Il s’est fait une spécialité d’expliquer l’origine des choses, le pourquoi du comment. Journaliste, David Castello-Lopes est connu pour les vidéos qu’il réalise : drôles et instructives. Plus précisément, dans lesquelles la drôlerie sert le propos sérieux. La forme au service du fond. Un concept qu’il a dupliqué en plusieurs concepts : Depuis quand sur Canal +, Intéressant sur Arte, Suisse sur la télé suisse. Il fait aussi de la radio (Europe 1 avant, France Inter depuis fin août 2023) et des interviews pour le média en ligne Kombini. Et maintenant, il monte sur scène.
Faire un spectacle quand on est une personnalité médiatique c’est à double tranchant. Arthur a essayé, sans que ce soit un franc succès (public comme critique). Michel Drucker a eu un peu plus de réussite (il est récemment passé à Saint-Avertin). Pour David Castello-Lopes on se posait un peu la question : qu’est-ce que ce journaliste aurait à nous dire dans un seul-en-scène ? A-t-il une vie incongrue qui mérite d’être racontée ? Nous fera-t-il une démonstration drolatique et sans concession comme en est capable l’excellent Pierre-Emmanuel Barré ? Surtout, sera-t-il aussi captivant sur une heure et demi que sur les formats de 2 à 5 minutes pour lesquels on l’adore ?
En tout cas il y avait de l’attente. La soirée était affichée complète, soit 700 réservations pour remplir l’auditorium Ronsard du Vinci de Tours. A la sortie, c’est bien une centaine de personnes qui faisaient la queue pour discuter quelques instants avec l’artiste et passer par la case boutique, au point de faire flipper le personnel craignant que la séquence dure trop longtemps. Une foule conquise par un journaliste-humoriste complètement irrévérencieux qui ne perd jamais le fil de son sujet, même s’il vient de nous emmener très loin par ailleurs.
Ce qui est impressionnant avec ce garçon, c’est la façon qu’il a de se mettre en scène. Sa tête est partout dans les vidéos qui illustrent le spectacle. Mégalo ? Pas une seconde. Autodérision complète. A l’aide de photos d’enfance, de vidéos de famille, d’anecdotes dans le métro, il développe son sujet qui est l’analyse des rôles que chacun/chacune on joue dans nos vies quotidiennes. C’est une critique de la société où l’image prime sur le naturel, et sur le fond. C’est fin et enrobé avec une série de vannes bien senties, et quelques balles perdues pour Vladimir Poutine, Emmanuel Macron, Olivier Véran, le créateur de l’hymne portugais, et l’intégralité du quartier des Prébendes.
Sur scène, malgré un petit virus, le propos est fluide, naturel. On le suit dans ses délires sur le jus de raisin, « les gens qui adorent quand les clichés se confirment », ou la cérémonie de dispersion des cendres de son papa (un monument de sarcasme comme en ont édifié des gens comme Blanche Gardin ou Laura Laune). Pas de doute, s’il est surtout journaliste au quotidien, David Castello-Lopes est un humoriste authentique.
