Monsieur Plume, le graffeur originaire de Saint-Pierre-des-Corps est de retour dans la région. Après une fresque à la Clinique du street-art (ancienne clinique St Gatien), vous pourrez admirer pendant deux mois sa nouvelle œuvre au pied de la tour Charlemagne.
Contre toute attente, ce n’est pas à Saint-Pierre-des-Corps que l’artiste a commencé le graffiti. Scolarisé à Vendôme, c’est là bas qu’il commence à graffer avec ses amis à l’âge de 16 ans. Il retrouve dans cet art de rue une certaine liberté à travers laquelle il peut s’exprimer spontanément. S’il s’inscrit dans un mouvement « graffuturiste » (vision alternative du graffiti, plus ouverte à d’autres formes de créations et d’inspirations dans un mouvement qui était jusqu’à lors très codifié), Monsieur Plume aime sortir de sa zone de confort, sa volonté étant d’être innovant dans ses créations. Il nous confie que même s’il réalise des pièces figuratives, ce qui lui plait c’est travailler les fresques abstraites, comme celle du M.U.R de Tours, pour perfectionner son mouvement. Un mouvement technique qui lui donne un style vaporeux et qui lui permet de donner de la complexité tant par la forme que par la couleur à ses créations.
Monsieur Plume bombe face à la tour Charlemagne !
Au pied de la tour Charlemagne, le passage du Pèlerin dévoile une nouvelle fresque depuis le samedi 13 janvier. Pleine de couleurs et de formes organiques, sur invitation de l’association le M.U.R Tours, c’est la veille de l’inauguration que le graffeur à commencé à peindre. Alors que les caisses pleines de bombes de peinture s’entassent au pied de son escabeau, Monsieur Plume part d’une toile noire. Après quelques heures emmitouflé dans sa doudoune, les premiers traits du tableau se dessinent petit à petit. Les passants les plus curieux s’arrêtent pour poser des questions, les autres prennent des photos. C’est d’ailleurs ce que sont venu observer un groupe de collégiens et leur professeur, qui ont eu la chance de rencontrer Monsieur Plume. Il répond à leurs timides questions. Si l’artiste prend le temps d’échanger avec ces collégiens, c’est qu’il sait travailler avec ce public. Régulièrement en collaboration avec des associations jeunesse, l’artiste souhaite transmettre son goût de la liberté en s’appropriant l’espace urbain par la mise en place d’ateliers d’initiation partout en France. Il glisse que si cet art est encore illégal, les nouvelles générations sont toujours plus inventives pour esquiver les caméras de surveillance et les autorités. Il ne faut pas l’oublier le graffiti c’est un art de rue, malgré le fait qu’il soit considéré comme un acte de vandalisme. Aujourd’hui il existe un certain « code » dans le street art qui permet au graffiti de prendre une place particulière dans l’art urbain. Monsieur Plume explique que les codes changent de génération en génération. Comme lui a pu casser les codes de son époque, les jeunes cassent aussi les codes de la leur.
Un esprit collectif qui rassemble
Le M.U.R contribue à l’histoire de l’art urbain en diffusant les œuvres créées successivement sur le Mur Oberkampf depuis le début des années 2000 ainsi que sur tous les autres M.U.R créés à travers la France et l’Europe depuis. L’association permet aux graffeurs de se faire une place dans le monde artistique en leur offrant une certaine reconnaissance et même un droit d’investir la rue légalement. Alors que les graffeurs sont aujourd’hui des artistes légitimés, de nombreux « crews » (collectifs de graffeurs) se sont développés pour que cette pratique de rue qui se partage reste un mouvement collectif. A Tours, Monsieur Plume qui a eu la chance de partager ses œuvres à l’international et notamment à New York, maison mère du street art, fait lui aussi partie de plusieurs de ces « crews ». OTM, Raid crew, Blacklines, graffer en équipe c’est l’opportunité de créer à plusieurs des œuvres uniques. Par ailleurs, c’est dans le Gers que le créateur a réalisé une fresque sur un toit de 900m2 avec 2 autres graffeurs Sun.C et Samp. Un graff impressionnant qui a nécessité l’utilisation de drones pour se rendre compte de l’évolution du dessin. Entre innovation et collaboration, les graffeurs ne cessent de se renouveler. Ces artistes démontrent que le graffiti va au-delà d’une simple expression individuelle, il s’ancre dans un mouvement populaire fondé sur des valeurs de partage, rassemblant plus qu’il ne divise.