[Cinéma] Regards #57 Sans un bruit et Joueurs

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Dans Regards, retrouvez l’avis de Stéphanie Joye sur quelques films à l’affiche dans les cinémas tourangeaux. Histoire de vous donner envie, à votre tour, d’aller passer un moment dans les salles obscures.


Sans un bruit (Thriller américain, épouvante-horreur)

De John Krasinski

Avec Emily Blunt, John Krasinski, Millicent Simmonds 

Interdit aux moins de 12 ans

Une petite ville dévastée. D’étranges créatures y règnent en cachette, réagissant mortellement au moindre son émis par l’Homme et terrorisent les uniques survivants, une famille. Celle-ci déploie toutes ses ressources pour ne pas être piégée. Car si elle se fait entendre …

Triomphe au box office américain, Sans un bruit est un thriller fantastique, horrifique angoissant et ingénieux, qui joue avec les nerfs tout en divertissant. Il nous rapproche de l’univers du réalisateur indien M. Night Shyamalan (Sixième sens, Incassable, Signes, Split…), foisonnant d’idées, en offrant une très belle leçon de cinéma de genre, à la fois stylistique et psychologique. Plus qu’un film trash, voici une expérience sensorielle frissonnante, avec sursauts effroyables et ambiance spectaculaire. Le stress est maximal. Et puis il y a cette histoire de famille, touchante, unie, qui met en avant la thématique de la protection fraternelle et parentale. Une jolie trouvaille scénaristique. Le sujet est émouvant et ne tombe pas dans la mièvrerie, il offre même des scènes épurées, esthétiques et très sensibles. Le rythme du film est savamment dosé. Cette troisième œuvre de fiction de John Krasinski, tournée avec de petits moyens, est impressionnante de maîtrise en termes de photographie et de mise en scène. Egalement en terme de jeu : John Krasinski en premier rôle avec Emily Blunt, son épouse dans la vie – exceptionnelle ici dans le rôle de la mère enceinte. On retiendra notamment l’incroyable petite fille Millicent Simmonds, réellement sourde-muette dans la vie et déjà vue dans le film fantastique Le musée des merveilles de Todd Haynes. Quant à la bande son, elle est angoissante à souhait par ses dissonances récurrentes et anxiogènes. Au total, ce cauchemar nerveux est captivant et à couper le souffle.

Un film à l’affiche dans les cinémas CGR de l’agglomération (toutes les informations utiles sur leur site internet).


Joueurs (Thriller français)

De Marie Monge

Avec Tahar Rahim, Stacy Martin

Prix de la jeunesse au festival de Cabourg

La Ciotat : prix d’interprétation masculine Tahar Rahim

4 nominations Quinzaine des Réalisateurs, Festival de Cannes 2018, dont Caméra d’Or

Dans un Paris nocturne reclus, insolite et clandestin, des joueurs d’argent s’affrontent, bien souvent dans la violence. Parmi eux, il y a Abel, un accro, très solitaire. Une histoire amoureuse passionnée va naître de sa rencontre avec la belle Ella, qui mène une vie plutôt banale. La destruction psychologique va peu à peu atteindre le couple, en proie au manque comme à l’addiction.

Marie Monge est une scénariste autodidacte tourangelle, dont voici le premier film, qui emploie un ton assez personnel et un style presque documentaire sur les débuts du récit. Paris Belleville la nuit, avec ses rendez-vous clandestins. La cinéaste en expérimente la beauté, tout en nous immergeant au cœur des sombres Cercles du jeu. Les sujets de cette œuvre noire sont la dépendance amoureuse au sein d’un jeune couple – la souffrance de l’absence, et l’addiction au jeu d’argent. Le goût immodéré pour le risque est dévastateur. On assiste à une descente aux enfers au cœur d’un thriller à suspense, où la tension est à la fois dramatique et sexuelle (mais pas assez accentuée). La mise en scène est à la fois énergique et délicate, et offre un duo d’acteurs totalement investis, très doués, très remarqués parmi ceux de leur génération. Il y a d’abord Tahar Rahim, en joueur flambeur, convaincant, d’un naturel désarmant, acteur que l’on a pu voir dans Un prophète de Jacques Audiard (césar du meilleur espoir masculin et césar du meilleur acteur), ou encore dans Grand central de Rebecca Zlotowski. Stacy Martin, quant à elle, endosse dans Joueurs le rôle d’une restauratrice, toujours aussi sensuelle et grave (Nymphomaniac Vol.I de Lars Von Trier, Taj Mahal de Nicolas Saada). Cependant, malgré la qualité de la mise en scène, malgré le style, et malgré l’interprétation des acteurs, reste le fait que l’intrigue est sans surprise, sage et convenue. Mais au final, le genre, tendu, est assez efficace, et mené, comme trop rarement – il faut bien le souligner, par la caméra d’une femme.

Un film à l’affiche aux Cinémas Studio (Toutes les informations utiles sur leur site internet).

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