morceaux qui marchent aussi très bien. J’adore cette sensation de pouvoir écouter ses propres morceaux à fond, quand il y a une grosse sono !

37 degrés : Puisqu’on parle de danse, comment s’est passée ta collaboration avec le chorégraphe Daniel Larrieu ?

Rubin Steiner : On avait déjà travaillé ensemble sur son spectacle «Feutre» en 1999, j’avais fait la bande-son (jamais éditée sur disque – ndlr), un truc assez indus, plutôt bizarre, que je n’ai jamais réécouté depuis… Cela faisait très longtemps que je l’avais vu et j’avais eu l’idée et l’envie que Daniel Larrieu danse sur l’intégralité de l’album de Drame, mais je n’avais pas osé l’appeler. Mais pour «Uranus Samba», j’ai osé et il a dit oui tout de suite. De mon côté j’avais préparé les projections et lui de son côté avait préparé deux trois trucs, mais ç’a été rapide : on a tourné sur une journée et le lendemain j’avais déjà fini le montage.

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37 degrés : Tous les titres de «Vive l’électricité de la pensée humaine» sont liés à l’espace, aux planètes. Comme en plus c’est un double album de musique électronique, on pense tout de suite au chef d’œuvre d’ambient house «Adventures beyond the Ultra-World» de The Orb (1991). Connais-tu ce disque ? Et pourquoi cette thématique particulière que tu n’avais jamais «abordée» auparavant ?

Rubin Steiner : Non, je n’ai jamais écouté The Orb. J’ai choisi cette thématique pour plein de raisons. D’abord parce que c’est de la musique instrumentale, mais que dès le départ j’avais une histoire en tête pour ce disque, une histoire intime et personnelle. J’ai un rapport particulier avec la littérature et un rapport bizarre avec les chansons : je suis sensible à la voix, mais pas du tout aux paroles des chansons, sauf exception style Gainsbourg et Brassens. Pour faire court : pour moi les mots c’est dans les livres et pas dans les chansons, mais bon, ça c’est très personnel. Je n’avais pas envie de raconter autre chose que la danse dans ce disque-là, je ne voulais pas qu’on me parle «sons vintage» de synthés, donc j’ai uniquement travaillé avec des sons de maintenant, et je n’avais pas envie non plus qu’on me parle de styles de house, de musique de club, tout ça. Je me dis que le dernier truc un peu mystérieux du Monde, ce serait peut-être bien l’espace, et ça, du coup, c’est un sujet qui m’intéresse. Mon attirance pour la science-fiction est assez récente, elle date d’il y a quelques années.

Propos recueillis le 29 octobre 2016

sur la terrasse du Winchester à Tours.

Un degré en plus

«Mon moteur c’est la littérature, plus que la musique. C’est ma principale source d’inspiration et c’est particulièrement vrai pour ce disque.»

Pas de playlist donc, mais une petite «readlist» de Rubin Steiner

crédits photos : Laurent Geneix pour 37°

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