Loco à vapeur de St-Pierre-des-Corps : la rénovation avance mais durera encore des années

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Seul monument historique de la ville de St-Pierre-des-Corps, la locomotive à vapeur 231E41 est en rénovation depuis la fin de l’année 2013. Chaque année, le chantier de l’association AATV ouvre ses portes le temps du week-end des Journées du Patrimoine. L’occasion de faire le point sur l’avancée des opérations qui ont pour objectif de remettre la machine sur les rails.

Depuis quelques temps la locomotive 231E41 a un petit copain. Un locotracteur est posté à ses côtés dans le hangar de la Pichotière de Saint-Pierre-des-Corps. « Il vient de l’usine Primagaz qui nous l’a vendu pour 1 200€ au moment de son déménagement de St-Pierre vers Druye » explique Serge Lorenzi, vice-président de l’association AATV chargé de la communication. 1 200€ pour une machine pareille, « c’est donné ». Et un beau jour l’engin servira à tracter sa grande sœur vers les rails. « On aurait fini par en avoir besoin de toute façon, alors autant sauter sur l’occasion » expliquent les bénévoles qui s’affairent autour de la loco.

Traquer la moindre occasion de faire des affaires financières, c’est l’un des objectifs de la section tourangelle de l’AATV, Association des Amis de la Traction à Vapeur. Car chaque année ce sont des dizaines de milliers d’euros qui partent dans le programme de remise en état de la 231E41. Construite dès 1937, mise sur les rails en 1938 et réformée au milieu des années 60, la machine de 14m de long a fait l’essentiel de sa carrière sur le Paris-Calais où elle pouvait rouler jusqu’à 120km/h en vitesse commercial. Un aller simple lui faisait alors engloutir plus de 4 tonnes de charbon, soit la moitié de son réservoir, « mais tout au long du trajet il fallait remettre de l’eau » raconte Serge Lorenzi.

Un jour du charbon et de l’eau seront de nouveau nécessaires pour faire avancer l’engin. Quand ? Bonne question. Lors d’une visite en 2016, l’AATV nous disait espérer une fin de chantier dix ans plus tard. En 2023, personne ne donne de date ; « J’espère y assister » commente simplement Serge Lorenzi. Il faut dire qu’une telle opération est quasi unique en France. « A notre connaissance il n’y a pas de rénovation de machine aussi importante en France » expliquent les équipes de l’AATV qui comptent une centaine de membres, dont 15 à 20 bénévoles actifs pour faire avancer le projet (dont une paire de cheminots, pas plus).

La 231E41 est donc digne d’intérêt par l’ampleur de la mobilisation mise en place pour la faire renaître après les longues années passées à s’abimer sur un rond-point de St-Pierre-des-Corps, où elle suscitait admiration et amusement (« j’ai fumé ma première cigarette à l’intérieur de sa cabine à 12 ans » nous disait un corpopétrussien, qui en a 27 de plus aujourd’hui). Elle mérite aussi l’attention car il ne reste plus que deux modèles de sa série encore sur pied. Celui de Touraine et un autre à la Cité du Train de Mulhouse. Les 46 autres ont été détruits.

Composée d’acier, de fonte, de bronze, la loco fait 92 tonnes à vide, le double quand elle est prête à partir. Actuellement, elle est en pièces détachées, ce qui décuple son intérêt. Les 6 000 pièces sont vérifiées et remises en état une par une. Parfois reconstituées à l’identique, même si il faut garder les originales à cause du classement à l’inventaire des monuments historiques. Chaque action demande du temps, des moyens, parfois des interventions extérieures (du technicentre SNCF de St-Pierre-des-Corps situé à moins de 3km ou d’entreprises spécialisées). Près de 5 000h de travail ont déjà été menées, et encore il ne s’agit que d’une estimation basse.

Pour avancer, « on cherche des compagnons soudeurs, des chaudronniers… » énumèrent les équipes de l’AATV, toujours en quête de renforts (chaque année, de nouvelles personnes les rejoignent lors des visites organisées pour les Journées du Patrimoine).Malgré l’ampleur de la tâche, l’espoir demeure : « Un jour, elle roulera » assure Serge Lorenzi. Le gigantesque puzzle aura alors été reconstitué à force de patience et de persévérance. Et même si le temps semble s’éterniser, « on voit qu’on avance » nous assurent les mécaniciens bénévoles qui ne se pressent pas, rassurés par l’intérêt toujours vif du public : 2 à 3 000 personnes à chaque mois de septembre, « dont certains qui sont là dès l’ouverture à 9h ou d’autres qui viennent sur les deux jours ». Un public de familles et de passionnés, conscient qu’il a affaire à une pièce unique et de prestige.

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