Lohengrin Papadato, artiste du détail nouvellement installé dans le Vieux-Tours

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Le Quartier des Arts du Vieux-Tours a un nouveau pensionnaire : Lohengrin Papadato vient de s’installer au 3 Rue du Poirier, à deux pas de la Place Plumereau. Ce Tourangeau d’origine formé aux Beaux-Arts d’Angers avait jusqu’ici un pied à terre aux Ateliers de la Morinerie de St-Pierre-des-Corps. Avec ce déménagement vers une adresse partagée avec l’artiste Léa D, il offre une belle vitrine à la sérigraphie au cœur du centre historique de la ville.

« A la radio je mets FIP. J’aime aussi beaucoup le métal et les musiques traditionnelles. Des fois je me dis ‘Tiens, qu’est-ce qu’ils écoutent en Mongolie ?’ et je peux passer une demi-journée à écouter du yodel. » Parler musique avec Lohengrin Papadato permet de mieux appréhender son art et sa démarche. On le devine à ses goûts, c’est un esprit voyageur. Et c’est aussi ce qu’on décèle dans ses dessins sérigraphiés, imprimés directement dans son atelier. Des paysages oniriques, fantasmés, imprégnés de science-fiction.

Et si l’on est un peu interdits devant un certain gigantisme, on n’est pas pour autant largués en pleine cambrousse. On se raccroche à des détails familiers (une maison, un mouton, un Pokémon). Au final, c’est un jeu de piste. Assumé.

« Quand je ne sais pas trop quoi faire je dessine un labyrinthe, un cheminement. J’aime bien l’idée de déambuler dans l’illustration » nous indique Lohengrin Papadato qui prend du plaisir à nous laisser nous égarer. Ses créations, c’est un peu Où est Charlie, avec moult détails plus ou moins cachés, comme ces trois petites silhouettes en train de gravir une immense montagne dans un ciel empli de nuages rosés. Il faut vraiment coller son nez à la feuille pour les distinguer, en bas, à gauche.

Cette démarche trouve son origine dans l’enfance de ce trentenaire tourangeau formé aux Beaux-Arts d’Angers pendant 5 ans avant de suivre un master dans l’édition à Rennes puis de revenir à Tours. Ses parents étant profs en arts appliqués en lycée, il a vite baigné dans les œuvres. « Ils n’avaient pas la possibilité d’être des collectionneurs mais ils avaient quelques belles pièces, notamment des gravures » raconte Lohengrin Papadato qui se perdait déjà dans leurs détails à l’époque.

Pour lui c’est une ode à l’observation. Au regard porté en longueur sur une création. « Aujourd’hui on zappe très très vite alors j’aime bien cette idée qu’il puisse y avoir plusieurs niveaux de lecture, des images où l’on ait envie de revenir » détaille l’artiste. Il ne va pas jusqu’à penser un dessin sur lequel on pourrait zoomer avec les doigts sur son smartphone en tombant dessus sur Instagram… mais s’approcher très près d’une affiche ou d’une pochette de disque, complètement.

Car Lohengrin Papadato a une certaine notoriété dans le milieu culturel tourangeau. La première pochette du groupe Mopa, c’est lui. Un projet né grâce à une rencontre avec Valentin Pedler en 2014. Depuis les deux hommes se suivent au rythme des projets du musicien, sur Thé Vanille et Meule, notamment. Le festival Quartier Libre a également fait appel à ses talents, en particulier pour sa dernière soirée au Bateau Ivre de Tours (le fameux visuel avec le Pokémon).

D’ailleurs, les différentes affiches réalisées pour Quartier Libre forment une série. Et globalement les créations de Lohengrin Papadato pourraient s’harmoniser dans une histoire (l’idée d’un livre fait son chemin, d’autant que l’homme a déjà conçu des revues pendant sa période bretonne). « J’aime bien l’idée qu’il y ait une continuité entre les dessins » commente-t-il. Mais pour l’instant ses mondes sont encore peu habités, ou seulement d’ombres, d’animaux, de personnages fantastiques ou d’un cyclope. « J’ai besoin de fabriquer des endroits dans lesquels je peux me perdre, où je passe du temps dessus. Parfois je dessine les masses en quelques minutes puis je passe plusieurs jours sur les détails. »

Ce travail minutieux implique beaucoup de technique. C’est ce que l’artiste aime. Pourtant, en sortie des Beaux-Arts en 2013, il a failli totalement renoncer à son projet, d’où la bifurcation vers l’édition. Néanmoins, il n’a jamais cessé de dessiner. Et a fini par y revenir totalement. C’est la musique et le duo avec Valentin Pedler qui ont réenclenché la machine (leur rencontre s’est faite lors d’une expo à la Chapelle Ste-Anne). Son rôle de créations de pochettes il le prend très à cœur « pour que le dessin corresponde à la musique ». Souvent, cela passe par des passages aux concerts, mais surtout de longues discussions avec les artistes.

Ses dessins réalisés à l’ordinateur puis imprimés à l’atelier Indice 50 dans le Vieux-Tours sont également inspirés de rêves, ou de livres, « mais je ne lis pas assez » corrige Lohengrin Papadato dans la foulée. Dans tous les cas, es projets racontent des histoires, et tout le monde peut avoir sa version, « que chacun puisse s’emparer du dessin. J’aime bien les histoires d’aventures, l’heroic fantasy ». Et souvent, son travail pourrait s’étaler sur des fresques géantes. « C’est à la fois fini et infini. » Comme ces glaciers qui évoquent l’immensité de nos banquises en déliquescence.

Jusqu’à début mai, Lohengrin Papadato expose au Cubrik. Son atelier de la Rue du Poirier est également accessible pour découvrir son travail et celui d’autres artistes, en attendant le lancement prochain d’ateliers de sérigraphie pour découvrir ses techniques de création et d’impression, et notamment réaliser ses propres carnets. On peut aussi découvrir son travail sur la pochette d’album de la Tourangelle Bérengère Rortais.

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