Au Bateau Ivre, un premier bilan qui suggère une évolution stratégique

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Pour sa réouverture après une bonne décennie d’atonie, le Bateau Ivre de Tours n’a pas été gâté par les éléments. Le Covid l’a forcé à deux premières années en pointillés tandis que son équipe se rodait dans l’exercice de pilotage d’une salle culturelle sous forme de société coopérative. Comment se porte le Bateau 2.0 à l’aube de sa première vraie saison complète ? On fait le point avec son coordinateur et figure de proue, Franck Mouget.

« C’est l’épisode 0 d’une longue série » lâche Franck Mouget pour résumer les deux années écoulées. Rouvert après rachat populaire en septembre 2020, puis fermé quelques jours plus tard pour cause de pandémie, le Bateau Ivre a navigué avec les mesures sanitaires pendant de longs mois. Mais avec l’allègement progressif des contraintes, la salle de la Rue Edouard Vaillant a progressivement trouvé son rythme de croisière : « On a accueilli 20 000 spectateurs pour 270 spectacles » souligne le coordinateur (sachant qu’il y a parfois plusieurs propositions culturelles lors d’une même soirée, le lieu ouvrant du mercredi au samedi et certains dimanches).

« De septembre à décembre on a bien travaillé, de février à avril c’était plutôt bien puis ça a été très difficile en mai, juin, juillet » reconnait l’artiste qui a mené le combat pour la réouverture du lieu mythique de la culture tourangelle. « Il y a eu de très grosses soirées avec beaucoup de monde et des soirées moins nourries avec trop peu de public » reconnait-il. Mais pourquoi ? « A partir du printemps il a fait beau et chaud. Peu de gens voulaient se mettre à l’intérieur, il y avait des festivals partout et la guinguette. On a une petite terrasse sympa mais ça reste la Rue Edouard Vaillant. Ça n’a rien à voir avec Le Foudre ou Rochecorbon en bord de Loire. On ne peut pas rivaliser avec l’été. »

Des événements du Bateau en extérieur ?

D’ailleurs le Bateau est resté en cale sèche tout le mois d’août, et avait fermé pour des événements comme Les Ilots Electroniques ou Aucard de Tours, les publics visés par ces festivals étant à peu près les mêmes que lui. Du coup, l’équipe réfléchit à une nouvelle stratégie : « On pense à une saisonnalité qui irait de septembre à avril. Ça ne veut pas dire que le Bateau fermerait en mai-juin mais on fera autrement, peut-être en s’exportant ailleurs » envisage Franck Mouget, sans utiliser l’affirmatif. « L’idée ce serait que le Bateau expérimente dès événements extérieurs dès le printemps prochain. Il y a peut-être une porosité à inventer avec d’autres acteurs car l’idée c’est d’avoir une vision transversale, bosser les uns avec les autres plutôt que les uns contre les autres. »

Avant que tout ça ne devienne concret il va déjà falloir absorber le premier tiers de la saison riche de presque 168 spectacles d’ici le 17 décembre. Sur toutes les dates programmées au Bateau Ivre, 50% sont bookées par l’équipe et l’autre moitié organisées par les sociétaires. Pas moins de 300 associations sont ainsi en capacité de mettre une soirée sur pied : « On a beaucoup plus de musique que de théâtre ou de dans mais petit à petit on s’ouvre avec des moments réguliers autour de l’image ou du livre. Il y a tout un travail à faire pour que les sociétaires s’approprient le lieu et réalisent leur objectif de rencontrer un public. On est un lieu intermédiaire, on laisse une place à l’émergent dans tous les sens du terme » insiste Franck Mouget, se souvenant par exemple d’un très beau moment sur deux jours avec les élèves du Conservatoire de Tours.

Un projet de souscription nationale

Financièrement, ce n’est pas encore ça. « On est une entreprise à but non lucratif mais nous ne sommes pas encore à l’équilibre » concède le coordinateur d’une équipe qui a atteint 7 salariés, le double des débuts. « Les gens viennent de plus en plus maintenant il faut voir comment on les fidélise sur toute une saison » poursuit-il. Un enjeu de taille car le Bateau Ivre a besoin de fonds pour tenir et aussi investir : la rénovation de son balcon de 180 places est essentielle pour porter la capacité maximale de la salle à 480 personnes (ou 330 assises contre 150 aujourd’hui) mais le budget n’est pas bouclé : « On va demander des devis aux artisans et on va se réunir en octobre pour voir » explique Franck Mouget. Les opérations se feront au mieux en 2023, sinon l’année suivante.

Même frêle, le Bateau Ivre ne semble pas du tout en train de sombrer. Il ne fait pas oublier que c’est la plus grande Société Coopérative d’Intérêt Collectif de France avec désormais quasi 2 000 sociétaires (1 700 lors de l’ouverture). Des soutiens que Franck Mouget voudrait voir encore augmenter : la relance d’une souscription locale est envisagée mais surtout c’est maintenant à l’échelon national que la salle tourangelle voudrait se trouver des soutiens tout en lorgnant également sur de nouveaux appuis publics (des discussions sont en cours, notamment avec la ville de Tours, mais pas pour le fonctionnement du lieu comme d’autres, plutôt pour des emplois aidés ou des investissements).

« Le Bateau Ivre c’est un endroit qui manquait, ce n’est pas un endroit de plus » insiste Franck Mouget qui espère finir par convaincre un public de venir Rue Edouard Vaillant à l’aventure, juste parce qu’il aime le lieu et sans forcément savoir ce qu’il va y trouver. Cela passe aussi par l’apprentissage de la pratique du prix libre, très répandue à l’entrée : « La tendance c’est que le don s’élève. En ce moment on est à 5-6€. On essaie d’éduquer au prix libre et conscient en donnant à voir le coût réel d’une soirée quand on n’a pas de subventions et qu’on paye les artistes » disserte le coordinateur.

Un degré en plus :

Près de 300 bénévoles gravitent autour du Bateau Ivre pour le bar, l’accueil ou le travail dans les différentes « chaloupes » (pour l’administration globale de la salle). C’est beaucoup mais il reste de la place donc vous pouvez contacter le lieu pour vous y investir. www.bateauivre.coop.

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