[Cinéma] Regards #2 : Paterson, Personal Shopper et Les animaux fantastiques

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Un mercredi sur deux, dans Regards, retrouvez l’avis de Stéphanie Joye sur quelques films à l’affiche dans les cinémas tourangeaux. Histoire de vous donner envie, à votre tour, d’aller passer un moment dans les salles obscures.

PATERSON (comédie dramatique américaine)
Sélection officielle Festival de Cannes, compétition.
De Jim Jarmusch

Avec Adam Driver, Golshifteh Farahani, Rizwan Manji…

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Fable contemporaine sur le (vrai) bonheur simple…

Artiste cinéaste de la lenteur Cooool – protagoniste à part entière (« Dead man », « Coffee and cigarettes », « Broken Flowers »), une nouvelle fois touché par la grâce, anti-moralisateur et anti-sensationnel, confiant dans la vie, Jim Jarmusch signe un film attendrissant, délicat jusque dans son humour corrosif et sa joute verbale irrésistibles. Un petit joyau paisible dans le bonheur et la simplicité des choses.

Plan-plan, train-train et infinie tendresse suivent la vie parfaite et réellement enviable d’un couple trentenaire formé par Paterson (oui, comme cette ville-ci, éponyme) et Laura. Le quotidien d’un chauffeur de bus (Adam Driver…, »Midnight special ») et d’une jeune femme fantasque (Goldshifteh Farahani, « My sweet pepper land », « Les deux amis ») emplis de compassion, d’amour, d’écoute et de douceur. Et il y a Marvin, leur bouledogue anglais irascible en plein Oedipe. Et le bar, aux chassés-croisés des habitués, aux instantanés d’hilarité, au tragi-comique jubilatoire.

Paterson se meut au sein d’une toute petite galerie de personnages, bouge peu et écoute, mais, surtout, tandis que sa femme multiplie les expériences créatrices, il écrit, en fan de William Carlos Williams, de la poésie, toujours le carnet sur lui, à Paterson, New Jersey. La vie ainsi: simplicité et créativité…

La portée du film (si apaisant) est que, au sein d’une vie bien rangée, rassurante et confortable, un couple solide peut s’octroyer le bonheur de réaliser ses propres rêves, décidément conciliables. Tout est conciliable.
C’est un enchantement absolu. C’est un film qui fait du bien.

Paterson : un film à l’affiche aux Cinémas Studio (Toutes les informations utiles sur leur site internet)

Personal Shopper (Médium-Thriller fantastique),
d’Olivier Assayas

avec Kristen Stewart, Lars Eidinger, Sigrid Bovaziz, Nora Von Waldstäten et Benjamin Biolay

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Quel exercice de style que cet excellent film à la mise en scène (primée à Cannes) élégante et divinement oppressante.

Assayas (« Sils Maria », 2014) tournoie intensément, sans répit, autour de l’exaltante Kristen Stewart (« Twilight »), actrice perle de naturel (jusqu’aux cheveux gras et pulls de montagnarde ringarde) qui apporte, tout au long du film, où elle est de tous les plans, son âme lose & rock, racée et mystique, angoissée et défiante, avec un talent remarquable. Le film ballotte cette jeune femme au métier de shoppeuse pour célébrités, de boutiques de luxe en maisons fantôme, d’hôtels ou appartements sombres en trains anxiogènement méditatifs. Maureen est une jeune américaine à Paris, et elle cherche un signe de l’au-delà, de la part de son frère jumeau, Lewis, récemment décédé. Mais ce n’est pas forcément ni ce signe-là, ni de la part de celui-ci, auquel elle va, terrorisée, entre ectoplasmes et coups forts, se retrouver confrontée. Saisissant et passionnant, Personal Shopper est assurément à ne pas manquer. Sa patte, si personnelle justement, son intrigue intelligente et son actrice principale totalement envoûtante en font une œuvre délicate, angoissante, assez inclassable, si ce ne sont ses références au cinéma contemporain japonais. (ndlr : le mysticisme est finement documenté autour de Victor Hugo/Benjamin Biolay, et de l’artiste Hilma Af Klint, précurceuse de l’Art Abstrait du début du XXème siècle).

Personal Shopper : un film à l’affiche aux Cinémas Studio (Toutes les informations utiles sur leur site internet)

Les animaux fantastiques (film fantastique américain-britannique)
de David Yates

avec Eddie Redmayne, Katherine Waterstone, Dan Fogler…

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(ndlr : Norbert Dragonneau est l’auteur du livre Les animaux fantastiques que lisait Harry Potter dans la saga)

Sorcellerie et magie côtoient de somptueux décors new-yorkais des années 20. Monsieur Dragonneau, le porteur de magie bestiaire, dans sa valise, de son retour de tour du monde, est interprété de façon maniérée et hallucinée par l’agaçant acteur de « The danish girl », Eddie Redmayne (le rôle d’un homme transgenre, qu’il affublait de mimiques). Mais on passera outre ce maniérisme, ainsi que la teneur bien maigre du scénario, en admettant que, de façon tant émerveillante que spectaculaire, les effets spéciaux sont à couper le souffle. Eblouissants de poésie chromatique étincelante. Ils ont ceci d’emprunt aux Harry Potter que la subtilité et l’élégance anglaises. L’univers de la valise est riche, envoûtant et si éblouissant… Petit à petit, embrigadés par les personnages, un peu mieux par le récit, on est happés par la cadence fracassante du film, par sa noirceur effrayante et résolument fantastique, en effet… Drôle, jouissif, féérique, sombre et explosif, le film aboutit à une machinerie de guerre mystique aux contrées de l’au-delà et de la parjure. Les explosions des constructions, les effets virtuels et la lumière forment alors un tourbillon dingue, voire estomaquant. Avec un peu d’émotion qui tombe au tournant. Un divertissement de haut vol.

Les animaux fantastiques : un film à l’affiche aux Cinémas Studio (Toutes les informations utiles sur leur site internet) et aussi dans les cinémas CGR de l’agglomération (toutes les informations utiles sur leur site internet).

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