Philippe Freslon : « les débordements poétiques sont encore possibles »

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30 ans c’est l’anniversaire que La Compagnie Off va célébrer samedi soir dans son écrin du Point Haut à Saint-Pierre-des-Corps. 30 ans de folies et de démesures comme les Off se sont faits experts depuis 1986 et la création de la Compagnie par Philippe Freslon. 30 ans que les Off ont traversé en imposant un style et en contribuant à l’essor et au développement des Arts de la Rue au même titre que d’autres compagnies comme La Machine, Royal Deluxe, les Commandos Percus, Transe Express et d’autres…

Et pour marquer cette anniversaire, la Compagnie Off a une nouvelle fois prévu une soirée intense avec des clins d’oeil aux créations successives : de Carmen aux Girafes, en passant par les Gros ou encore Wild Side Story, le dernier né l’an passé.

Retour en arrière donc mais aussi regards tournés vers l’avenir avec notamment une table ronde l’après-midi, regroupant une vingtaine d’acteurs des arts de la rue en France et en Europe. Une rencontre initiée par Philippe Freslon pour dresser un bilan mais aussi réfléchir à de nouvelles perspectives pour des disciplines artistiques qui peinent de plus en plus à trouver des financements, que ce soit pour le volet production ou celui de la diffusion.

Nous sommes allés interviewer Philippe Freslon pour parler justement des Arts de la Rue, de leur essence et de leur avenir :

37° : En marge des festivités vous organisez une rencontre avec les autres compagnies pour réfléchir ensemble à l’avenir des Arts de Rue. C’était une nécessité ?

Philippe Freslon : Pour cet anniversaire nous avions envie d’un moment poétique, mais aussi d’une réflexion pour savoir comment répondre aux problèmes de financement notamment pour les grandes formes.

37° : Qu’espérez-vous qu’il en ressorte ?

Philippe Freslon : Cela fait longtemps que l’on ne se pose pas les bonnes questions. Il faut faire une anatomie du monumental, savoir où on en est pour dresser des perspectives. C’est la première fois qu’autant d’acteurs sont réunis à l’initiative d’une compagnie. C’est un travail d’expertise que nous souhaitons lancer et en sortir un document pour les institutions derrière.

37° : Justement, vous le répétez régulièrement, le rapport aux institutions changent. Est-ce la fin d’un modèle culturel français basé sur le financement public ?

Philippe Freslon : La question c’est : est-ce que les institutions sont encore capables de soutenir la culture ? Bien sûr les budgets sont de plus en plus serrés mais il faut rappeler aussi que la culture est source d’une économie qui s’exporte à l’international en plus. La culture produit de la richesse et aujourd’hui c’est un secteur qui est fragilisé par un manque de soutiens.

37° : La solution est donc de se tourner vers le mécénat comme ce fut le cas pour votre création Wild Side Story l’an passé ?

Philippe Freslon : C’était la première fois que nous avions recours au mécénat pour nos créations. Vinci a donné plus que les collectivités et nous a rien demandé en retour. Ils n’ont eu aucun regard sur l’artistique, on a fait absolument ce qu’on voulait, sans aucune obligation derrière. La question à se poser est comment peut-on continuer à faire de nouvelles choses, à continuer de créer, de diffuser ? Le schéma classique avec le cadre institutionnel s’estompe, il faut donc trouver de nouveaux horizons tout en gardant en ligne de mire que les projets artistiques doivent rester au cœur de tout, tout en gardant aussi notre volonté de créer des rencontres avec le public, de créer des zones de friction…

37° : Quel regard avez-vous sur l’évolution des Arts de la Rue ces dernières années ?

Philippe Freslon : Il y a une forme d’aseptisation. Pour ces mêmes problèmes de financement, on va de plus en plus vers des petites formes avec le risque de tomber souvent dans de « l’animatoire ». Il y a également moins de possibilités d’exubérance, de débordement et moins de sens de rébellion comme on pouvait avoir, nous « les vieux », à l’époque.

37° : Vous parlez des « vieux ». Vous êtes beaucoup de compagnies aujourd’hui réputées à être nées à la même période, dans les années 80. Que gardez-vous de cette période ?

Philippe Freslon : Il faut rappeler que tout est lié à l’élection de Mitterand en 1981 et de l’impulsion donnée par Jack Lang à la culture en général. Sous Giscard le cirque dépendait du ministère de l’agriculture par exemple, c’est dire. Toutes ces compagnies sont nées à cette époque, avec l’effervescence qu’il y avait. On avait envie d’explorer des univers, de jouer avec notre environnement, de déborder des cadres…

37° :  Tout cela est encore possible à l’avenir ?

Philippe Freslon : Bien sûr, si on continue d’être vifs, inventifs et intuitifs, alors le débordement poétique est encore possible. Tant que l’on réussira à faire rencontrer les publics avec un imaginaire ce sera le cas. Ce cela qui nous anime toujours 30 ans après.

Infos pratiques : « Take 3OFF », samedi 25 novembre de 19 h à 4 h du matin, au Point Haut (20, rue des Grands-Mortiers à Saint-Pierre-des-Corps). Tarifs : 12 euros / 10 euros (réduit) / Gratuit pour les moins de 12 ans. Billetterie sur place. Plus d’infos sur le site de la Compagnie Off.

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