[Cinéma] Regards #12 La confession & The lost city of z

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Dans Regards, retrouvez l’avis de Stéphanie Joye sur quelques films à l’affiche dans les cinémas tourangeaux. Histoire de vous donner envie, à votre tour, d’aller passer un moment dans les salles obscures.

La confession (drame français)

De Nicolas Boukhrief

Avec Romain DurisMarine VacthAnne Le Ny 

Adaptation libre du roman de Béatrix Beck : Léon Morin, prêtre.

confession

On ne peut à proprement parler qualifier ce film de « dramatique » (si ce n’est de toute évidence l’Occupation allemande dans ce petit village français où vivent les protagonistes). Non, la particularité de cette « Confession », que l’on aurait aussi pu nommer « Conversion » ou « Confrontation », c’est la très belle tension qui met en scène un bon duo d’acteurs. Tension aussi sobre qu’elle n’est forte, délicate et persuasive. Léon Morin, nouvellement arrivé au Presbytère, ecclésiastique charmeur et spirituel, rencontre Barny, jeune femme communiste et athée. Démarrant sur un souhait de déstabiliser ce prêtre qui l’agace, Barny, bornée et orgueilleuse, va voir ses convictions ébranlées, et se retrouver, plutôt elle, déstabilisée par l’intelligence et le charme de Léon. Recueils intimistes, dans un face à face souvent déroutant, ce « Père », cet abbé, et cette fille, mêlent des sentiments sur un long fil sur lequel rien ne passe brusquement d’un état à un autre. Défiance, apprentissage de la Foi comme de l’athéisme, les deux êtres que tout oppose vont s’apprendre l’un l’autre leurs regards sur le monde et sur ce qui est, où sur ce qui n’est pas. Les sentiments se tissent et se revêtent d’une toge pudique, respectueuse, ambigüe et trouble. Vas et viens d’entrevues instructives. Cette histoire réelle et connue (déjà adaptée par le « Léon Morin, prêtre », de Jean-Pierre Melville en 1961), démontre un attachement subtil aux dialogues de persuasion. Tout de même, on se serait bien passé des instants de Barny âgée et en fin de vie, racontant son secret comme Rose dans Titanic…. Mais, touchant, cruel aussi, et plein d’émotion délicate, le film s’attache à nous faire croire davantage à cette histoire qu’en Dieu, même si le dilemme est omniprésent. Plus qu’un amour impossible, c’est un amour absolu sans déconvenues.

Un film à l’affiche aux Cinémas Studio (Toutes les informations utiles sur leur site internet) et aussi dans les cinémas CGR de l’agglomération (toutes les informations utiles sur leur site internet).


The lost city of z (film américain, aventure)

De James Gray

Avec Charlie HunnamSienna Miller, Robert Pattinson, Tom Holland

D’après le livre de David Grann

Une histoire vraie

lost_city
Percy Fawcett, colonel britannique bientôt père, est un très grand explorateur admiré et décoré. En 1906, La Société géographique royale d’Angleterre l’envoie en Amazonie cartographier les frontières entre le Brésil et la Bolivie. En découvrant les traces d’une mystérieuse cité, qui, en sa conviction, serait perdue et très ancienne, il rentre en Angleterre obsédé par sa quête. C’est tiraillé entre son amour pour sa famille et sa soif d’exploration et de gloire qu’il va, le plus loin possible, tenter d’atteindre son objectif et son espoir.

Ce « Lost city… » est une aventure d’une force et d’un courage très prenants. Avant que l’épopée ne commence, un temps passionnant et nécessaire est consacré aux conditions préparatrices. Mais, également à la famille. Cette dernière va être au cœur des choix que doit effectuer Fawcett. Le voilà submergé par son désir d’aventure vers l’absolu tandis que ses enfants viennent au monde. Cruel dilemme de sa vie. Le film met en avant très particulièrement cet aspect tragique. Peut-on lâcher ceux qu’on aime, régulièrement et toute sa vie durant, pour foncer sans vergogne vers son rêve, sa liberté, sa réussite et son destin, aussi destructeurs soient-ils ? La passion personnelle et les enjeux de réussite méritent-ils tant de terribles sacrifices ? Là sont les questionnements de « The lost city of z », aventure mentale, grand drame existentiel, déchirement entre la quête et les responsabilités. Mais aussi grande expédition, magnifique, vertigineuse, mystérieuse, défiante, douloureuse, dangereuse, intrépide, extraordinaire.

Aux côtés de Charlie Hunnam (Percy), il y a Costing, un Robert Pattinson (très bon), ultra barbu, qu’on peine à reconnaître. Incroyable.

Mais certains points sont regrettables. En effet, le film est assez linéaire. Car même s’il est courageux et téméraire, il n’est finalement pas si rythmé ni émotionnel (pas du point de vue familial, mais du point de vue conquérant). Quant à l’Amazonie, ses grands panoramiques verdoyants et vertigineux sont peu présents. L’exploration justifie évidemment les constantes insertions en étroitesse dans la jungle, sauf que ces rétrécissements congédient presque les possibilités de contempler des vues à couper le souffle. Loin d’être au niveau d’ « Apocalypse now » de Coppola, le film est tout de même d’une splendeur générale qui évade et sonne très juste. C’est un récit d’aventure extraordinaire. Un récit où les images et les décors travaillés sont somptueux. Où un souffle épique et poétique cotoie la violence des confrontations avec les peuples indigènes. Où la fin est grandiose. C’est bien du grand cinéma, et d’un genre plutôt nouveau : une fresque lyrique qui exerce une fascination intense portée par un homme désormais connu.

Un film à l’affiche aux Cinémas Studio (Toutes les informations utiles sur leur site internet) et aussi dans les cinémas CGR de l’agglomération (toutes les informations utiles sur leur site internet).

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