Le Temps Machine : « Nous avons le devoir de prendre des risques »

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Il y a de la vie au Temps Machine, à Joué-lès-Tours. Si la salle de musiques actuelles est connue par le public pour les concerts qu’elle organise, l’activité bat son plein bien au-delà.

Il suffit d’y passer en journée, rares sont les moments où groupes et artistes ne sont pas présents sur la scène, pour peaufiner leurs prestations scéniques. Nous accueillons beaucoup de groupes en résidence c’est l’une de nos missions d’accompagnement, explique Odran Trumel, le directeur de la SMAC jocondienne. Oui car le Temps Machine est une SMAC – acronyme de Scènes de musiques actuelles – un label d’Etat avec un cahier des charges encadrant les missions que doit avoir une telle salle. A Tours, elles sont deux à avoir ce label sur les 92 SMAC nationales : Le Temps Machine donc et Le Petit Faucheux.

Les deux salles travaillent d’ailleurs sur des projets communs comme le festival Super Flux qui se tiendra du 5 au 7 avril 2024 et qui est pensé comme un laboratoire de curiosités. Un événement qui permet également de sortir des murs habituelles des salles pour proposer quelque chose de différent. Cette année, ce sera notamment au sein de l’école des Beaux-Arts Talm, à Mame. « Nous avons recentré la journée du samedi et du dimanche sur un seul lieu pour éviter une déperdition du public » explique Odran Trumel.

Le festival est également l’occasion de porter de nouveaux projets. Cette année, le Temps Machine a ainsi financé « Etude de choc », un projet mêlant musique et danse, créé par des artistes tourangeaux, et qui sera dévoilé au public en ouverture de Super Flux le vendredi 05 avril au Temps Machine.

« Sur la création, notre rôle est d’aider, d’accueillir, de financer ou simplement d’accompagner les pratiques et conseiller, nous avons un poste dédié à cela, qui est occupé par Nathan Aulin. Il répond à énormément de demandes de groupes et artistes locaux que ce soit sur la partie communication, sortie d’EP, la pratique… » poursuit le directeur de la salle jocondienne qui évoque également l’aspect social des missions avec le travail d’action et de médiation culturelle mené auprès des scolaires, les centres sociaux, les Epadh ou encore la Maison d’Arrêt de Tours.

Un équilibre financier fragile

Le Temps Machine c’est encore des studios de répétition, « les créneaux sont pleins avec 380 utilisateurs et 200 groupes qui y répètent environ 8000 heures à l’année ».  Un foisonnement permanent pour une salle qui contribue à la richesse du tissu musical local, comme en témoignent également le nombre de concerts de groupes régionaux qui s’y produisent aux côtés des dates d’artistes nationaux. Un équilibre subtil mais fragile néanmoins, car comme beaucoup d’acteurs culturels, l’équilibre financier de la salle reste compliqué. En témoigne l’annulation du festival Allotropiques qui devait se tenir début février : « l’an dernier nous avons eu un déficit de 50 000 euros, ça plus les incertitudes que nous avions au moment de prendre la décision sur le financement des SMAC par le Ministère de la Culture, nous ne pouvions pas nous permettre de le faire. Il y avait trop de risques » rembobine Odran.

 Si depuis, un amendement passé au Parlement a augmenté la part de financement des SMAC, notre interlocuteur rappelle que la période reste compliquée avec des coûts qui ont explosé, et à l’inverse des habitudes du public qui ont évolué avec des réservations de plus en plus tardives. « C’est un stress car parfois jusqu’au dernier moment on ne sait pas si on va avoir du monde ».

Malgré tout, la fréquentation 2023 fut bonne avec 20 000 spectateurs, un chiffre que la salle n’avait plus fait depuis le Covid. De quoi conforter également l’équipe du Temps Machine dans ses choix, même si certains aimeraient parfois plus de têtes d’affiche nationales. « C’est compliqué car notre jauge est de 600 places, il faut donc être malins pour réussir à rentabiliser des dates avec ce genre d’artistes » explique encore Odran qui précise par ailleurs : « Nous avons aussi et surtout le devoir de prendre des risques, c’est notre rôle ».

Prendre des risques pour attiser la curiosité du public, mais aussi le fidéliser avec des rendez-vous réguliers comme des soirées à thème (une soirée clubbing par trimestre par exemple), ou encore de s’ouvrir encore plus sur le territoire via des partenariats avec les Années Joué par exemple, Le Plessis qui accueillera la fin de saison les 22 et 23 juin prochain, ou encore d’autres structures locales comme Béton Production et Le Bateau Ivre pour une date exceptionnelle de Troubles de Virginie Despentes au Grand Théâtre de Tours (le 06 mai)… bref, les idées et les envies ne manquent pas.

Un degré en plus :

En parlant de partenariat, le Temps Machine accueillera comme chaque année la soirée Cuvée Scène Locale qui se tiendra le 14 mars prochain. Une soirée co-organisée par 37 degrés, les médiathèques de l’agglomération, Prog, Radio Campus. L’occasion de profiter de deux concerts mais aussi de mettre un focus sur la riche scène musicale tourangelle. L’entrée est gratuite et on vous y attend comme chaque année, nombreux.

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