Le clip de la semaine : «Vie d’alloca» de Nivek

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Chaque vendredi nous plongeons nos mains de gourmands dans l’inépuisable réserve de groupes tourangeaux talentueux et nous en extirpons un clip rien que pour vous.

«Vie d’alloca» de Nivek

Kevin complètement à l’envers

Beaucoup plus noire que noir et blanc, cette belle fable graphique de Charly Bonal (Metropolis) balaie des petits morceaux de ville avec grâce et douceur. Il paraît que c’est beau, une ville la nuit… Mais, une fois passée les considérations esthético-photographiques de la chose, cette ville-ci étouffe, inquiète et laisse assez peu d’espoir au final que le jour se lève de nouveau. Même l’eau des flaques est noire et on sent qu’une bête rôde, les paroles se chargeant de finir de vous suggérer à quoi elle pourrait bien ressembler. Même l’apparition de l’être humain Nivek dans ce paysage cauchemardesque ne fait rien pour arranger les choses, surtout quand il se balance dans le vide pendu par les pieds et nous fait entrevoir ce qu’il voit : le même coin bétonné glauque et sombre, mais à l’envers. Puis apparaissent deux acolytes comme des fantômes, qui disparaissent aussi sec après avoir comme brièvement validé la chorégraphie statique de leur pote.

Côté son on est sur le même ton, avec en apéro mortel la fameuse sirène déjà entendue dans l’intro de Chevalier Noir (Very Bad Tape 2, 2013), mais elle disparaît vite pour laisser place à une ambiance quand même nettement moins apocalyptique. Le phrasé est lui aussi beaucoup moins menaçant, voire apaisé. Mais ne nous y trompons pas : entre le parking Prosper Mérimée de Tours et Saint-Pierre-des-Corps, point de Point Zéro mais plutôt le degré zéro de l’optimisme, dans des lyrics pour le coup très différents du storytelling intense et hyper construit auquel le rappeur corpopétrussien nous avait jusqu’ici habitués. Nivek se fait plus énigmatique, multipliant des snapshots pas forcément faciles à lier entre eux, des flashs angoissants comme autant de pièces de puzzle. Un puzzle dont il manque beaucoup trop de pièces pour constituer un tout rassurant et harmonieux. Tranche de vie dans la tronche, «Vie d’alloca» se termine sur un bip d’électro-cardiogramme lent et un retour de la sirène du départ, nous abandonnant définitivement seul dans la nuit, laissé pour à moitié mort (des fois, on se dit qu’il mieux vaut l’être totalement).

“… Aujourd’hui 6 décembre 1976. Il n’y a rien à craindre sinon la crainte elle-même. Je sais de moins en moins qui je suis.” se répétait Tom Ripley dans la scène d’ouverture de l’Ami Américain de Wenders. 40 ans plus tard, le personnage de Nivek ne dit pas vraiment autre chose. Et ce n’est pas le réjouissant contexte politique du moment qui prétendra le contraire. Top ambiance, donc. Merci Nivek.

Un degré en plus

> Suivez la page Facebook de Nivek pour en savoir bientôt plus sur son nouveau projet «Bad lib», un nouvel EP qui devrait voir le jour dans les prochains mois.

> Et comme vous êtes les plus beaux lecteurs du monde, on vous offre en bous le clip de Chevalier Noir :

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