Agnes Obel au Vinci : Sirène aux cordes pincées

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Heureux ceux qui n’avaient pas encore usé ses albums et qui découvraient la musique de la Danoise au fur et à mesure de cette dernière date française «avant longtemps» : cette inestimable virginité auditive fait à peu près le même effet que lorsque l’on voit tomber la neige pour la première fois. Pour les autres, quelques inédits à se mettre sous la dent et des versions très dégagées des originaux.

visuel Obel

«Taisez ce timbre que je ne saurais ouïr !» pourrait s’écrier le mélomane faussement effarouché mais en redemandant jusqu’à plus soif, irrésistiblement happé par ces chants incandescents. Car c’est bien de timbre qu’il était question le 20 octobre dans l’Auditorium François 1er du Vinci. De timbre et de cordes. Vocales d’abord : Agnes Obel en joue à merveille, dans tous les sens du terme.

Côté instruments ensuite, un abus de pizzicati (à l’alto comme au violoncelle) qui ne nuit jamais à la santé des compositions, pour certaines plutôt structurées comme des morceaux d’électro que comme des nocturnes de Chopin, et ce malgré l’apparence «classique» de l’atmosphère générale.

Plutôt discrète, Agnes Obel reste en retrait derrière ses chants immenses qui parlent largement pour elle, et ne joue jamais la carte de la jolie petite nana sympa, rengaine fatigante de beaucoup trop de chanteuses. Ce qui repose vraiment, et évite d’avoir à se forcer à sourire à de mauvaises blagues censées détendre l’atmosphère.

De toute façon, l’ambiance générale de l’univers faussement simple de la compositrice danoise est plutôt plombante et c’est très bien comme ça. Le public présent n’avait pas forcément envie de se marrer, ni d’un rappel tonitruant où tout le monde reprend un bon vieux tube en tapant dans ses mains, ce qui tombe plutôt bien puisque, comme sur son second album, Agnes Obel choisit un trésor subtil en reprenant sobrement le «Close Watch» de John Cale. Dans le genre «Danse des canards», on a vu bien mieux.

Côté influences, de This Mortal Coil à Dead Can Dance, en passant par Yann Tiersen ou Michael Galasso (le violoniste américain compositeur de la BO de In the Mood for Love entre autres merveilles), Agnes Obel décline sans gravité ostentatoire ni chichi inutile, tant dans le fond que dans la forme, des histoires fourmillantes et féériques, dans une mise en scène à la limite de l’effacement.

Un grand bol d’air, une parenthèse, «time is flying» s’excuse presque la pianiste qui sait pourtant l’attraper dans son épuisette, le temps, et en faire à peu près ce qu’elle veut, sans avoir l’air d’y toucher ; toujours avec cette voix magique qui habite l’espace sonore avec la grâce du saphir qui se pose sur un vinyle.

 

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