Supers, sa dernière série pour les enfants, va bientôt sortir aux États-Unis.
A un moment, au lycée, il a envisagé de devenir réalisateur de cinéma. Très vite, il a aussi compris que les Beaux-Arts ce n’était pas pour lui. 30 ans plus tard, Dawid est un dessinateur de BD accompli et renommé. Sa passion d’enfance est devenue son métier : « comme pas mal de dessinateurs j’ai commencé quand j’étais tout petit. Je me souviens que je regardais les albums de Tintin alors que je ne savais pas encore lire » nous raconte ce Tourangeau de 47 ans.
« Mes parents aimaient la BD, mes grands-parents aussi… Partout où j’allais il y avait des albums et je me ruais dessus : Lucky Luke, les Schtroumphs, les gros albums de Picsou… J’avais aussi Le Journal de Mickey et de Spirou toutes les semaines. »
Et puis un jour, en CE1 « j’ai pris un cahier et j’ai commencé à dessiner. » Pas en cours, plutôt pendant les vacances scolaires, « il y avait des canards, des cow-boys… » se souvient Dawid, qui a tout gardé. « J’ai fait ça jusqu’au lycée : de petits albums reliés avec mes premières histoires de détectives ou d’enquêtes policières. J’ai également créé des espèces de petits journaux rigolos que je faisais lire à ma sœur et à mes parents. » En parallèle, le jeune homme rencontre ses premiers auteurs aux festivals de Blois ou Angoulême.
Il commence son travail de dessinateur en Pologne
Le bac approchant, l’adolescent originaire de Vendôme a moins de temps pour prendre le crayon en main mais son intérêt pour l’art ne faiblit pas : « j’ai commencé des études d’histoire à Tours et ce qui me plaisait le plus c’était l’histoire de l’art. » Puis, à l’heure du service militaire, voilà Dawid envoyé en Pologne en tant que prof de français pour des élèves officiers polonais : « comme je dis toujours, c’est là que mon destin a basculé » nous dit-il, en maniant l’art du suspense…
Il ne faut pas le prier longtemps pour avoir droit aux détails…
« Avec seulement 10 à 12h de cours par semaine, j’avais du temps. Je me suis donc remis à dessiner dans ma chambre et on m’a proposé de faire des dessins pour décorer les locaux, des grands formats au crayon de couleur ou pastel. C’était forcément en rapport avec l’armée mais on m’a aussi demandé un Astérix ! Ensuite, j’ai décidé de rester en Pologne où j’ai commencé à travailler en tant que dessinateur. C’était au milieu des années 90 et c’était très intéressant : le pays était en pleine effervescence, il y avait du changement et des opportunités. »
Des dessins pour la presse, une adaptation de La Belle et la Bête…
Résident de la capitale, Varsovie, Dawid y fait un stage pour un studio d’animation polonais avant de travailler pour des agences de communication et illustrer les articles d’un journal en français sur l’actualité polonaise, un hebdo lancé par un journaliste du Monde et un correspondant de l’AFP. « Je lisais aussi de la BD polonaise, c’était très underground. Il y avait même un petit festival. »
Après 7 ans en Pologne, Dawid rentre en France, rejoint une boîte de com’ et intègre l’Atelier Pop de Tours rassemblant une petite dizaine d’auteurs tourangeaux. C’est aussi là qu’il rencontre son futur compère : Mickaël Roux.
« Peu à peu je me suis créé un réseau de connaissances et les petits boulots se sont enchaînés dans le dessin, en tant que coloriste. J’ai pas mal collaboré avec la presse comme le magazine I Love English ou le magazine de Titeuf. »
Désormais bien lancé, le dessinateur tourangeau se spécialise dans le domaine de la jeunesse. Il collabore toujours avec la presse en 2017 mais développe aussi ses propres histoires. Là encore, c’est un peu par hasard que tout a commencé : « j’ai envoyé une carte de bonne année à un scénariste que je connaissais bien, Loïc Dauvillier, des éditions de la Gouttière. Il m’a renvoyé un mail en me disant qu’il connaissait une fille écrivant des scénarios et qu’il nous verrait bien bosser ensemble. » C’est le début d’une collaboration avec Delphine Cuveele pour Passe-Passe, « l’histoire d’une grand-mère qui perd ses couleurs au fil des pages sous le regard de sa petite fille. » Une BD sans texte, qui évoque la mort en filigrane, et qui fait sensation avec une sélection dans la catégorie « Jeunesse » du festival de BD d’Angoulême. Le graal.
Une série en 5 tomes qui cartonne
Suite à ce premier succès « tout s’est enchaîné » se souvient Dawid qui a rapidement sorti un autre album aux côtés de Delphine Cuveele : Dessus-Dessous, avec le même personnage… mais plus d’humour : « c’est l’histoire d’une taupe qui dévaste le jardin. Le père veut l’éliminer mais les enfants veulent la sauver. » Autre projet pour le dessinateur tourangeau : une adaptation de La Belle et la Bête puis une histoire originale : Supers. Développée à partir de 2014, la série scénarisée par Frédéric Maupomé raconte les aventures « de trois gamins qui viennent d’une autre planète, qui sont abandonnés sur Terre sans savoir ce que sont devenus leurs parents et qui doivent se débrouiller. Ils ont entre 7 et 12 ans, ont des super pouvoirs et sont aidés par une espèce de robot. »
Avec leurs têtes d’enfants venus de l’espace, les personnages de Dawid font un carton recevant notamment le tout premier prix ACBD Jeunesse, décerné par les critiques au festival de Montreuil. Le premier tome de Supers est sorti en 2015, au total il y en aura 5 et une traduction sera bientôt proposée aux États-Unis. « Cette série, c’est ce que j’ai toujours voulu faire » confie le dessinateur qui planche désormais sur un projet qu’il monte de A à Z (scénario et dessins) autour « d’un mec à qui il arrive de drôles de trucs ». Il a également initié une troisième collaboration avec Delphine Cuveele et pourra vous en parler ce samedi 16 et ce dimanche 17 au festival A Tours de Bulles, Place Châteauneuf.
Un degré en plus : Pour tout savoir sur A Tours de Bulles, rendez-vous sur Info Tours.