Les Temps d’Arts : la face cachée du Projet 244

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Sur le papier, tout va bien. Six structures issues du Projet 244 sont relogées dès l’automne au 37e Parallèle, un nouveau site géré par Tour(s) Plus à Mettray, quelques semaines avant la fin du contrat de location entre l’association et la Semivit le 31 décembre. Il suffit pourtant de savoir compter jusqu’à 25 pour se rendre compte qu’il y a un petit souci. 25 comme le nombre d’adhérents (associations ou artistes indépendants) à l’association Projet 244 dont la dissolution est programmée pour septembre 2014 à l’occasion d’une assemblée générale extraordinaire. Or, vingt-cinq moins six n’a jamais fait zéro.

Parmi les laissés pour compte, on retrouve notamment les adhérents de l’association Les Temps d’Arts, née fin 2012 et rassemblant, pour faire court, les simples «usagers» ou locataires des locaux gérés par l’association Projet 244. Ces derniers, dont la plupart sont arrivés il y a seulement quelques années sur le site de la rue Auguste Chevallier, n’ayant que peu de poids au sein du Conseil d’Administration, ne sont pas reconnus par les élus.

 

Fin de non-recevoir des élus

Pourtant, alors que la menace pour les trois compagnies et cinq plasticiens (dont certains sont en photos ci-dessous) composant le collectif Les Temps d’Arts de se retrouver à la rue le 31 décembre approche à grands pas, ces derniers ne baissent pas les bras et restent en quête d’un lieu capable de tous les accueillir. « Pour bien faire il nous faudrait idéalement 400 à 500 mètres carrés » explique Elsa Maupeu de la compagnie Théâtre des Trois Clous. Une envie qui ressemble à une nécessité pour ces artistes habitués au travail collectif et à la mutualisation de leurs savoir-faire. Pour défendre leur idée, ils se sont donc regroupés en association, ont démarché collectivement les pouvoirs publics, ont monté un dossier justifiant le bien-fondé de leur démarche, ont déposé un DLA (dispositif local d’accompagnement)… pour l’instant sans résultats.

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Elsa Maupeu de la compagnie Théâtre des Trois Clous.

Le hic, c’est que ni la mairie de Tours, ni les autres communes de l’agglomération tourangelle ne semblent en mesure de leur proposer un lieu adapté. Pire, après avoir été royalement ignorés par l’équipe municipale précédente, Nicolas Gautreau excepté, et malgré des promesses publiques de soutien et d’accompagnement, ils voient aujourd’hui leurs demandes de rencontrer les nouveaux élus refusées et un certain nombre de personnes haut placées à la Ville et à l’Agglo s’entêtent à les amalgamer à des squatteurs, alors qu’ils ont toujours payé des loyers à l’association Projet 244. « On veut juste un endroit pour travailler, pour lequel on paiera un loyer. On ne demande même pas de subventions » précise avec une certaine lassitude un des membres que nous avons rencontrés.

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Philippe Frideloux, sculpteur – mouleur

 

Une communication floue et des informations contradictoires

Les huit membres de Les Temps d’Arts ressentent en effet une certaine fatigue face à cette situation devenue intenable et pour laquelle l’absence d’informations constitue une pression supplémentaire. Le dernier exemple en date ; en mai, ils apprennent par voie de presse que le conseil municipal de Tours a voté un avenant de prorogation de la convention sur l’occupation du Projet 244 jusqu’en mai 2015. Une information confirmée par la suite par la Direction des Affaires Juridiques et Domaniales de la ville de Tours par mail, dans lequel il leur est quand même rappelé qu’ils doivent quitter les lieux au 31 décembre 2014. Un imbroglio que ces artistes tentent de comprendre avec difficultés, comme nous l’a relaté Elsa Maupeu, « c’est très compliqué, parce qu’on ne sait jamais à qui s’adresser pour avoir des réponses. Entre Tours et Tours Plus, la communication est très floue et les informations sont souvent très contradictoires ».

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Daniel Bonard, artiste sur métal non ferreux.​

Ajoutée à cela une « absence de légitimité » évoquée par le Directeur des Affaires Culturelles pour motiver les refus d’entretien avec les élus, cela renforce l’impression de ne pas être pris au sérieux ou au mieux de devenir gênants. Des refus d’entretiens qui font par ailleurs un peu tache dans la volonté de Christine Beuzelin de rencontrer le maximum d’acteurs culturels, avec pour objectif de dessiner la future politique culturelle de la ville, en connaissant les acteurs et les projets au mieux. Ce qu’elle a pourtant fait très activement depuis son élection au poste d’Adjointe à la Culture et à la Communication (rencontrant une centaine d’associations en quelques semaines).

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Fodé Bayo, sculpteur sur bois et métaux

Bref, Les Temps d’Arts dérangent. Mais dérangent qui ? C’est bien là la question. Plutôt pacifiques et légalistes ils n’envisagent aucune action «coup de poing» et s’apprêtent à partir sagement le 31 décembre, il paraît donc bien étrange qu’aucun élu ne veuille les rencontrer, déjà simplement pour savoir qui ils sont, puis pour étudier des possibilités de les accompagner pour se reloger. A moins que la question ne soit que financière, car comme le laissaient entendre les membres du collectif Les Temps d’Arts lors de notre rencontre, entre les différents projets en cours que ce soit du côté du Point Haut ou du 37e Parallèle, les pouvoirs publics engagent déjà une enveloppe budgétaire conséquente. Malheureusement pour les compagnies et les artistes non intégrés à ces projets, ils restent pour le moment sur la touche, sans même quelques miettes à grappiller.

Crédits photos : Laurent Geneix et Mathieu Giua pour 37°

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