Le Tourangeau qui murmurait à l’oreille des claviers vintage

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Daft Punk, Prince, les Rolling Stones, Oxmo Puccino, Jamiroquai… voici une liste d’artistes qui ont en commun deux qualités : savoir utiliser des pianos électriques et autres synthétiseurs et les avoir confiés au Tourangeau Stéphane Archambault.

Si vous pouvez entendre aujourd’hui le funk électronique de Jamiroquai, le rap mélodieux d’Oxmo Puccino, les meilleurs morceaux des Rolling Stones, c’est grâce aux talents de réparation de Stéphane Archambault. Ce geek chevelu, barbu, préfère le calme de la campagne à l’agitation citadine. Pour le rencontrer il faut se rendre à Avon-les-Roches, 45 minutes en voiture de Tours. C’est ici, loin du tumulte citadin, que ce passionné de musique a forgé une expertise rare, unique et recherchée.

Il exerce son savoir-faire sur les “claviers vintage” (et leurs amplis). Des claviers produits dans les années 60 et encore utilisés quotidiennement en studio ou sur scène, de l’artiste émergent à la star internationale. Ce qui fait la différence de ces instruments ? Ils offrent quelque chose d’indispensable : l’émotion, la nuance, la chaleur. Des sensations difficilement atteignables via l’émulation par ordinateur. Un seul défaut : ils tombent en panne à force d’être utilisés, ou à cause de leur ancienneté.

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“C’est comme réparer une vieille voiture : il y a des codes à respecter.”

C’est donc dans la campagne tourangelle que Stéphane, épaulé par son collaborateur Philippe Georget, intervient pour faire vivre et réparer ces instruments. Un travail qui demande de nombreuses compétences techniques et artistiques, qui font la difficulté et la rareté du métier. Entre électronicien et chaman, geek et musicien, il n’est pas aisé de devenir “luthier électronique” car il faut tout apprendre soi-même. Les deux passionnés ont dû comprendre les subtilités électroniques qui forment ces sons si particuliers. Il faut également allier persévérance et respect : “C’est comme réparer une vieille voiture : il y a des codes à respecter. On tient vraiment à faire une réparation respectueuse et harmonieuse” détaille Stéphane Archambault.

Tout d’abord, il faut connaître chaque instrument, les concepts électroniques qui ne sont plus utilisés depuis des décennies, savoir ce que l’artiste souhaite faire de son instrument précieux “En fonction des attentes, on ne répare pas avec un oscilloscope mais avec son oreille” précise Stéphane. Ensuite, le luthier devra chercher les composants susceptibles de le réparer. Trouver un vieux tube électronique russe oublié dans un tiroir depuis trois décennies, un transistor (un des composants fondamentaux de l’électronique) dont les qualités varient en fonction de l’époque de production. Enfin, Stéphane Archambault finalise l’aspect esthétique de l’instrument (ébénisterie, peinture), soit pour respecter l’aspect originel de l’instrument, soit pour le transformer pour répondre aux exigences scéniques de l’artiste. Une fois ces étapes finalisées, ce passionné s’attaque aux amplis, compagnons indispensables de ces instruments, et à même de magnifier un son par la qualité et les défauts bien exploités de leur amplification.

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Une tournée avec les Rolling Stones

Chez SAT, la société de Stéphane, on répare des orgues Hammond, l’outil indispensable des mélodies de Ray Charles et Aretha Franklin. On s’affaire sur des pianos Rhodes, qui parcourent toute l’oeuvre de Stevie Wonder, Genesis, Eddy Mitchell, sur des Wurlitzer, compagnons de scène de Queen ou Pink Floyd et enfin sur le Clavinet, utilisé par Serge Gainsbourg, Kool and the Gang, ou encore General Elektriks. Puis les instruments se dispersent vers Paris, Montreux en Suisse… En fait partout en Europe et dans le monde, la réputation de qualité de Stéphane Archambault ayant largement dépassé les frontières de l’hexagone.

Ce métier de luthier électronique, si rare, a mené l’homme du Sud-Touraine vers des aventures inattendues. Après avoir été fan adolescent des Rolling Stones, joué leurs morceaux sur son premier orgue Hammond, puis réparé ce même clavier lui-même, sa science du son l’a amené jusqu’aux idoles de sa jeunesse qui lui ont proposé de travailler en tant que “Keyboard tech”. Du jour au lendemain il a pris la route aux côtés de Mick, Keith, Charlie et Ron et voyagé à travers le monde. “On prend la dimension de la tournée quand on arrive à  Heathrow (aéroport de Londres, ndlr) et que l’on nous dépose devant le Boeing logotypé aux couleurs du groupe” déclare Stéphane, amusé.

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Plus attiré par la beauté du geste, le professionnel effectue des réparations pour beaucoup d’artistes connus ou inconnus sans se poser la question du prestige de leur nom. Sollicité à Paris, concentré sur sa réparation, c’est seulement en sortant de chez son client qu’il s’aperçoit qu’il vient de remettre en état le piano Rhodes de… Thomas Bangalter, du groupe Daft Punk ! Avant de partir, nous avons droit à un petit medley des différents claviers qui suscite un frisson de plaisir, en ces temps où les scènes sont majoritairement silencieuses pour cause de pandémie de Covid-19. Des mélodies qui doivent également beaucoup au talent discret mais ô combien indispensables de ce luthier des temps modernes.

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