La 27e édition des Années Joué ne devrait pas atteindre le record de fréquentation de 2023 avec plus de 50 000 personnes en 3 jours au Parc de la Rabière et dans ses environs. Malgré la grisaille et le froid, le festival d’arts de rue a néanmoins attiré énormément de monde en 3 jours, dépassant parfois les espérances de l’organisation.
« On se croirait au Burning Man » s’amuse un spectateur qui regarde le spectacle The Wale Street donné samedi soir par la compagnie CPPP. Un compliment appuyé car il fait référence à un événement planétaire, où le désert américain accueille chaque année le meilleur des arts de la rue (les Tourangeaux de la Compagnie Off y ont déjà été invités, après un rude parcours de sélection).
Et c’est vrai que Les Années Joué en ont encore mis plein la vue de vendredi à dimanche au Parc de la Rabière et dans ses environs. Malgré des nuages omniprésents, un froid humide et quelques averses, on a pu admirer la danse dans les arbres, des marionnettes préhistoriques ou une chorégraphie déjantée à base de pelles (qui tiennent les unes sur les autres, fabuleux).
Plus de 30 compagnies, plus de 60 représentations… Et des milliers de personnes pour applaudir tout ça. Un public fidèle, curieux… et impliqué. Des enfants qui préviennent un circassien de La Famille Moralles que sa partenaire s’apprête à lui faire un coup tordu aux spectatrices et spectateurs de The Wale Street qui jouent avec la mousse balancée samedi soir Place Nelson Mandela.
Mais le moment où l’on a le plus vu tout ce beau monde profiter c’est vendredi et samedi soir pour Le Bal des Oiseaux, la très bonne idée de cette édition placée devant la salle Jacques Brel. Un bœuf de 3h30 où l’on pouvait se déguiser avec des chapeaux à paillettes, des boas colorés et autres tenues bariolées. Sur scène, le groupe de la compagnie Engrenage(s) qui se démène avec maquillage et tenues de volatiles. Même la musique fait cui-cui. Terriblement bon-enfant.
Et c’est ce qu’on aime aux Années Joué : tout le monde s’amuse, se lâche, se mélange. Il y a toutes les générations… à tous les spectacles. Même ce qu’on penserait plutôt enfantin attire les plus âgés, et les plus jeunes trouvent souvent leur compte dans des propositions plus complexes à appréhender, mais graphiques ou délirantes ce qui les rend accessibles.
Tout cela tient également au lieu de l’événement : le cadre bucolique du Parc de la Rabière… et le quartier aux alentours. On est au pied des immeubles. La culture est au pas de la porte, gratuite. « Pensez aussi au spectacle vivant payant » glisse – assez justement – un comédien de La Famille Moralles en fin de spectacle, pour rappeler ce qui permet aux compagnies de vivre toute l’année. Mais pour celles et ceux qui ne connaissent pas, qui n’ont pas les moyens, cette opportunité annuelle de découverte est un cadeau inestimable.
Les Années Joué est ainsi le plus gros festival de l’agglomération tourangelle, et sûrement celui où le public est le plus diversifié, entre mélomanes de l’art et catégories populaires. Un événement qui fait société. Et c’est notamment pour ça qu’on l’aime autant. Pour ça qu’ils et elles l’aiment autant, au point que certaines représentations se retrouvaient en sur-jauge, c’est-à-dire avec un public trop nombreux pour que tout le monde puisse voir correctement. On avait aussi parfois de longues files d’attente pour boire ou manger.
La rançon du succès, ou l’appel à étudier toujours plus finement le comportement des festivalières et festivaliers pour améliorer l’événement d’année en année. Rendez-vous dans un an pour la 28e édition.
Le bilan en images avec les organisateurs :