Au Théâtre Olympia, la dernière année de Jacques Vincey

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Le Centre Dramatique National de Tours s’apprête à changer d’ère. A la rentrée 2023 on découvrira une nouvelle tête à sa direction, après dix ans passés sous la houlette de Jacques Vincey. Un départ auquel le dramaturge ne pense pas encore de manière intense, tout occupé qu’il est à lancer la nouvelle saison de l’Olympia et à cravacher sur ses dernières créations. Ce n’est donc pas encore l’heure du bilan mais déjà le temps d’un bon gros point d’étape.

Avec l’apparition du Covid, le théâtre Olympia de Tours a connu trois saisons difficiles. L’annulation complète de spectacles sur l’exercice 2019-2020, la faible possibilité d’en proposer en 2020-2021 et un début d’année bien chamboulé en 2021-2022. « On ressort de tout ça un peu endolori » confesse Jacques Vincey. Mais dès la phrase suivante le directeur change de registre lexical : « Je suis confiant quand je regarde les chiffres de billetterie. Après la présentation de saison du 9 septembre on avait déjà vendu 40% des places jusqu’à la fin de l’année », soit pour une vingtaine de sessions de représentations.

Un chiffre jugé d’autant plus encourageant que certains spectacles ont eu du mal à attirer la foule ces derniers mois. Pas de soucis pour le WET – festival de la jeune création théâtrale – ou la rétrospective Molière avant les grandes vacances mais La réponse des hommes a reçu un accueil plus timide « malgré beaucoup d’écho au niveau national ». « On se rend compte que la fréquentation est fragile. Les gens prennent un peu moins de risques sur les choses qu’ils ne connaissent pas » disserte Jacques Vincey. Sauf que lui, ce qu’il cherche, c’est justement de pousser Tourangelles et Tourangeaux à quitter leur zone de confort : « C’est une des missions premières de ces théâtres publics » insiste-t-il.

La fête des 20 ans du T° à l’été 2023

Alors, pour le programme 2022-2023, le T° a pris en compte l’air du temps. « Ça nous a fait réfléchir et on fait en sorte de proposer des spectacles comme des repères » nous dit-il. Ce sera le cas du Crocodile trompeur présenté dès ce mardi 27 septembre et jusqu’à vendredi 30 en ouverture de saison. Une pièce récompensée d’un Molière en 2014. Un opéra en franglais qui mélange jazz, art lyrique et chanson. Et puis en janvier on découvrira du Shakespeare, avec Gloucester time matériau Shakespeare Richard III pour 4 représentations tourangelles. Et pour l’occasion, Marcial Di Fonzo Bo reprendra le rôle qu’il a tenu en 1995. « Ce sera la même scénographie et ça permettra de voir comment un personnage évolue avec son créateur » s’impatiente Jacques Vincey (l’acteur ayant depuis pris la tête du centre dramatique de Caen).

Dans la série des découvertes, dès octobre une pièce va se télescoper avec l’actualité : Après Jean-Luc Godard d’Eddy D’Aranjo qui est artiste associé de l’Olympia et qui s’inspire du cinéaste pour un spectacle entre fiction et docu (du 18 au 21/10). Les deux spectacles jeune public de la saison auront de leur côté un fil conducteur non prémédité mais immanquable : le handicap, l’un évoquant un enfant de 11 ans qui ne parle pas (K), l’autre réunissant une troupe d’acteurs avec handicap mental (Bougez les lignes). Quant à Jacques Vincey lui-même, il se lance dans une adaptation immersive de l’Odyssée d’Homère (rien que ça !) tout en travaillant à la construction d’un quartet à partir des Liaisons dangereuses pour la rentrée 2023.

Septembre 2023… Ce sera l’heure du départ du directeur. « Ce sera bien de passer à autre chose et d’avoir plus de temps disponible pour les projets persos » concède Jacques Vincey, constamment en vadrouille (avant notre rendez-vous il était à Dijon, juste après il partait pour Béthune). « Mais je suis parcouru par des sentiments mélangés parce que le bilan artistique et humain de ce mandat est extrêmement positif » tient-il à énoncer. Les défis qu’il a à relever dans les douze prochains mois ne sont pas des moindres : une nouvelle saison à édifier en intégralité et les 20 ans du T° à imaginer (la fête s’annonce assez mémorable si l’on en croit les premières indiscrétions. Réservez du temps au début de l’été 2023, et prévoyez de voyager dans tout le théâtre, de la grande salle au dessous de scène en passant par le bureau du boss).

Et l’avenir ?

A cela s’ajoute une contrainte désormais inhérente à tous les lieux culturels : maîtriser ses dépenses énergétiques. Pas simple pour un grand bâtiment entouré de verre, avec de grands volumes intérieurs. « Cette grande façade est loin d’être idéale, elle a été conçue à une époque où on ne se posait pas autant de questions » glisse Jacques Vincey qui suggère l’installation rapide d’un sas d’entrée pour éviter les déperditions de chaleur ou de fraîcheur.

Une sobriété imposée qui contrarie potentiellement le projet de nouvelle salle dédiée à la création contemporaine envisagée dans le quartier du Menneton. Né dans le cadre des Appels à Projets Innovants, le projet n’est pas du tout enterré mais quand on voit la reculade sur le Centre Chorégraphique National des Casernes (envoyé aux oubliettes après 6 ans de travail préparatoire), comment ne pas s’inquiéter pour d’autres projets culturels ambitieux ? « Je suis conscient des réalités et des difficultés objectives de financement mais d’un point de vue plus large je crois qu’une métropole comme celle de Tours mérite et doit se donner les moyens d’une ambition culturelle qui passe par des équipements à la mesure de cette ambition. D’autres agglomérations de cette taille ont des scènes nationales avec 40 à 45 spectacles par an, dans tous les champs disciplinaire » lâche Jacques Vincey en pesant ses mots mais sans se restreindre.

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