La rude concurrence des festivals estivaux et une pandémie ont eu raison de l’édition extérieure des Courants qui se déroulait sur l’Île d’Or amboisienne. Néanmoins, l’un des plus anciens événements musicaux du département a immédiatement cherché une solution pour exister sous une autre forme. Depuis 2021, c’est donc en salle et en automne qu’il organise ses concerts, la programmation étant répartie entre Montlouis et Amboise. Alors que la 20e édition démarre – la 2e sous les toits – entretien avec le programmateur Stéphane Delbarre.
Si l’été indien avait une déclinaison culturelle ce serait sûrement Les Courants. L’association irradie l’automne culturel tourangeau de toute sa fougue avec une 20e édition étalée sur trois week-ends, de l’Espace Ligéra montlouisien au Théâtre Beaumarchais d’Amboise en passant par Le Moulinet. Des lieux qui n’ont pas été choisis au hasard : « Ce qui compte c’est l’ambiance, on ne pourrait pas les inverser » explique Stéphane Delbarre, programmateur de l’événement. En clair on ne ferait pas jouer Soviet Suprem à Beaumarchais ni Sanseverino à Montlouis. Tout est réfléchi.
Ainsi, à une exception près pour McFly et Carlito, l’ensemble des artistes attendus jusqu’au 29 octobre ont déjà fait Les Courants en plein air. « C’est notre côté revival » assure la cheville ouvrière du festival. Autre point commun, en dehors d’un côté très (trop ?) masculin : « Ils ont tous des propos et textes intéressants. Cela correspond à la thématique de notre festival à l’orientation souriante. » En effet, le mot « Humour » trône en gros sur l’affiche. Mais hormis la date avec deux membres de Sinsemilia samedi 22 (pour un spectacle qui raconte leurs 30 ans de carrière avec anecdotes ou jeux avec le public), il ne faut pas s’attendre à voir des seuls-en-scène. Juste des concerts bien déjantés.
Cet axe, Les Courants l’ont choisi pour porter un message clair que nous explicite le programmateur :
« On a le sentiment qu’il y a un certain besoin d’ironie, ce côté lâcher prise, se dire que l’on peut se permettre un tas de choses, rigoler, se moquer… Tout ça j’ai le sentiment qu’on peut le faire uniquement à travers le spectacle vivant et plus en télé, en radio ou sur les réseaux sociaux où chaque phrase écrite ou dite est susceptible d’être détournée, critiquée, tournée en polémique. Dans une salle, face à un public venu pour ça on peut se permettre beaucoup plus de choses. C’est aussi pour ça qu’on a rajouté le mot Liberté dans notre description. »
Stéphane Delbarre prend l’exemple d’une publicité pour le concert de Soviet Suprem (samedi 8 au soir à Ligéra) : « On a partagé un visuel en écho avec les élections italiennes où on voit une Mama servir une pizza avec une croix gammée. On a eu plusieurs réactions assurant qu’on ne pouvait pas faire ça. Mais le public qui vient à ce type de concert sait à quoi s’attendre c’est-à-dire du 2e, 3e voire 12e degré. Et il a besoin de partager ça. »
Une assemblée encore beaucoup constituée de fidèles de l’Île d’Or, parfois nostalgique des soirées estivales qui s’achevaient à 4h du matin. « Mais il y a aussi un public qui s’élargit avec des amateurs de concerts en salles » ajoute Stéphane Delbarre qui assume au passage le pas de côté de la soirée d’ouverture via l’invitation du duo de youtubeurs McFly et Carlito : « On sait que c’est décalé mais c’est aussi un moyen de toucher les plus jeunes. »
La formule actuelle semble en tout cas convenir à l’équipe, désormais restreinte à 30 bénévoles (contre 150 pour la précédente formule des Courants). Le déroulé en lui-même pourrait tout de même s’affiner, « par exemple avec des happenings en extérieur ou des choses gratuites » avance le programmateur.
Un degré en plus :
Pour la programmation complète et la réservation des places c’est sur www.lescourants.com.