[Cinéma] Regards #49 Jusqu’à la garde et Un jour ça ira

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Dans Regards, retrouvez l’avis de Stéphanie Joye sur quelques films à l’affiche dans les cinémas tourangeaux. Histoire de vous donner envie, à votre tour, d’aller passer un moment dans les salles obscures.


Jusqu’à la garde (thriller français)
De Xavier Legrand

Avec Denis Ménochet, Léa Drucker, Thomas Gioria

Julien est un pré-adolescent. Dans une grande solitude, il subit le déchirement de ses parents, qui se séparent et se battent pour obtenir sa garde. Sa mère, Miriam, refuse que son père, Antoine, puisse le voir. Elle accuse ce dernier de violences au sein du foyer. La juge accorde néanmoins à Antoine des droits qu’il compte bien imposer malgré le rejet qu’a Julien de le voir. Harcelant, démuni, irrité, imprévisible, Antoine ne supporte pas l’attitude protectrice de Miriam avec leur fils qu’elle tente d’éloigner de lui. Julien, lui, essaie de se positionner dans cette descente aux enfers.
Jusqu’à la garde est un choc cinématographique constamment tétanisant, dont on ne ressort pas indemne. Sur un sujet difficile, autour des violences conjugales, Xavier Legrand (dont c’est le premier film) tisse une trame de torpeur destructrice qui nous prend à la gorge et nous étouffe crescendo jusqu’au final, magistral. Le scénario sous tension, si abouti, si intense, révèle un trio d’acteur stupéfiant : Denis Ménochet, angoissant, Léa Drucker, liquéfiée, et le tout jeune Thomas Gioria, tout en non-dits et pleurs contenus. La sobriété fluide de ce film noir, dur, les jeux de regards, la colère et l’effroi bouleversent, secouent, tiennent en haleine … on est sonné. La grande force de ce drame familial réside dans la place laissée à l’imaginaire du spectateur, et dans sa propension à dépeindre un couloir de l’enfer dans lequel on s’embourbe sans crier gare. La mise en scène est si épurée qu’elle semble tenir du documentaire. Non exempt d’émotion à fleur de peau, le récit nous transforme, nous hante peu à peu, nous bouscule, manipule nos nerfs. Le réalisateur a frappé très fort avec sa maîtrise efficace et impressionnante du réalisme piégeant. Maîtrise si juste, si parfaite. Cette façon de nous prendre aux tripes grâce à un long processus stylistique, haletant. Un grand thriller psychologique, et l’un des meilleurs films français de ce début d’année

Un film à l’affiche aux Cinémas Studio (Toutes les informations utiles sur leur site internet)


Un jour ça ira (documentaire français)

De Stan Zambeaux, Edouard Zambeaux

A Paris, Stan et Edouard Zambeaux se sont plongés au cœur d’un foyer d’accueil d’urgence pour les familles à la rue, l’Archipel. En filmant au plus près la solidarité entre les démunis qui y séjournent, les deux réalisateurs ont pris le parti de suivre particulièrement Djibi et Ange. Les deux adolescents africains nous transmettent leurs émotions et leurs espoirs à travers leur force puisée dans le chant et l’écriture. Les ateliers proposés par le centre les propulsent, avec dignité et engouement.

« Le monde est cruel, mais il nous donne à manger », « Le couloir est un voyage dans le monde », « La mer m’a emmené en Italie dans le ventre de ma mère », dit Djibi, jeune garçon sensible, d’une légèreté et d’une maturité incroyables. Djibi est le porteur culturel, l’héritage, l’imaginaire. Il témoigne d’une dimension universelle, dimension tellement plus grande que lui … Il est citoyen du monde, et le documentaire est un plaidoyer pour la résilience par l’art. Une trajectoire d’émancipation, un prisme narratif sans frontalité. Djibi manie l’oxymore tel un filtre, avec pudeur. Dans le foyer se tisse un lien entre tous les univers, entre les mères, leurs enfants et les adultes, grâce aux ateliers de musique et par la prise de parole en public. La caméra est un guide, elle filme à hauteur des yeux, sans immobiliser les personnages. Le huis clos est un parcours nous mettant en posture de voir des gens en mouvement, des êtres libres et maîtres de leur discours, sans fatalisme. Solidarité, partage, force de vivre ensemble. Incarnation de valeurs, leçon spontanée, Un jour ça ira est davantage un film sur la pauvreté que sur la migration. Et il est un élan de respect et d’espoir.

Un film à l’affiche aux Cinémas Studio (Toutes les informations utiles sur leur site internet)

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