[Cinéma] Regards #15 Django / Cessez-le-feu / Aurore / Split

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Dans Regards, retrouvez l’avis de Stéphanie Joye sur quelques films à l’affiche dans les cinémas tourangeaux. Histoire de vous donner envie, à votre tour, d’aller passer un moment dans les salles obscures.

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Django (biopic français)

De Etienne Comar

Avec Reda KatebCécile de FranceBeata Palya 

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« Django » est un peu longuet. Décevant durant un assez long moment, il accorde une place trop minime à la virtuosité du guitariste, à sa musique pleine de joie (quelques scènes galvanisantes nous sont offertes) et à son génie au sommet émerveillant le Tout-Paris de 1943. On a alors un ressenti d’un film assez morne. Mais en réalité, il a un autre parti pris. Une fois admis, on comprend que ce dernier est digne d’intérêt et de mémoire. Il s’agit des Nazis de la Seconde Guerre Mondiale qui ont manipulé l’artiste dans sa liberté d’expression et de style de vie. On parvient alors à nous captiver densément. Et puis il nous est surtout donné à voir ce que les Allemands ont fait subir au peuple Tsigane. C’est ce propos méconnu et central du film, ainsi plus clairement éclaté, qui apporte du sens et de la valeur à cette œuvre particulière. Surtout lorsque l’on comprend tout l’hommage que Django Reinhardt leur rend … Reda Kateb, en gitan à la classe effrontément placide, s’en tire plus qu’honorablement. C’est un grand acteur. Concernant le rôle tenu par Cécile de France (Louise de Klerk), certes utile à détourner certaines choses au sein des troupes allemandes obtuses à la désinhibition, il est décevant de le savoir fictif, ce qui décrédibilise évidemment l’authenticité de ce biopic (premier film du réalisateur Etienne Comar) déjà plus historique qu’il n’est artistique. Qu’est-ce que Django a apporté à l’Histoire du Jazz ? Cette question reste, hélas, en suspend.

Un film à l’affiche aux Cinémas Studio (Toutes les informations utiles sur leur site internet)

Cessez Le Feu (drame français, belge)

De Emmanuel Courcol

Avec Romain Duris, Grégory Gadebois, Céline Sallette, Julie-Marie Parmentier, Maryvonne Schiltz, Wabinlé Nabié, Yvon Martin, Benjamin Jungers

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Est-il possible d’être déçu de Romain Duris, il semble évident que non. Il prouve encore son alliance de charme sensuel, viril et d’intensité racés, ce charisme, et cette conviction crédible installée lui conférant toujours une stature impressionnante. Dans ce « Cessez Le Feu », drame familial et aventurier aussi poignant qu’énigmatique, Georges est un homme d’une force incommensurable, ancien héros de la première guerre mondiale, revenu d’un périple hantant et sauvage en Afrique (1923, Sénégal, Burkina Faso), qui essaie de panser ses plaies au fur et à mesure qu’il retrouve les siens (dans la France des années folles). Mes les siens sont des êtres fragiles et cabossés, qu’il faut comprendre et avec qui réapprendre à vivre. Et c’est une toute autre mission terrible : une mère veuve anéantie, et un grand frère sourd-muet des suites d’un choc psychologique mystérieux l’accueillent dans la douleur. Comment, dans ce contexte sans lueur, peut-il trouver ses places sociale, amoureuse et conquérante ? Le film aborde donc de nombreux sujets cruciaux et subtils autour d’un être aventureux non résigné à ne plus s’expatrier de nouveau. Qu’est-ce qui est possible, qu’est-ce qui ne l’est pas ? Tel est l’abordage courageux de ce (premier) film fort, aux prises de risques remarquables, filmé avec fougue, très brillamment réalisé.

Un film à l’affiche aux Cinémas Studio (Toutes les informations utiles sur leur site internet)


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Aurore (comédie française)

De Blandine Lenoir

Avec Agnès JaouiThibault de MontalembertPascale Arbillot, Philippe Rebbot, Laure Calamy, Marc Citti

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Une « bouffée » d’air frais, quel bien cela fait ! Aurore, quinquagénaire ménopausée, se retrouve vite seule, entre son divorce, ses filles qui prennent leur envol et sa recherche de job. Heureusement, il y a sa meilleure amie foldingue, ses retrouvailles avec des camarades de lycée, et quelques émois qui se profilent…Blandine Lenoir s’attaque à un nouveau sujet traité au grand écran. Elle réussit un tournoiement de tendresse et de franche drôlerie, ponctué de scènes très belles, très émouvantes. Le choix d’Agnès Jaoui est un banco tout trouvé (elle est géniale), et tous les seconds rôles gravitant autour d’elle sont formidables. Les situations coquasses telles qu’au restaurant-serveurs chanteurs d’Opéra, au Pôle emploi, risible de ses personnalités borderline, sont à mourir de rire. C’est un film à conseiller, à voir, à revoir, surtout entre copines quinquas… Cerise sur le gâteau, les vielles dames comme les jeunes damoiselles trouvent une place de choix parmi les petits tracas que se traîne Aurore, de sorte que l’histoire c’est quand même bien celle des femmes, aussi au sens large. L’héroïne, touchante, est un peu notre Bridget Jones à nous (mais pas gaffeuse), complice et familière, à laquelle on s’identifie de manière jubilatoire. Une bien chouette comédie.

Un film à l’affiche aux Cinémas Studio (Toutes les informations utiles sur leur site internet)

Split (thriller fantastique américain, épouvante-horreur)

De M. Night Shyamalan

Avec James McAvoyAnya Taylor-JoyBetty Buckley 

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Bien accueilli par la presse, de toute part, “Split” est une machine psychopathe dont les rouages sont assez complexes. Si le genre (thriller-épouvante-horreur) est acharné, de convenance et précis, ré-invente-t-il quelque chose ? Une certaine perplexité demeure, car l’on peut être partagé entre un sentiment de déception (pas tant de « déjà vu » que d’approfondissement des caractères de Kevin) et d’adhérence au tourbillon délirant repus d’angoisse. Le scénario original, l’idée d’un individu, sous la houlette de sa psychiatre, exprimant 23 personnalités cinglées dans sa tête, plus une latente potentiellement effroyable et redoutée, c’est une trouvaille de taille. On ne pouvait en attendre moins de la part de M. Night Shyamalan, à qui l’on doit les prodigieux scénars de « Sixième sens » et de « Incassable ». Mais il ne faut pas ici s’attendre à toute la finesse en retors du « Sixième… », prodigieusement flippant et dans la verve inquiétante d’un « Shining » de Stanley Kubrick. « Split » est un film d’épouvante psychiatrique, un thriller brutal, nerveux, horrifique, tordu et tendu. Il réussit une mise en scène oppressante, anxiogène, terrifiante, coursée, la caméra se jouant des champs et contrechamps pour accentuer le vertige. C’est le point très fort du film, au sein des couloirs et micro-pièces exigus de la demeure en sous-sol du ravisseur. Les trois jeunes filles (ados kidnappées) jouent très bien, et quant à James McAvoy, il est impressionnant. Sarcastique, paranoïaque, imprévisible, inquiétant, avec ses postures et ses expressions du visage polymorphes…Tout le génie du film réside dans ses interprétations multiples instables et machiavéliques. On pourra reprocher au film qu’il ne traite pas un approfondissement élargi de cette palette schizophrène, soit en s’attardant davantage sur les quelques « états sélectionnés », soit en en démontrant davantage, tant le talent du comédien est exploitable.

Un film à l’affiche aux Cinémas Studio (Toutes les informations utiles sur leur site internet)

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