Le 10e festival Plumes d’Afrique : complexe à monter mais foisonnant à souhait

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Organisé depuis 2002, le Festival Plumes d’Afrique ne cesse de déployer ses ailes en Indre-et-Loire. De 5 jours et 15 manifestations pour sa première édition, il a atteint la centaine de rendez-vous sur plus d’un mois en 2018 (son année record) et s’apprête à dérouler un programme similaire pour sa 10e édition qui a débuté en octobre et ne se terminera pas avant janvier 2024.

Si Plumes d’Afrique est si étiré dans le temps, cela tient à la physionomie particulière de l’événement : le festival est organisé par le collectif d’associations Afrique 37 rassemblant pas moins d’une vingtaine de structures (Touraine Madagascar, Mission Enfants 2000 pour le Soudan, Bandia-Monnet pour le Mali, Peuples Solidaires Touraine…). Au total, ce sont même une cinquantaine de partenaires qui participent à l’émancipation de ce rendez-vous culturel unique en son genre en Indre-et-Loire (des collectivités locales, des médiathèques…). De quoi toucher un large public : 18 704 personnes pour le record de 2018, quasiment 12 000 sur la 9e édition répartie entre 2020 et 2021 à cause des restrictions Covid. Mais une telle ampleur nécessite beaucoup d’énergie, empêchant de tenir la manifestation une fois par an. « On ne peut pas vraiment faire plus » glisse ainsi Elodie Pelette, l’une des chevilles ouvrières.

Sur la durée, ce sont une quarantaine de personnes qui s’activent pour mettre au point la programmation de Plumes d’Afrique. Et plus de 150 si l’on compte l’ensemble des forces vives mobilisées. « L’esprit c’est l’échange et le partage » résumé Elodie Pelette. Un comité réunissant les différentes associations se réunit ainsi régulièrement pour proposer des spectacles à programmer ou des auteurs à inviter. Ce dernier est d’ailleurs très actif, nous dit-on : « Ils lisent, font des fiches, vont dans beaucoup de festivals. C’est un peu le nœud central. » Les partenaires peuvent également proposer au festival de labelliser une date de leur saison culturelle (c’est le cas pour l’exposition de Touraine Madagascar en octobre au Parc de la Rabière à Joué, par exemple, ou de spectacles dans certaines salles).

La culture, plus forte que les troubles politiques.

Dans tous les cas, « on suit l’actualité » pointe Elodie Pelette. Avec une ligne directrice : prioriser les artistes venant directement d’Afrique. « Cela nous tient à cœur de faire venir de vrais collectifs qui sont là-bas même si c’est de plus en plus difficile d’avoir des papiers » nous explique celle qui a elle-même vécu au Burkina Faso pour ses études ou des stages, avant de rejoindre Plumes d’Afrique en 2014 dans le cadre de son master en médiation culturelle (pour ne pas quitter la structure depuis). Elle est donc particulièrement investie pour débloquer les situations, comme l’obtention de visas pour une troupe burkinabé ce qui s’est fait seulement 48h avant le départ pour la France et une intervention quartier Maryse Bastié à Tours.

« Même si on s’y prend des mois à l’avance on a les réponses très tardivement » précise la bénévole qui salue tout de même les nombreux soutiens dont Plumes d’Afrique fait l’objet, tant d’institutions françaises (l’ambassade de France au Burkina Faso a partagé des informations sur le festival) qu’à l’étranger (le gouvernement burkinabé a payé 2 billets d’avion pour les artistes). Une fierté alors qu’il y a quelques semaines, l’actualité c’était plutôt la polémique sur les restrictions assumées de visas pour les artistes venant de pays en délicatesse diplomatique avec la France (le Mali ou le Burkina ont exigé le départ des militaires et ont connu des manifestations anti-françaises).

La culture est donc plus forte que les troubles politiques. « Toutes nos demandes ont fini par être acceptées, notre festival est pris avec beaucoup de sérieux » souligne Elodie Pelette. D’autant que les artistes ou auteurs ne viennent pas seulement pour un one shot mais pour tout un processus : « Le programme officiel fait 48 pages mais il est trois fois plus gros si l’on ajoute les rendez-vous avec les scolaires » précise la responsable de l’événement. Ainsi, même si tous les artistes sont payés, plusieurs acceptent de réaliser gratuitement certaines prestations dans les écoles. Et dans tous les cas s’investissent énormément auprès des enfants, « on leur propose également de venir en spectateurs sur d’autres manifestations » complète la bénévole. Un package qui nourrit les échanges, et qui s’ajoute aussi aux rencontres nées par exemple via les fréquents hébergements chez l’habitant pour les invités.

Dense, généreux, éclectique… Voilà donc ce qui fait Plumes d’Afrique, qui séduit bien sûr un public intéressé par la culture de ce continent, les différentes diasporas, les personnes qui ont voyagé ou travaillé en Afrique, mais qui intéresse également une foule plus éloignée, curieuse, en particulier grâce à la gratuité de la plupart des dates (ou à prix libre). C’est aussi en s’installant dans des lieux très fréquentés comme les médiathèques ou le Bateau Ivre, mais aussi dans un large panel de communes (Tours, St-Pierre… mais aussi Nouâtre et Rivière) que le festival essaime autant. « Beaucoup de thèmes interrogent et nous permettent au passage de sensibiliser » pointe Elodie Pelette en faisant référence par exemple aux points du programme ayant trait à la situation politique complexe du Niger ou aux questions de sexualité. Il y a aussi des ateliers d’écriture avec des bénéficiaires d’associations venant en aide aux plus démunis (Naya à Tours et St-Pierre) ou des partenariats avec les centres sociaux.

Pour tout savoir sur le programme de Plumes d’Afrique, rendez-vous sur son site www.plumesdafrique37.fr. Notez que ce jeudi 9 novembre à 18h30, une troupe d’échassiers du Togo (Afuma) sera en représentation au Point Haut de St-Pierre-des-Corps. Et qu’un grand week-end de temps forts aura lieu les 25-26 novembre à l’Hôtel de Ville de Tours et au Bateau Ivre Rue Édouard Vaillant.

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