En visite à Tours, la Ministre de la Culture et de la Communication Audrey Azoulay a annoncé que la validation définitive du label Centre Dramatique National pour le Théâtre Olympia de Tours interviendrait officiellement en janvier 2017. Après une visite du Point Haut, elle a fait dans les murs du Théâtre Olympia un point précis sur les neuf mesures du Fonds National pour l’Emploi Perenne (FONPEPS) dans le spectacle, avant de lécher brièvement les vitrines de la Boîte à Livres et de partir visiter le chantier du CCC OD, puis d’aller inaugurer les Rendez-vous de l’Histoire à Blois.
Nous l’avons attrapée au vol pour quelques questions. Une exclu 37 degrés.
37 degrés : Le budget de la culture dépasse le seuil historique de 1,1 % du budget de l’Etat et on remarque notamment un budget de 90 millions d’euros alloué à l’emploi culturel et contre sa précarité (FonPeps), cela signifie-t-il notamment que le régime des intermittents est protégé pour un long moment ?
Audrey Azoulay : Il y a eu un travail de fond très important, mené sur deux années, à la fois d’expertise autour du régime d’assurance chômage des intermittents du spectacle, mais aussi un travail de fond sur la méthode, et tout cela a abouti à un accord historique ratifié par l’ensemble des partenaires le 28 avril dernier. Cet accord a réglé le problème des intermittents qui étaient face à un système qui ne correspondait pas complètement à la réalité de leur activité ; ils avaient des demandes qui étaient en déshérence depuis plus de dix ans. Cet accord est au plus proche de leur réalité quotidienne et il est solide parce que tous les partenaires sociaux l’ont signé. Je pense que cet accord sera pérenne parce qu’il répond à une demande, mais aussi parce qu’il produit environ 90 millions d’euros d’économies par an, ce qui était un objectif de départ très important. Un autre objectif était de clarifier un système qui était très flou et qui a été éclairé notamment par le travail du député Jean-Patrick Gille, puis par la suite par des missions d’inspection et d’évaluation.
37 degrés : Si, après l’élection présidentielle de mai 2017, un gouvernement très libéral arrive au pouvoir en France, peut-on imaginer malgré tout que tout ceci puisse être remis en cause ?
Audrey Azoulay : Je ne fais jamais de «politique fiction» ! (rires). Ce qui est certain, c’est que si demain il doit y avoir une réforme en profondeur de l’assurance chômage, cette partie-là est réglée. Nous avons accompagné ces changements, sans intervenir directement dans la partie «assurance-chômage», mais en mettant en place les neuf mesures du FonPeps pour créer de l’emploi et renforcer la pérennité des emplois dans le spectacle vivant et le spectacle enregistré. C’est un bel accord qui peut vivre longtemps, mais il y a toujours eu des idées préconçues sur l’intermittence véhiculées par certains bords politiques et bien sûr si l’on veut détruire le fonds pour l’emploi et jeter l’opprobre sur un système, on peut toujours le faire…
37 degrés : Vous venez d’annoncer que le Théâtre Olympia de Tours devient officiellement Centre Dramatique National en janvier 2017, comment cela se concrétise-t-il ?
Audrey Azoulay : C’est une labellisation, qui sera simplement actée par nos services. Elle vient reconnaître un travail et un projet et, concrètement, cela veut dire plus de moyens et une importante mise en réseau.
37 degrés : Après de grandes métropoles françaises comme Marseille, Lille ou Bordeaux, mais aussi de villes de taille plus modeste, l’agglomération tourangelle se verra dotée dans quelques mois d’un grand musée d’art moderne et contemporain de portée internationale, qu’est-ce que cela vous inspire ?
Audrey Azoulay : Le territoire national a déjà de nombreuses structures culturelles d’envergure, c’est ce qui constitue la colonne vertébrale de la culture française. Pour prendre l’exemple d’une «institution» locale, les cinémas Studio à Tours sont également un exemple de structure pérenne et rayonnante que je pense qu’il faut continuer à favoriser, car il n’y en a jamais trop. Le futur Centre de Création Contemporaine Olivier Debré s’inscrit dans cette dynamique globale qui dure depuis plusieurs décennies et qui permet de lutter durablement contre le déséquilibre historique en faveur de Paris. La diffusion de la culture sur l’ensemble du territoire, c’est ce que l’on peut souhaiter de mieux.
37 degrés : Peu de musées en France donnent une place aussi centrale à l’art asbtrait dans ses collections et dans sa programmation que ne le fera bientôt le CCC OD de Tours. Que pensez-vous de cette spécificité ?
Audrey Azoulay : Je n’arrive pas forcément à voir les choses comme ça. Je pense que depuis l’invention et l’avénement de l’art abstrait en France, c’est plutôt l’art figuratif moderne et contemporain qui souffre et manque de visibilité. Je trouve que la France a depuis longtemps réservé un accueil assez favorable à l’art abstrait. Mais il est évident que le CCC OD, notamment à travers les collections d’Olivier Debré, jouera un rôle bien particulier dans cette diffusion et celle d’autres formes d’art également.
37 degrés : Le Val de Loire est connu comme étant le berceau de la culture française au sens large, mais aussi au sens purement artistique du terme. Ce phénomène se confirme encore aujourd’hui. Quel regard portez-vous sur ce territoire ?
Audrey Azoulay : C’est un territoire que tous les Français connaissent, notamment pour sa partie patrimoniale qui est remarquable. L’intérêt pour moi aujourd’hui est de venir discuter avec les gens qui au quotidien aujourd’hui font de la danse, de la musique, du théâtre… Cela me permet de mieux connaître les spécificités de ce territoire. Il faut rappeler que derrière ce patrimoine bâti exceptionnel, il y a aussi du vivant et, justement, rendre ce patrimoine plus «vivant» est l’une de nos missions.
Propos recueillis le 7 octobre 2016
dans la salle de répétition du Théâtre Olympia de Tours.
(c) Laurent Geneix pour 37°