Avec Pascal Rieu, l’art du vitrail s’invite à domicile

Facebook
Twitter
Email

Pascal Rieu est devenu artisan vitrailliste il y a dix ans, après une reconversion professionnelle. Installé depuis 2020 dans un petit atelier du Vieux-Tours, il se consacre principalement à la création de vitraux pour les particuliers.

Un petit atelier niché au cœur du quartier des arts, dans le Vieux-Tours. C’est là que Pascal Rieu, artisan vitrailliste, s’installe en septembre 2020. Après avoir travaillé vingt ans comme graphiste à Paris, cet Ardéchois d’origine décide de se reconvertir. « Après toutes ces années, on se lasse. J’avais l’impression de toujours faire un peu la même chose. Ce n’était pas toujours très vivant et j’en avais assez de travailler sur l’ordinateur », raconte-t-il. Il souhaite désormais travailler de ses mains et créer plus de liens. Durant sa reconversion professionnelle, il hésite entre plusieurs métiers d’art, comme mosaïste, sculpteur ornemaniste ou céramiste, mais se dirige finalement vers l’art du vitrail. Loin de l’image religieuse généralement prêtée aux vitraux, il souhaite créer des pièces modernes et originales destinées à la décoration. « Je me suis dit qu’il y avait un truc sympa à faire. J’aime l’idée de pouvoir travailler le vitrail autrement mais je n’ai rien inventé, cela existe depuis le XIXe siècle dans les maisons bourgeoises. »

Pascal Rieu se forme pendant dix mois auprès du maître verrier Marc Grossriether, dans un atelier situé près de Pigalle, à Paris. « Je voulais ouvrir mon propre atelier et je l’imaginais comme celui de Marc. Je ne voulais pas de patron car j’ai toujours aimé être libre dans mon travail. Au fil des mois, j’étais de plus en plus motivé. » Dans le même temps, il obtient son CAP. Il commence à exercer dans la capitale en 2013, avant de se rendre à Montélimar (Drôme), quatre ans plus tard, puis d’emménager son atelier, L’artisan du vitrail, en Touraine. « Pour le travail, c’est incroyable les opportunités que j’ai ici, se réjouit-il. Les gens sont calmes, la région est belle et tournée vers les artisans, le patrimoine, les vieux métiers, les pierres… Il y a une vraie culture du vitrail. »

L’artisan de 51 ans se consacre principalement à la création de vitraux, destinés à embellir les intérieurs des particuliers, et de petits objets de décoration, tels que des luminaires ou des sculptures. Dès le départ, le passionné d’arts visuels désire s’orienter vers ce travail de création, qu’il a toujours particulièrement apprécié. « Le vitrail n’est pas destiné qu’aux fenêtres, il y a tellement de choses à faire », affirme-t-il. Et si ses clients n’ont pas d’idées précises de ce qu’ils veulent, Pascal Rieu est là pour les orienter et leur proposer plusieurs maquettes, à différents prix. « Avant de commencer à travailler, je demande toujours des photos du logement car il faut penser à l’avenir. Le vitrail doit pouvoir rester dans le temps et s’intégrer parfaitement à l’intérieur », commente-t-il. 

Des projets sur mesure

Car le quinquagénaire réalise des projets sur mesure, du dessin à la pose du vitrail, en passant par la découpe des gabarits et des pièces de verre, la peinture sur verre, le montage, le sertissage et la soudure. Lorsqu’il se lance dans une étape de fabrication face à son plan de travail, rempli de morceaux de verre, de dessins et de matériel en tout genre, ses gestes sont précis et la concentration est de rigueur. « Nous reproduisons des gestes que d’autres artisans ont effectué pendant des siècles avant nous », assure-t-il. Son travail demande exigence et minutie. « Dans les églises, nous voyons les vitraux de loin donc ça ne demande pas autant de précision mais il faut être d’autant plus précis et soigné lorsque l’on travaille sur des vitraux que l’on va voir tous les jours de près. Nous n’avons pas le droit à l’erreur pour des vitraux d’intérieur. »

De temps à autre, Pascal Rieu procède également à des restaurations et propose des initiations. « Dans les métiers d’art, la tradition de la transmission de savoir-faire est essentielle », indique-t-il. Il regrette cependant de ne pas pouvoir accueillir plus de stagiaires, notamment par manque de temps, car ces échanges avec d’autres passionnés sont enrichissants pour lui aussi. L’artisan vitrailliste essaie tout de même de proposer des ateliers découverte, les mercredis, pour les curieux qui aimeraient s’initier aux différentes techniques du vitrail : la technique traditionnelle dite « au plomb » – qui pourrait être mise à mal dès l’application de la loi interdisant l’utilisation de ce métal en Europe, d’ici quelques années –, la technique Tiffany ou la peinture sur verre. Ces séances coûtent entre 290 et 890 €. « Ce n’est malheureusement pas accessible à tout le monde mais il faut bien que je m’en sorte. Pour la plupart des artisans, c’est une façon de compléter les revenus », explique-t-il. Et de poursuivre, loin de se plaindre : « Je n’ai pas un salaire mirobolant mais je suis passionné par mon métier. J’aime ce que je fais, donc je ne compte pas mes heures. » Avec ces ateliers, il constate par ailleurs que le métier se féminise. Une grande majorité de ses élèves d’un jour sont des femmes. « Certaines deviennent vitrailliste par la suite, c’est super gratifiant. »

Pascal Rieu affectionne l’art du vitrail depuis toujours, pour son côté religieux, mystique et la beauté des peintures. « Je me souviens que la première fois où je suis entré dans une église, je devais avoir 6 ans, j’ai passé mon temps à regarder les vitraux. » Au milieu de son atelier aux murs de tuffeau et poutres apparentes, l’artisan semble heureux d’avoir fait le choix de se reconvertir. « C’est mon petit cocon, je m’y sens vraiment bien. Je ne traîne pas des pieds pour venir au travail. C’est une passion qui grandit au fil des jours et des années. » Ce qu’il apprécie aussi, c’est de continuer à découvrir de nombreuses choses sur son métier. Il en apprend encore sur la culture et les techniques du vitrail, même après toutes ces années. Un métier passion qui ne s’arrête pas à la porte de son atelier puisque le désormais Tourangeau aime prendre le temps d’admirer les vitraux partout où il va. De quoi ne jamais manquer d’inspiration.

Un degré en plus

L’artisan du vitrail : 28, rue Eugène-Sue, à Tours. Plus d’informations par tél. au 09.51.14.14.20 ; par mail à pascal@lartisanduvitrail.com ; sur le site www.lartisanduvitrail.com ; sur la page Facebook L’Artisan du Vitrail.

Photos : Claire Vinson

Facebook
Twitter
Email

La météo présentée par

TOURS Météo

Inscription à la newsletter