On a rencontré la nouvelle directrice du Musée du Compagnonnage

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C’est le seul musée de Tours dont la fréquentation a progressé en 2018 : on a comptabilisé 42 196 entrées au Musée du Compagnonnage, 2 000 de plus qu’en 2017. Et ce malgré les difficultés d’accès au site, en raison du chantier de construction des hôtels du projet Porte de Loire. Bonne nouvelle pour l’établissement : 2019 devrait également être une bonne année. Elle est en tout cas synonyme de changement avec l’arrivée d’une nouvelle directrice en juillet. Nous avons pris rendez-vous avec elle. Portrait d’une passionnée d’histoire et de métiers manuels.

« J’ai suivi un parcours universitaire plutôt classique alors je suis admirative de tous ces gens qui parviennent à se concentrer pendant des heures pour travailler sur quelques mm². » Virginie Tostain ne se définit pas comme une manuelle, mais elle sait parfaitement de quoi elle parle. Pendant de nombreuses années, la jeune femme a arpenté les chantiers de rénovation du patrimoine, elle y a même animé quelques ateliers ou des rencontres avec les équipes en plein travail. Fille d’un ébéniste de la Sarthe, elle peut également afficher sur son CV la participation à une initiation au travail des vitraux, et une autre à la taille de la pierre.

On la retrouve dans son bureau du Musée du Compagnonnage, au pied d’immenses étagères remplies de documents historiques. L’une de ses fenêtres offre une vue imprenable sur le chantier des hôtels du Haut de la Rue Nationale. Des travaux qui avancent vite, selon elle ; Point de vue logique d’une personne qui vient tout juste d’arriver / sa prise de poste remontant au mois de juillet.

Un parcours universitaire orienté vers l’histoire médiévale

Virginie Tostain baigne dans l’univers du tourisme depuis son adolescence : « A 15-16 ans j’ai eu ma première expérience de guide conférencière au Château de Montmirail… Mais rien à voir avec le film Les Visiteurs même si beaucoup de personnes faisaient la confusion. » Après le bac, elle entame des études d’histoire au Mans, avec une spécialisation pour l’époque médiévale. A ce moment-là, « je voulais devenir guide et j’ai intégré le réseau des Villes et Pays d’Art et d’Histoire dans le Perche sarthois qui couvre environ 80 communes très rurales. » En 2011, l’étudiante part à Bordeaux pour un master ROMAP (traduction : Régie des Œuvres et Médiation de l’Architecture et du Patrimoine). Par la suite elle remonte un peu plus au nord jusqu’à Angoulême avant d’être recrutée à Châtellerault. C’était en 2012 :

« J’étais animatrice en architecture et patrimoine avec l’objectif de contribuer à l’éducation au patrimoine, mais pas seulement dans une logique touristique. C’est un service qui s’est créé à mon arrivée et qui compte aujourd’hui 6 personnes. Nous avons travaillé avec les associations locales et rurales ou les entreprises du bâtiment autour de la restauration des monuments ? en axant notre démarche sur la médiation avec le public. C’est très intéressant. Sur les chantiers, j’essayais toujours de créer des rencontres avec les architectes, les artisans et le public. Et quand vous allez dans un village de 500 habitants, vous touchez rapidement tout le monde. »

Virginie Tostain, directrice du Musée du Compagnonnage de Tours

Si elle n’a pas de lien direct avec le Compagnonnage, cette expérience de 7 ans dans la Vienne a solidifié l’intérêt de Virginie Tostain pour les métiers manuels. A la lecture de ce parcours, son arrivée à ce poste n’est pas des plus surprenantes. « Je n’ai pas forcément une grosse expérience des musées mais le sujet m’intéressait beaucoup » dit-elle. Habitante de Saint-Pierre-des-Corps bien avant son recrutement, elle avait d’ailleurs déjà eu l’occasion de visiter l’établissement. « Il est assez unique en son genre. En France, la plupart des Musées du Compagnonnage sont rattachés aux maisons ou aux sociétés alors qu’à Tours depuis 50 ans – comme à Romanèche-Thorins – on prend de la hauteur, et on transcende ces regards-là. »

Un parcours de visite bientôt réorganisé

La nouvelle directrice prend ses marques au fur et à mesure, au sein d’une équipe de 15 personnes : « J’apprends à connaître tout le monde, je découvre le compagnonnage à travers mes lectures. » Sur son bureau, le livre d’une femme qui témoigne de son expérience dans ce milieu particulièrement masculin. On apprend ainsi que dans le musée les chefs d’œuvres conçus par des femmes se comptent sur les doigts d’une main, « et de nombreux titres de métiers ne sont pas féminisés. On dit par exemple une tailleur de pierre. »

Virginie Tostain a une vision précise du compagnonnage : « J’aime bien l’idée que c’est un réseau, avant tout un système de transmission qui fait la force de cette entité même si il existe des chemins d’excellence dans d’autres filières comme les CFA. » Cette force de la formation, elle aimerait en accentuer les références au sein du musée tourangeau. Insister aussi sur le côté contemporain de tous ces métiers : « Il nous arrive d’avoir des visiteurs qui demandent si le compagnonnage existe toujours. Donc il faut mettre davantage en avant le compagnonnage vivant. Les chefs d’œuvres récents ne sont présentés qu’en fin de visite et elle commence en montrant des métiers disparus. » En effet même si l’on a reparlé du compagnonnage au printemps après l’incendie de Notre-Dame de Paris en évoquant les qualités des compagnons charpentiers, ces spécialités ne sont pas si régulièrement en Une. Hormis le jour où Emmanuel Macron est venu inaugurer les nouveaux ateliers des Compagnons du Devoir à Tours Nord.

Pour mettre l’accent sur l’actualité des compagnons, Virginie Tostain travaille donc à un réaménagement du circuit de visite du musée, et à la tenue d’une exposition sur le compagnonnage du XXIe siècle qui pourrait être inaugurée avant l’été 2020.

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Le saviez-vous ?

Le Musée du Compagnonnage de Tours possède environ 4 000 objets dont 700 présentés au public

En ce moment on peut y voir un Balzac en sucre

Le parcours de visite fait environ 500m²

« Certains objets sont difficiles à identifier car déposés à l’accueil sans explications » explique Virginie Tostain. Des salariés du musée sont donc chargés de reconstituer leur histoire

Un cycle de conférences devrait voir le jour en 2020

Le musée accueille régulièrement des étudiant, par exemple récemment pour une thèse sur les chansons de compagnons


Un degré en plus :

Le Musée du Compagnonnage organise des événements pour les Journées du Patrimoine. Les détails sur Info-Tours.fr.

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