Ancien siège du Tribunal de Commerce de Tours ainsi que de la Chambre de Commerce et d’Industrie d’Indre-et-Loire, l’Hôtel Consulaire de Tours a entamé sa nouvelle vie. Une partie est vouée à l’accueil de logements et d’activités commercial (avec l’installation d’un institut de beauté) tandis que le cœur historique reste la propriété du Conseil Départemental. Rarement accessible au public, ce joyau architectural s’apprête à lui ouvrir ses portes en grand pendant un an via un projet qui a tout pour être populaire.
Depuis le déménagement de la CCI aux Fontaines et du Tribunal de Commerce dans la Rue Edouard Vaillant, l’Hôtel Consulaire de Tours n’ouvrait plus ses portes qu’une fois par an, en septembre, lors de la France Design Week – un événement pour mettre en avant les talents régionaux du design, notamment pour la conception de meubles ou d’objets recyclés. Le reste du temps, ses moulures, ses tableaux criblés de trous de balles ou sa belle cour pavée restaient totalement fermés. C’est fini.
Dès ce samedi 26 avril, et jusqu’au 12 mai 2026, le 4 bis Rue Jules Favre devient Les Courants d’Arts, lieu d’exposition d’artisanat, d’œuvres d’art et d’objets de brocante accompagné d’un bar culturel. Le projet n’est pas sans rappeler la Clinique du Street Art qui avait mixé exposition et lieu d’animation pendant plus d’un an dans l’ancienne clinique Saint-Gatien, près de la cathédrale. Il n’y a pas de hasard : l’initiateur n’est autre que Clément Mignet, ex-directeur de la Société d’Equipement de la Touraine qui a impulsé le projet de la Clinique avant son départ. Et il s’est associé avec So Sweet… société tourangelle impliquée dans la gestion du bar situé dans la cour de l’ancien établissement de santé.

Parti de la SET fin 2024 après 6 ans de mandat, Clément Mignet a néanmoins décidé de rester investi dans le développement de projets locaux. C’est pour ça qu’il administre Les Courants d’Arts, association dont l’objectif est de promouvoir les talents tourangeaux. Un précepte qui se diffuse grâce à l’ouverture d’un lieu d’exposition à Beaulieu-lès-Loches, secteur déjà bien connu pour le parcours artistiques extérieur Beaux Lieux et qui dispose donc désormais d’un camp de base pérenne pour faire rayonner les savoir-faire locaux.
Le 1er bilan est bon : 70 adhérents et 12 000 entrées en 8 mois, avec des habitués qui viennent parfois toutes les 2 semaines. Le tout dans une agglomération de 11 000 habitants. « Certaines personnes ont fait 3h de route pour venir » souligne Clément Mignet dont l’ambition est « de rendre accessible l’art à tout le monde », d’où la gratuité de l’entrée ainsi que le mix des spécialités entre brocanteurs, artisans d’art et artistes :
« On constate que les sites 100% dédiés aux beaux-arts peuvent être intimidants pour certaines personnes qui craignent de ne pas être à leur place. Là, on attire les gens par l’artisanat et on finit par les amener vers l’art. Ce n’est pas possible qu’ils ressortent en ayant rien aimé. Pas besoin d’avoir un bac +12, il suffit de regarder ce qui nous parle ou pas. »
C’est donc le même postulat de départ qui a été retenu pour Les Courants d’Arts version Tours. Quant à l’idée de s’installer dans la ville-préfecture, elle surgit de l’expérience de Clément Mignet qui savait le lieu inoccupé, et aussi du désir d’offrir de nouveaux débouchés aux professionnels lochois : « A Beaulieu on constate que les artistes qui marchent le mieux ne sont pas les locaux qui sont déjà connus » souligne-t-il.

Rue Jules Favre, il y a donc une large place accordée à des personnalités du Sud-Touraine, et globalement du département. Quelques noms connus comme Jean-François Sueur et Jérôme Garreau dont les sculptures animalières ornent les abords du Château de Tours depuis l’été 2024. Mais aussi des découvertes comme une commissaire-priseur spécialiste des vêtements de luxe (avec certaines pièces datant du début du XXe siècle) mais aussi un jeu d’échec XXL de 2m50 de large ayant nécessité 3 ans de travail pour créer ses différentes pièces en métal. Une création de Véronique Pineau.
Au total, ce sont une cinquantaine d’artistes et d’artisans qui ont posé leurs créations dans l’ancien bureau du président de la CCI ou dans la salle qui accueillait les audiences du Tribunal de Commerce. Des bijoux, des peintures, du street art, des plantes stabilisées, des sculptures, de la vaisselle… Une galerie d’expositions temporaires est installée dans un ancien vestibule, et une autre dans la salle ou siégeaient les juges. Les sélections proposées y évolueront tous les mois voire tous les 15 jours, invitant à revenir régulièrement.
L’idée est bien de faire ds Courants d’Arts un repère culturel du centre-ville de Tours. Ouvert du mercredi au dimanche de 10h à 19h, il propose un accès libre à la collection avec en prime un bar d’une trentaine de places ouvert jusqu’à 22h30, voire 0h30 les jeudis, vendredis et samedis. Géré par So Sweet, il proposera une programmation culturelle dès la Nuit des Musées du 17 mai. Concerts, spectacles de danse ou pièces de théâtre s’enchaîneront jusqu’en octobre, là-aussi sans droit d’entrée.

Le pari des Courants d’Arts est de réussir à faire vivre le 4 bis Rue Jules Favre grâce aux consommations du bar et aux ventes des objets de l’exposition. Aucune subvention n’a été demandée, permettant ainsi d’éviter un passage par une procédure d’appel d’offre au Conseil Départemental. Il a suffi de signer un contrat de location d’un an (pour l’instant). « Au final, on a monté le projet en 3 mois » rembobine Clément Mignet avec fierté qui assure cette mission bénévolement et s’astreint à présenter des objets accessibles à tous types de budgets. On trouve donc de la vaisselle à 40€, des sculptures à moins de 500€, même de petits objets à moins de 20€. Mais bien sûr, les œuvres les plus massives dépassent les 10 000€.
« Toutes les recettes serviront au fonctionnement du lieu et au salariat » assure le responsable. 2 personnes ont ainsi déjà été engagées pour le bar baptisé Le Comptoir des Arts qui servira beaucoup de boissons locales et des recettes sucrées ou salées signées du Café Paula, installé Rue Charles Gille. « Les prix seront accessibles avec un esprit bistrot » nous glisse Amandine Lopes. Donc croques, tartines, salades, cookies, planches apéro, falafels… Les enfants auront accès à des jeux de société et à de quoi s’amuser dans la cour. A découvrir donc dès ce week-end en attendant une inauguration officielle jeudi 22 mai.
En parallèle, Les Courants d’Arts de Beaulieu accueillent en ce moment une expo mettant notamment en valeur le travail de la street artiste de Tours Gil KD. Un marché de créations y est aussi annoncé dimanche 4 mai toute la journée.
