[Cinéma] Regards #30 La belle et la meute

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Dans Regards, retrouvez l’avis de Stéphanie Joye sur quelques films à l’affiche dans les cinémas tourangeaux. Histoire de vous donner envie, à votre tour, d’aller passer un moment dans les salles obscures.

La belle et la meute (drame policier tunisien, français, suédois, Qatar …)

De Kaouther Ben Hania

Avec Mariam Al Ferjani, Ghanem Zrelli, Noomane Hamda 

Inspiré d’une histoire réelle (publiée sous le titre Coupable d’avoir été violée)

Présenté et acclamé à Cannes 2017 dans la sélection Un certain regard

Tunis, 2012. Une soirée organisée à la boîte de l’hôtel avec ses amis. La rencontre avec le beau Youssef. Et puis, sans crier gare, le début d’un cauchemar de toute une nuit. Mariam est traumatisée, deux flics l’ont agressée (ceci ne nous est pas montré), et Youssef n’a rien pu faire. Mais il l’accompagne alors à l’hôpital, puis au poste de police, et, face à des équipes médicales obtuses et policières psychiquement maltraitantes, il pousse Mariam à aller au bout de sa plainte. Pour que sa position de victime soit reconnue, et pour obtenir justice de la part des … paires de ses bourreaux.

Le film avance à une cadence qui ne laisse aucun repos, ni à la protagoniste, ni à nous-mêmes. Nous voilà pris à la gorge, enragés face à cette histoire d’injustice et de violence (tant morale que physique), stoïques. La mise en scène et les neuf plans-séquence chapitrés sont chorégraphiés avec brio. Ils rythment le récit sur toute une nuit et jusqu’au matin. Un vrai challenge en terme de technique de mise en scène. C’est une plongée d’un lieu à un autre en temps réel, permettant aux acteurs d’évoluer dans une dramaturgie extrêmement précise : rien n’est laissé au hasard. Youssef « l’ouvre » coûte que coûte. Mariam va poursuivre sa lutte avec une force inouïe, surmontant si atrocement ce qui lui arrive pour défendre ses droits. Se heurtant à l’indifférence, puis aux humiliations, aux insultes, aux pressions, aux intimidations, aux menaces, au chantage, au martèlement d’atrocités, elle doit encore faire face à la promiscuité de ses agresseurs … un véritable calvaire sans nom. Comment dès lors tenir le cap, ne pas flancher ni abdiquer ? Mariam relève la tête tant bien que mal et permet de nous livrer un témoignage sur la cruauté. Troisième long-métrage de Kaouther Ben Hania (après Le chat de Tunis), La belle et la meute est son premier film vraiment fictionnel, dont le scénario est loin du livre dont il est librement adapté. Ayant à cœur de traiter de la Justice au plus réel, la réalisatrice (qui est aussi documentariste), montre une violence anti-spectaculaire, un mal institutionnalisé, les sanctuaires du pouvoir. Un film de genre noir, cauchemardesque. Les décors et l’atmosphère participent activement à la profondeur du récit. Et si Youssef est politisé, la jeune Mariam, naïve quant à elle, se surpasse, se métamorphose. La justice relève alors l’identité trouvée à travers l’épreuve subie. Au total, Kaouther Ben Hania livre une oeuvre coup de poing qui nous terrasse littéralement. Impossible à oublier.

(Ndlr : Sélection Film du mois des Cinémas Studio)

Un film à l’affiche aux Cinémas Studio (Toutes les informations utiles sur leur site internet).

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