[Cinéma] Regards #52 « Call me by your name » et « Lady bird »

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Dans Regards, retrouvez l’avis de Stéphanie Joye sur quelques films à l’affiche dans les cinémas tourangeaux. Histoire de vous donner envie, à votre tour, d’aller passer un moment dans les salles obscures.


Lady bird (comédie dramatique américaine)

De Greta Gerwig

Avec Saoirse Ronan, Laurie Metcalf, Tracy Letts

5 nominations aux Oscars 2018 : Meilleur film, meilleur réalisatrice, meilleur scénario, meilleure actrice Saoirse Ronan, meilleure actrice dans un second rôle Laurie Metcalf

Trophées Golden Globes 2018 : Meilleure comédie, meilleure actrice Saoirse Ronan

Christine Mc Pherson entame sa dernière année au lycée de Sacramento, en Californie. Elle découvre l’amitié sacrée, les premiers émois de l’amour, la sexualité, et doit se projeter dans l’avenir estudiantin. Ses espérances, au-dessus des moyens familiaux, la plonge dans l’angoisse et l’incertitude. Entourée d’un père chômeur, aimant et compréhensif, d’une mère infirmière maladroite et oppressante, d’un frère et d’une sœur métisses, plus âgés, adoptés, et au look grunge, Christine ne trouve pas sa place. Elle veut se démarquer avec ses cheveux rouges, tout en s’attribuant le pseudo de « Lady bird » et en intégrant une troupe scolaire de comédie musicale. De désillusions en liens affectifs qui se resserrent, Lady bird va s’approprier son passé, son présent et son destin, et tenter de réussir son intégration dans une grande université new-yorkaise.

Greta Gerwing actrice et scénariste devient réalisatrice et signe ici son premier film, Lady bird, remarqué aux derniers Golden Globes et Oscars américains. Une bien belle et irrésistible surprise. Personnel, autobiographique, sincère, il trace un subtil sillage nostalgique au travers d’une chronique délicate, douce-amère et drôle, rythmée par de succulents dialogues. Un teen-movie pêchu, plein de chaleur, de sensibilité et d’auto-dérision, témoin de sa jeunesse ancrée dans un contexte de classe moyenne du début du siècle. L’ouverture au monde qui l’entoure. Si la surprenante Saoirse Ronan incarne énergiquement et merveilleusement bien, avec force et conviction, le rôle de celle qui la dirige, avec ses émotions de jeunesse contradictoires, le film qui évolue avec elle ne se cantonne pas à dépeindre un portrait de jeune fille, mais bien la thématique du passage à l’âge adulte. Thématique touchant un public très large, parfois de façon sûrement mélancolique, et toujours avec une très belle justesse. Les personnages entourant l’héroïne, qu’ils soient adolescents ou adultes, sont tous importants et bluffant d’authenticité. Le film apprend à toucher ses propres rêves. Mais aussi, il insiste particulièrement sur le rapport mère-fille si délicat dans le contexte. L’ambigüité entre l’affection et le manque d’acceptation, l’attachement et les conflits, tous ces rapports étouffants qui font de l’adolescence une période qui ne souhaite plus qu’éclore… La demoiselle oiseau souhaite quitter le nid, s’envoler, et c’est beau à observer.

Un film à l’affiche aux Cinémas Studio (Toutes les informations utiles sur leur site internet)


Call me by your name (Drame, romance, français, italien, américain, brésilien)

De Luca Guadagnino

Avec Timothée Chalamet, Armie Hammer, Michael Stuhlbarg, Amira Casar 

Tiré du roman d’André Aciman

Oscar du Meilleur scénario adapté par James Ivory

Le film a été nommé aux Oscars du Meilleur film et du Meilleur acteur pour Timothée Chalamet

Au début des années 80, dans une villa de campagne italienne, une famille soudée passe un bel été ensoleillé dans la quiétude et la joie de vivre. Lecture et musique classique rythment le quotidien du bain culturel dans lequel ils s’épanouissent. Des amis vont et viennent. Le père, grand professeur en culture gréco-romaine, accueille pour six semaines un doctorant américain chercheur en archéologie, Oliver, très bel homme sympathique vite apprécié de tous. Le fils, Elio, un jeune homme délicat âgé de 17 ans, profite du bon temps avec son cercle d’amis, dont une jeune fille avec qui il flirte, entre parties de volley-ball, farniente, baignades et sorties nocturnes. Il est aussi très cultivé et doté d’une grande intelligence. La rencontre d’Elio avec Oliver va chambouler sa vie à jamais.

Call me by your name est un film magnifique, d’une puissance émotionnelle et d’une sensibilité inoubliables. Il nous embarque dans une atmosphère apaisante et lumineuse, une douceur de ton charmante. Mise en scène et décors naturels implantent ainsi une sérénité qui permet au scénario d’évoluer sans pathos ni lourdeur, au gré d’une brise légère et d’un ensoleillement permanent. La rencontre entre un homme d’âge mûr, Oliver, et d’un adolescent encore assez innocent, Elio, est pure et vibrante. Sa crédibilité est si forte qu’elle nous empoigne, et que l’amour, sincère, tendre, sensuel et si unique qui nous est donné à ressentir et à voir ne nous quitte plus. Entre frissons et larmes, l’universalité de la passion déchirante nous enflamme. Le désir éprouvé par les deux hommes est très émouvant, à fleur de peau, brillamment orchestré, vibrant. Les deux acteurs sont exceptionnels. Mais Thimothée Chalamet, jeune acteur français incarnant Elio (et vu également cette année dans Lady bird de Greta Gerwig), est à part. Magistral. Il aurait amplement mérité l’Oscar du meilleur acteur, titre pour lequel il concourrait il y a quelques jours aux Etats-Unis. Le long plan fixe sur son visage, plan séquence incandescent sur la fin, est une claque, un moment de grâce cinématographique, une résonance pour longtemps. Mémorable, brûlant, bouleversant. Un film révélation, immense coup de cœur.

Un film à l’affiche aux Cinémas Studio (Toutes les informations utiles sur leur site internet)

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