Le Volapük, pépinière d’artistes en péril

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Installé près des cinémas Studio et du Pont Mirabeau, à la lisière du quartier Blanqui, le petit théâtre tourangeau a perdu une subvention et se retrouve menacé.

Maud Martin et Aurélie Boussat ne perdent pas leur sourire mais mesurent l’urgence de la situation. La présidente de l’association VPK et sa coordinatrice se mobilisent massivement en cette rentrée. Elles contactent les compagnies artistiques, les médias, les financeurs potentiels… Leur objectif : remettre le Volapük sur de bons rails.

Depuis 2008, cette association qui regroupe une dizaine de personnes (dont une salariée) gère le Volapük, petit théâtre d’une cinquantaine de places situé à l’entrée de la Rue Lobin. Cet ancien atelier photo est aujourd’hui un lieu dédié au spectacle vivant qui accueille une quinzaine de résidences par an, des concerts ou des avant-premières de films. « Nous lançons des appels à projets tous les trimestres et on soutient aussi bien du théâtre que de la danse, des marionettes, de la musique ou de la vidéo » explique Maud Martin, « vigileante » aux créations venues du territoire régional mais ouverte aux idées venues de toute la France : « on se réunit en comité et on vote. Ce qui nous intéresse ce sont les gens qui entament une recherche sur leur démarche artistique. Par ailleurs, en fin de résidence, on leur propose de faire une représentation publique si leur travail est abouti afin d’avoir un échange avec les spectateurs pour nourrir le travail de création. »

Un coup dur en plein milieu d’année

Piloté par une équipe constituée de professionnels du spectacle, de la culture ou de l’éducation, VPK participe aussi au festival Ecoute Voir (en janvier), organise des lectures contemporaines en lien avec la bibliothèque de Tours, le conservatoire ou l’université (en avril), accueille une résidence puis un spectacle de marionettes en lien avec Vendôme (en novembre) et surtout elle monte chaque année son Arbre de Noël avec ses colocataires du Théâtre à Cru (en fin d’année).

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Problème : cette année, la manifestation n’aura pas lieu car VPK a dû fortement rogner sur son budget. Financée notamment par la ville de Tours (24 000€), le département et la région, elle recevait également 20 000€ de la Direction Régionale des Affaires Culturelles. Total : 70 000€ environ pour payer le loyer, le salaire d’Aurélie, les prestations d’un technicien, les charges… « On avait établi notre budget sur cette base pour 2017 mais en juin la DRAC nous a annoncé le retrait de sa subvention. Ils nous ont dit qu’ils étaient obligés de faire des choix et qu’ils n’avaient pas de ligne budgétaire correspondant à ce que l’on faisait ici car nous ne sommes ni un lieu de création, ni un lieu de diffusion. »

« C’est un coup dur, surtout vu comment ça se passe » poursuivent Maud et Aurélie, forcément amères. Le Volapük a pour l’instant de quoi tenir jusqu’en janvier. Pour éviter un déficit trop important, il a aménagé sa programmation (d’où l’annulation de l’Arbre de Noël). « De cette façon nous devrions arriver à 5 000€ de déficit. Ce n’est pas insurmontable mais cela met l’association en difficulté. Nous avons donc pris un rendez-vous avec la DRAC ce mois-ci pour connaître leurs intentions sur 2018. On va discuter pour voir comment on fait pour rentrer sur une de leurs lignes. Car si l’on perd définitivement cette subvention, cela sera très compliqué de maintenir le lieu ouvert. »

Un projet repensé pour renforcer l’impact du lieu

VPK, représentée par Maud Martin et Aurélie Boussat, ne perd pas espoir : « ils ne nous ferment pas la porte et de notre côté on est en train de faire évoluer le projet. C’est quelque chose sur lequel on travaille depuis début 2017. On pense proposer des durées de résidences plus longues aux artistes afin de que le Volapük devienne un vrai tremplin professionnel, qu’elles puissent par exemple rencontrer des programmateurs ici. On veut également faire en sorte de faire venir de nouveaux publics comme les écoles, les centres sociaux. On réfléchit aussi à la façon de mieux s’intégrer dans le quartier. »

« Ce qu’on espère aujourd’hui, c’est pérenniser notre projet sur 3 ans, et donc nos subventions » poursuivent les représentantes de l’association. « On pense également se mettre en réseau avec d’autres lieux comme le 37ème parallèle. » Des idées qui ne pourront se concrétiser que si le Volapük réussit à sortir la tête de l’eau : « la perte de cette subvention pose de vrais problèmes très concrets mais ça peut aussi nous donner un coup de boost. »

« On manque de lieux comme le nôtre en France »

Déjà soutenue par la ville de Tours qui a rallongé sa subvention pour 2017, VPK organisait jeudi dernier une triple soirée de soutien dans ses murs pour présenter sa saison, proposer un spectacle avec la compagnie Le Poulpe et lancer un appel aux dons. Une campagne de financement participatif devrait également être lancée sur le web d’ici peu. « On manque de lieux comme le nôtre en France, les artistes en ont besoin. La preuve : nous n’acceptons que 10% des demandes de résidences que nous recevons. »

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Aurélie Boussat et Maud Martin

Ces dernières années, le monde associatif tourangeau a souvent fait appel à la générosité populaire pour faire face à un gros imprévu. Il y a eu La Chaudière après son annulation pour raison de sécurité, Aucard de Tours en déficit à cause des inondations ou encore le centre LGBT de Touraine que l’Agence Régionale de Santé n’a pas subventionné en 2017. Tous ont réussi à retomber financièrement sur leurs pattes après ces coups durs alors il n’y a aucune raison pour que le Volapük n’y arrive pas aussi. En attendant d’être fixé sur son avenir, le petit théâtre accueillera les Tourangeaux de Möbius Band en résidence d’ici quelques jours avant de voir débarquer les Parisiens de La Badiane (sortie de résidence prévue le samedi 21 octobre).

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